En 2020, malgré le confinement, le port de La Rochelle a fait mieux qu'en 2017

Le Grand port maritime de La Rochelle a traversé une très étonnante année 2020 qui ne l'a pas fait décrocher de sa courbe d'activité ascendante sur le long terme. La place portuaire rochelaise a décidé, avec l'agglomération de La Rochelle, de mettre le cap sur le territoire zéro carbone. En attendant, elle est engagée dans la construction d'un énorme parc éolien au large de la Vendée.
Michel Puyrazat, président du directoire du Grand port maritime de La Rochelle
Michel Puyrazat, président du directoire du Grand port maritime de La Rochelle (Crédits : Thierry Rambaud)

Le port de La Rochelle n'a pas échappé à l'impact de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19 en 2020. Il a enregistré une baisse de son trafic de -8,8 % l'an dernier, à 8,9 millions de tonnes. La situation est un peu plus complexe que ça, analyse pour La Tribune Michel Puyrazat, président du directoire du port de La Rochelle.

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"La tendance à la hausse du trafic du port de La Rochelle évolue depuis plusieurs années en dents de scie en fonction de la quantité et de la qualité de la production céréalière, qui est centrée sur le blé dur et le blé tendre. Les céréales et oléagineux ont été l'an dernier à l'origine de 42 % de notre trafic portuaire et jouent toujours un rôle important. C'est pourquoi nous ressentons fortement les crises céréalières. Il y a eu celle de 2016 et surtout de 2017", rembobine Michel Puyrazat.

Le dernier exercice restera l'un des plus étranges

En 2017 le trafic portuaire rochelais a enregistré un recul de 7,2 %, à 8,5 millions de tonnes... soit une baisse plus forte que celle de 2020 ! Ce qui tend à confirmer la solidité de la courbe ascendante de l'activité portuaire commerciale à La Rochelle, dont le trafic est encore en hausse de +22 % en 2020 par rapport à 2006 (7,3 millions de tonnes).

"En 2020 nous avons dû d'abord faire face à la grève des dockers CGT contre la réforme des retraites, puis au Covid-19, qui a frappé de plein fouet le BTP et enfin à une récolte céréalière catastrophique en Poitou-Charentes et Limousin, régions qui constituent notre hinterland ! C'est l'année la plus atypique que j'ai jamais vu", éclaire Michel Puyrazat.

Le trafic céréalier a ainsi reculé de -10 % en 2020, les séquences de paralysie ont quant à elles fait chuter le trafic de produits pétroliers, qui représente 31 % de l'activité générale, de -5,4 %. Les produits du BTP (10 % de l'activité) sont en baisse de -8 %, tandis que les vrac agricoles (9 %) perdent -4,1 % et que les produits forestiers et papetiers (6 %) chutent de -20,9 %.

Près de 15 millions d'euros d'investissements cumulés

Grâce à l'opérateur OFP Atlantique, également présent sur la plateforme portuaire de Nantes-Saint-Nazaire, le port de La Rochelle dispose d'un acteur dans le transport ferroviaire qui est en mesure d'expédier les marchandises n'importe où en France par train. Ce trafic ferroviaire est constitué pour 92 % par du vrac solide (céréales), 3,3 % de la pâte à papier, 3,5 % par des vracs liquides (industriels, pétroliers). En 2020 ce trafic intermodal par train a représenté 1,2 million de tonnes contre près de 1,6 million de tonnes en 2019.

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"Faire appel au train nous permet de diminuer de 70.000 le nombre de camions sur les routes", observe le président du directoire du port de La Rochelle.

L'an dernier les autorités portuaires ont investi 6,8 millions d'euros dans l'optimisation du pôle de réparation et de construction navales, la consolidation du front d'accostage de Chef de Baie et la réhabilitation de la gare de La Pallice. De leur côté, les entreprises portuaires ont injecté 8 millions d'euros, dans le renouvellement d'une partie du parc roulant pour AMLP (Agence maritime La Pallice/manutention), l'électrification de sept hangars de stockage pour le groupe Sica Atlantique (logistique portuaire agricole) ou encore la construction d'une station de gaz naturel destiné aux véhicules et d'un nouveau bâtiment de bureaux pour Picoty, l'énergéticien du Limousin.

Objectif : territoire zéro carbone et crédits carbone

"Notre grand projet est de faire du port de La Rochelle un territoire zéro carbone. C'est un projet de territoire porté par l'agglomération, avec cinq opérateurs. L'objectif est d'arriver en 2040 à zéro carbone en développant économie circulaire et énergies renouvelables. C'est une vaste démarche de territoire programmée sur 15 ans", confirme Michel Puyrazat.

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Le patron du port souligne que l'un des moyens nécessaires à la réussite de ce projet consiste à créer "une boucle énergétique" en développant les la roche sur le port, afin d'alimenter les entreprises qui opèrent sur ce territoire.

"Nous voulons en particulier attirer les crédits carbones, qui permettent aux entreprises de compenser certaines actions polluantes qu'elles sont obligées de faire. C'est pourquoi la société Coopérative carbone a été créée à l'échelle de l'agglomération fin 2020. Attirer des crédits carbone va nous permettre de financer nos investissements nécessaires à la lutte contre les émissions de dioxyde de carbone" observe le patron de la place portuaire.

Stocker de grandes pièces d'éoliennes off-shore

Cette polarisation sur les énergies renouvelables va d'autant plus s'imposer au port de La Rochelle que ce dernier va être engagé dans l'ambitieux projet "Champ des deux îles" soit la construction de 62 grandes éoliennes équipées de pales de 60 mètres de diamètre, au large des îles d'Yeu et Noirmoutier (Vendée), représentant une puissance totale de 496 MW. Chantier qui doit se dérouler de 2023 à 2025.

"Nous allons stocker les mono-pieux et les pièces de transition, qui font le lien entre le socle et l'éolienne et mesurent 40 mètres de long. Nous devons stocker ces grandes pièces à la verticale mais nous avons la place qu'il faut pour y arriver. Le reste des éléments sera traité par le port de Saint-Nazaire" déroule le président, qui évoque aussi un futur parc éolien flottant au large de la Bretagne.

A plus long terme, d'ici cinq ou six ans, un nouveau projet éolien devrait se développer au large de l'île d'Oléron, en Charente-Maritime. Une activité totalement inconnue dans l'ex-Aquitaine, que ce soit sur terre ou au large.

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