Covid-19 : la Médiation du crédit est trop peu utilisée par les entreprises en difficulté

Les prêts garantis par l'Etat ne sont pas le meilleur outil pour les entreprises qui ont de gros problèmes, en particulier les très petites. En cas de sérieuses difficultés financières mieux vaut s'adresser à une Médiation du crédit encore trop peu sollicitée, a expliqué le patron de la Banque de France en Nouvelle-Aquitaine lors de l'audioconférence de presse organisée ce vendredi 17 avril par la préfecture. (Réactualisé 18/04/2020)
Les commerce en tête des secteurs aidés : la rue comerçante Sainte-Catherine à Bordeaux s'est totalement vidée.
Les commerce en tête des secteurs aidés : la rue comerçante Sainte-Catherine à Bordeaux s'est totalement vidée. (Crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA)

Lors du point presse organisé par la préfète de Gironde et de Nouvelle-Aquitaine, Fabienne Buccio, plusieurs points été abordés par les représentants des services de l'Etat impliqués dans le plan de soutien à l'économie mis en œuvre par le gouvernement. Isabelle Martel, directrice régionale des finances publiques (DRFIP) de Nouvelle-Aquitaine, qui a participé au Live organisé le 26 mars dernier par La Tribune au sujet des aides financières destinées aux entreprises, a tout d'abord confirmé que la pandémie de Covid-19 a déclenché une violente crise économique.

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Cette dernière se solde par une chute brutale de la trésorerie des entreprises, avec une prévision globale qui évalue in fine l'impact sur l'économie nationale à un recul de 8 % du produit intérieur brut (PIB). Le mécanisme de report des délais de paiement des taxes et impôts mis en place dans ce cadre concerne pour l'heure 7.100 entreprises en Nouvelle-Aquitaine pour un montant global de 137,5 M€. Par ailleurs, Isabelle Martel a souligné que les remboursements de crédits de TVA (dus par l'Etat quand la TVA à déduire est supérieure à celle perçue par les entreprises) ont été accélérés.

48.000 entreprises aidées dans la région

Le montant global de TVA remboursé par l'Etat aux entreprises est ainsi passé de 168 M€ au 1e trimestre 2019 à 246 M€ au 1e trimestre 2020 en Nouvelle-Aquitaine, soit une hausse de +46 %.

"En Gironde également les remboursements de crédits de TVA ont substantiellement augmenté pour atteindre 41 M€ reversés à 1.780 entreprises", a éclairé Isabelle Martel. Le premier volet financier débloqué dans la région au titre du Fonds national de solidarité a concerné 48.000 entreprises pour un volume global de 62,5 M€, soit un montant moyen de 1.302 euros par dossier.

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Le département de la Gironde est parfaitement dans l'axe de cette moyenne, avec 14.600 entreprises qui ont perçu un total de 19,2 M€, soit une moyenne de 1.315 euros par dossier. Le commerce est en tête des secteurs concernés par ces aides, devant les services, l'hébergement-restauration et la construction. Comme l'a rappelée la patronne de la DGFIP, l'Etat vient de porter son plan d'aide initial de 45 Md€ à 110 Md€, ce qui va permettre de porter le Fonds national de solidarité à 7 Md€.

Chômage partiel : 2 % de dossiers retardés

Le directeur adjoint de la Direccte de Nouvelle-Aquitaine, Patrick Aussel, a, pour sa part, souligné que les demandes de mises en chômage partiel des entreprises continuaient à grimper. La Direccte a ainsi traité 80.000 dossiers dans la région concernant plus de 700.000 salariés. Le site Internet dévolu à ces inscriptions a connu quelques phases de saturation.

"Ce problème se résorbe et nous n'avons pas eu plus de 2 % de demandes bloquées quand ça n'allait pas, soit environ 1.600 dossiers, c'était purement mécanique et lié à un problème de navigateur", a recadré Patrick Aussel.

Il a précisé que les paiements se font une dizaine de jours après que l'ensemble des calculs sur le travail fait en activité réduite, correspondants aux fiches de salaires, ont été bouclés par l'entreprise.

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Denis Lauretou, directeur du bureau régional de la Banque de France en Nouvelle-Aquitaine, qui participera au prochain Live organisé par La Tribune le 22 avril (« Crise économique : quel rôle pour les banques pour sauver les entreprises et redémarrer l'économie ? ») s'est félicité, en tant que représentant de la banque centrale, qu'un accord ait été trouvé à l'échelle de la BCE (Banque centrale européenne) pour ouvrir des lignes de financement à hauteur de 3.000 Md€ afin d'éviter une crise de liquidités.

Les prêts garantis par l'Etat, pas forcément le bon outil

De son côté, le gouvernement français mobilise 300 Md€ en prêts garantis par l'Etat, afin là aussi qu'aucun accident de liquidité ne vienne aggraver l'impact de la crise économique. Ces prêts peuvent représenter jusqu'à 25 % du chiffre d'affaires de l'entreprise. Mais les banques se font parfois tirer l'oreille pour les accorder et c'est sans doute pourquoi Denis Lauretou a tenu à souligner que ces prêts garantis par l'Etat ne sont pas les meilleurs instruments pour redresser des TPE en difficulté.

Car la Médiation du crédit, créée pour faire face à la crise financière dévastatrice de 2007, fonctionne toujours et elle est précisément l'outil qui doit répondre aux situations d'urgence.

"Tout ce que l'on peut dire c'est que la Médiation du crédit est pour le moment très peu utilisée, avec 159 dossiers éligibles dans la région à la date d'hier, représentant 1.000 salariés pour un encours moyen de 130.000 euros", a éclairé Denis Lauretou.

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