Alain Juppé veut ouvrir aux Gilets jaunes des "cahiers de doléances et d’espérances"

Le maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole ne veut plus entendre parler de politique nationale même s’il approuve l’action du gouvernement et regrette les dérives du parti Les Républicains, qu’il a quitté et qui vogue désormais selon lui vers l’extrême-droite. Alain Juppé, qui respecte les Gilets jaunes mais pas les vandales, croit au dialogue pour sortir de la crise. Il annonce l’ouverture de cahiers de doléances.
Alain Juppé dira après les européennes s'il se présente aux municipales à Bordeaux.
Alain Juppé dira après les européennes s'il se présente aux municipales à Bordeaux. (Crédits : Pascal Rabiller)

Ce mercredi matin lors des vœux à la presse Alain Juppé a souligné à plusieurs reprises qu'il ne veut plus s'impliquer dans la politique nationale, qu'il n'en a plus aucune envie. Ce qui ne l'empêche pas d'apprécier la politique portée par Emmanuel Macron et son Premier ministre, Edouard Philippe, ni de s'intéresser aux prochaines élections pour les Européennes.

"J'ai pris du recul avec la politique nationale donc je ne la commente pas. J'ai juste relevé que plusieurs mesures prises (par le gouvernement Philippe -Ndlr) vont dans le bon sens, par exemple dans l'éducation avec le dédoublement des classes, ou l'assouplissement du marché du travail, malgré quelques maladresses" a éclairé le premier magistrat.

Il a estimé, sans beaucoup de nuances, qu'il n'y a plus le choix entre l'ultragauche incarnée par Jean-Luc Mélenchon et l'ultradroite de Marine Le Pen. "Il faut mieux expliquer, mieux équilibrer les réformes" a-t-il reconnu.

Membre éminent du RPR puis cofondateur de l'UMP, Alain Juppé, qui n'a pas payé sa cotisation depuis deux ans, n'est plus membre du parti Les Républicains.

"Je m'y reconnais de moins en moins, a-t-il expliqué, et j'ai la tristesse de voir qu'il dérive vers des thèses très proches de l'extrême-droite. Je ne me présenterai pas aux Européennes mais je dirai qu'elle est la liste qui me plait le plus. Ne plus avoir d'étiquette cela me va très bien. Je dirai au lendemain des Européennes si je me présente pour un nouveau mandat en 2020 à Bordeaux", a dévoilé le maire sortant.

La fonction publique a besoin de cadres supérieurs

Concernant la démission de Chantal Jouanno de la présidence de la Commission nationale du débat public Alain Juppé a trouvé qu'elle était "courageuse et compétente", estimant que l'attaquer sur son salaire était de la pure démagogie. "La fonction publique a besoin de cadres supérieurs" a souligné Alain Juppé, qui a rappelé qu'en France les écarts maximums de revenus, de l'ordre de 1 à 21 avant prélèvements sociaux et impôts, sont au bout du compte ramenés dans une fourchette de 1 à 7 pour la rémunération nette.

Le maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole s'est également exprimé sur le mouvement des Gilets jaunes, avant de se lancer dans un nouvel exercice de défense et illustration de la Métropole. La modération, si chère à Montaigne, qui est depuis des lustres la marque de l'esprit bordelais tel que le reconnait Alain Juppé, a été mise à mal par les manifestations de ces dernières semaines. Le premier magistrat a évité de jeter la pierre aux Gilets jaunes et rappelé l'importance du droit à manifester tout en dénonçant l'action des "voleurs, pilleurs" et autres "vandales" qui profitent du mouvement pour laisser libre cours à la violence.

Ne pas couper la Métropole de son département

Après avoir apporté son soutien aux forces de l'ordre, qui, a-t-il précisé, tirent des grenades lacrymogènes alors qu'on leur jette des pavés, Alain Juppé a parlé des commerçants.

"Nous sommes à leur contact et nous avons adopté quelques mesures pour leur venir en aide, comme l'exonération des droits de terrasse, a expliqué l'élu. Plusieurs ministres sont attendus à Bordeaux dans les prochains jours et je leur parlerai de la situation. Nous ne pouvons nous en sortir que par le dialogue et on va s'y mettre. J'ai déjà reçu des Gilets jaunes. Là nous allons ouvrir des cahiers de doléances et d'espérances".

Son appel à la solidarité Alain Juppé l'a adressé aux territoires, soulignant qu'il fallait éviter d'opposer la Métropole, supposée riche, aux autres territoires girondins, qui seraient défavorisés. Une thématique devenue encore plus audible avec le projet gouvernemental d'annexion par les grandes métropoles de la fraction des territoires départementaux qu'elles couvrent. Un projet qui ulcère les présidents des conseils départementaux concernés, dont Jean-Luc Gleyze, président de la Gironde, qui est monté au créneau. Dans ce contexte, qui fait écho aux relations compliquées entretenues depuis des siècles entre Bordeaux et son arrière-pays, Alain Juppé a dénoncé « des propos dangereux », sans nommer le président du Département.

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Non, la Métropole ne se renferme pas sur elle-même

Ceci avant d'expliquer que, de par sa population, le département de la Gironde est loin d'être le moins riche de France, puisqu'il se classe à 25e place sur 135. Sans oublier d'observer qu'avec un taux de pauvreté de 17 % Bordeaux se classe au-dessus de la moyenne nationale. Bien décidé à défendre la Métropole, Alain Juppé a souligné qu'elle "n'aspire pas la population avoisinante" et que sa démographie évolue "quasiment à égalité" avec celle du département.

Quant à l'attractivité, le premier des élus métropolitains s'est efforcé de démontrer qu'elle est partagée, par le biais d'accords bilatéraux signés avec plusieurs grandes villes, girondines ou non, qu'il s'agisse de Libourne (2016), Angoulême (2017), Marmande, Saintes (2018) et bientôt La Rochelle ou le Bazadais.

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"Nous proposons d'organiser des Assises du territoire au Conseil départemental et à la Région" a finalement lancé Alain Juppé, avant de revenir sur les grands dossiers métropolitains au programme de 2019. Avec en particulier l'ouverture de la Cité numérique, à Bègles, ou le lancement de la reconfiguration du marché d'intérêt national de Bordeaux Brienne.

Alain Juppé veut voir le patron de la SNCF

Une fois dit que tous les candidats intéressés ne pourront pas habiter à Bordeaux, Alain Juppé s'est félicité de la réussite des programmes immobiliers développés via de grandes zones d'aménagement concerté. Qu'il s'agisse des écoquartiers de Ginko, près du Lac, ou des Bassins à flot, à Bacalan. De nouveaux quartiers, comme Bastide Niel et Brazza, commencent à sortir de terre et des plans de rénovation sont en cours dans la Métropole, comme à Bassens.

Malgré les difficultés, le réseau de transports en commun TBM est un succès et il va encore étendre son emprise dans la Métropole, avec le tram, des bus mais aussi sans doute bientôt le train. Avec un projet de réseau ferré métropolitain qui a déjà reçu plusieurs feux verts. "Il faut que je voie le président de la Région pour lui demander de rencontrer le patron de la SNCF pour le lancement de ce réseau métropolitain" a lancé le président de Bordeaux Métropole.

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