Urbanisme : Bègles met le frein sur la construction de logements neufs

"J'ai refusé plus de 1.000 logements depuis un an !" Invité par le Club de la presse à l'occasion de sa première année de mandat de maire de Bègles, l'écologiste Clément Rossignol Puech défend une ligne claire d'urbanisation maîtrisée pour conserver l'identité de son "village urbain". Partisan d'une métropole plus forte sur tous les enjeux stratégiques, l'élu de 45 ans mise sur l'emploi d'Euratlantique, les mobilités douces et la proximité pour nourrir sa candidature à sa succession en 2020.
Clément Rossignol Puech est le maire (EELV) de Bègles depuis juin 2017. Il succède à Noël Mamère et ses 28 ans de mandats.
Clément Rossignol Puech est le maire (EELV) de Bègles depuis juin 2017. Il succède à Noël Mamère et ses 28 ans de mandats. (Crédits : PC / La Tribune)

"Bègles est une ville très dynamique qui conserve son image de village urbain. Elle a bénéficié successivement de l'effet tramway et de l'effet LGV si bien qu'avec près de 28.000 habitants nous retrouvons le niveau de population de 1968. Nous devrions être 35.000 dans quinze ans", explique Clément Rossignol Puech, le maire (EELV) de Bègles. Son visage et son nom sont apparus au grand jour dans le sillage de la démission, en juin 2017, de Noël Mamère qui était maire de la ville depuis 28 ans ! Un passage de témoin qui s'est fait naturellement pour ce militant écologiste de 45 ans, docteur en physique et chercher en physique des nanosciences au CNRS.

"On ne peut pas faire du Noël Mamère, alors j'essaye de faire du Rossignol-Puech avec une touche personnelle de proximité auprès des Béglais sur tous les enjeux, qu'il s'agisse de proximité immédiate ou de questions stratégiques à l'échelle de la métropole", explique celui qui est aussi vice-président de Bordeaux Métropole en charge de la nature.

Réduire fortement les constructions neuves

L'une des différentes les plus marquantes avec Noël Mamère concerne sans aucun doute la maîtrise de la densification avec comme objectif de stabiliser la construction neuve autour de 320 logements par an, l'objectif assigné à la commune par le programme local de l'habitat (PLH) de Bordeaux Métropole. "On était à plus du double de ce chiffre l'an dernier. Ce n'était plus tenable et je veux donc imposer le R+1 maximum à Bègles, hors zones de projets. La ville doit prendre en compte les enjeux de gaz à effet de serre et de biodiversité tout en assurant une diversité fonctionnelle conjuguant emplois, logement, commerces et services", explique Clément Rossignol Puech, qui assure avoir "refusé de signer les permis de construire de plus de 1.000 logements depuis un an !"

Après Saint-Médard-en-Jalles, Mérignac ou encore Floirac, le tournant de l'urbanisme maîtrisé, voire malthusien, qui frappe l'agglomération bordelaise après l'euphorie des années 2000 autour de la métropole millionnaire, a donc aussi gagné les rives de Bègles. Au risque de renvoyer d'avantage de nouveaux habitants hors métropole, sans transports en commun mais avec consommation d'espaces naturels et agricoles ! Pas évident à justifier pour un élu écologiste :

"Bègles bâtit déjà beaucoup puisqu'elle figure dans les cinq communes de la métropole qui construisent le plus. Mais au-delà, on ne maîtrise plus le rythme de développement de la ville et on n'est plus capable de suivre en termes de services et d'équipements publics pour la population. Le long du tramway nous autorisons jusqu'au R+4 mais nous voulons préserver nos quartiers d'échoppes et éviter que la commune ne mute trop rapidement", argumente Clément Rossignol Puech avant de rappeler ses collègues à davantage de solidarité : "Je prends ma part dans la lutte contre l'étalement urbain mais je ne veux pas faire à Bègles le travail des 27 autres maires. Et quand on accueille une ligne de tramway, il faut accepter de densifier !"

Pour conserver la qualité de vie, le maire mise aussi sur les transports. Il annonce que Bègles sera "la première ville intégralement à 30 km/h de Gironde" et demande à la Métropole de mettre en œuvre un grand plan en faveur du covoiturage "avec une ambition semblable à celle  du tramway." Pour délester la rocade, l'élu béglais préconise de "réserver la 3e voie au covoiturage, à l'autopartage et aux transports en commun comme cela est indiqué dans la délibération votée à l'unanimité par les élus métropolitains." Il est également favorable à une "interdiction des poids lourds aux heures de pointe ou à un péage" ainsi qu'à l'instauration "d'une taxe carbone nationale ou régionale pour financer les infrastructures et développer le fret ferroviaire."

Favorable au téléphérique

Enfin, réagissant aux réflexions de la veille sur les modes de transports demain, il se dit "très favorable au développement des batcub (bat3), notamment en amont du pont de pierre jusqu'à Bouliac et au port de Bègles." De même, il verrait d'un bon œil un téléphérique entre Latresne, Bouliac, les rives d'Arcins et la gare de Bègles. "Je viens de recevoir un document à ce sujet, il faut regarder tout cela de plus près", indique le maire qui se montre, en revanche, nettement plus réservé par rapport à un éventuel métro :

"Le métro ne changera pas la situation, ni les usages à court et moyen terme. Il ne règlera pas les problèmes de desserte fine entre les villes de la métropole. C'est un chantier gigantesque, de long terme et je ne suis pas certain qu'on en ait les moyens !"

Lire aussi : Téléphériques, bateaux, métros : comment relier les deux rives de Bordeaux Métropole en 2050 ?

Enfin, Clément Rossignol Puech insiste sur l'emploi et mise sur la Cité numérique, dont une première partie ouvrira ses portes en juillet, ainsi que sur le parc Newton, autour de des énergies renouvelables et de l'entreprise Valorem, pour créer 3.000 emplois à Bègles dans les deux ans, soit une hausse de 30 %. Dans deux ans justement, il ambitionne d'être candidat à sa propre succession "avec ne union large de toutes les gauches". Et pour avancer sur les dossiers structurants que sont la mobilité, l'urbanisme, le développement économique ou encore l'assainissement collectif, il rêve d'une Métropole dont la moitié des élus seraient désignés au suffrage universel direct. "Seul moyen d'avoir la légitimité de dépasser les logiques municipales", assure-t-il.

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Commentaire 1
à écrit le 04/07/2018 à 21:58
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Bizarre comme équation + 3000 emplois - 1000 logements, le pont JJ Bosc en stand by, les employés rejetés hors de la cité iront loger à l'extérieur de la métropole et reviendront tous les jours travailler en voiture et traverseront Begles à 30 km/ h...

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