"Je ne suis pas favorable à un arrêt de la construction de logements à Talence"

Désigné par le conseil municipal de Talence en octobre dernier pour succéder au Modem Alain Cazabonne, Emmanuel Sallaberry, 40 ans, revendique son indépendance vis-à-vis des partis politiques et s'affiche d'abord comme un maire gestionnaire. Impôts locaux, urbanisation, budget participatif : ce "nouveau" maire au profil original revient sur ses projets et ses premières décisions.
Emmanuel Sallaberry, maire de Talence
Emmanuel Sallaberry, maire de Talence (Crédits : La Tribune Bordeaux)

C'est un profil plutôt atypique dans le monde des élus locaux. Rentré en politique en 2014, membre d'aucun parti politique, ancien arbitre international de tennis, cadre supérieur au Commissariat à l'énergie atomique du Barp : Emmanuel Sallaberry est, à 40 ans, le nouveau maire de Talence, 4e ville de Gironde avec ses 44.000 habitants.

C'est pour prendre la suite d'Alain Cazabonne, maire (Modem) de la ville de 1993 à 2017 qui, à 73 ans, a privilégié son mandat sénatorial, qu'Emmanuel Sallaberry a été élu par le conseil municipal à l'automne dernier. "Je ne ressens pas le besoin de m'inscrire dans une sphère politique. Je ne crois pas que ce soit nécessaire pour agir, surtout au niveau local. Les habitants demandent de la cohérence plus qu'une étiquette politique", martèle le nouveau maire, lors d'une rencontre au Club de la presse de Bordeaux, vendredi 29 janvier.

Budget participatif et fiscalité locale

Adjoint aux finances de 2014 à 2017, Emmanuel Sallaberry garde une forte appétence pour les sujets budgétaires. Il met ainsi en avant le budget participatif mis en place l'an dernier à Talence, une première en Nouvelle-Aquitaine. D'un montant de 340.900 €, cette opération participative a permis de retenir 16 investissements, dont la plupart liés à des opérations de végétalisation urbaine ou d'espaces verts.

"C'est une vraie fierté et je suis frappé par la qualité et la motivation des dossiers déposés par les habitants. On pourrait réfléchir à l'élargir aux dépenses de fonctionnement et aux subventions aux associations", observe Emmanuel Sallaberry.

 Plus largement, malgré les contraintes budgétaires imposées aux collectivités locales, il promet que Talence stabilisera ses dépenses de fonctionnement en 2018 (+0%) et se veut plutôt rassurant pour ses concitoyens : "L'un des premières qualités qu'on exige d'un maire est d'être un bon gestionnaire. Augmenter les impôts serait la dernière chose à faire. Les impôts locaux ont déjà sensiblement augmenté ces dernières années." Le maire sans étiquette livre aussi son sentiment sur la suppression de la taxe d'habitation pour 80 % des ménages et la réforme de la fiscalité locale annoncée par le gouvernement :

"Il faut une vraie réflexion de fond. Il faut conserver un impôt direct entre le maire et l'habitant. Le vote de l'impôt et du budget sont des décisions éminemment politiques, ce sont les premiers leviers de la politique locale. Je plaide plutôt pour un impôt local unique avec une proportionnalité par rapport aux revenus et une liberté totale laissée aux élus en matière d'abattements et d'exonérations."

"Pas favorable à un arrêt de la construction"

Outre ses décisions d'étendre le stationnement payant et de déployer des caméras de vidéosurveillance dès cette année, Emmanuel Sallaberry revient également sur la problématique du logement, particulièrement prégnante dans la métropole bordelaise. Et il se fait le défenseur d'une "urbanisation maîtrisée" :

"Je ne suis pas favorable à un arrêt de la construction de logements à Talence. L'étalement urbain ne fera qu'exploser la facture des nouveaux habitants. Talence est, avec Bordeaux, la commune la plus urbanisée de la métropole et la nouvelle révision du plan local d'urbanisme doit permettre de continuer à accueillir de nouveaux habitants, d'autant que nous sommes au niveau en termes d'équipements sportifs et scolaires."

Le maire refuse de donner un objectif chiffré de croissance démographique mais plaide pour limiter la hauteur des nouvelles constructions à un étage plus combles. Il souligne par ailleurs que "Talence est plutôt épargnée par la hausse inquiétante des prix de l'immobilier, notamment grâce à sa politique d'urbanisation volontariste et parce qu'elle respecte la loi en matière de logements locatifs sociaux."

Quant à l'avenir et à une éventuelle candidature à sa succession en 2020, Emmanuel Sallaberry jure que rien n'est décidé... tout en glissant : "Dans dix ans, je me vois bien être maire si je décide de continuer et que les gens m'accordent leurs votes."

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