Municipales 2020 : Vincent Feltesse prend du recul pour mieux sauter

L'ancien président de la Communauté urbaine de Bordeaux publie un ouvrage collectif sur l'identité, les forces et les faiblesses des quartiers de Bordeaux. Une manière d'entrer par la proximité dans le débat public en vue des élections municipales de 2020. Plaidant pour davantage de régulation publique, Vincent Feltesse attendra l'été 2019 pour dévoiler ses choix politiques. Pour l'heure, il est toujours membre du PS.
Vincent Feltesse a présenté, mercredi 16 mai 2018, un ouvrage collectif réalisé par son association Bordeaux, la métropole des quartiers (Mobilibook, 15 €) pour nourrir le débat public en vue de l'élection municipale de 2020.
Vincent Feltesse a présenté, mercredi 16 mai 2018, un ouvrage collectif réalisé par son association "Bordeaux, la métropole des quartiers" (Mobilibook, 15 €) pour nourrir le débat public en vue de l'élection municipale de 2020. (Crédits : PC / La Tribune Bordeaux)

"Nous sommes à un moment particulier de Bordeaux et de la métropole : le bilan d'Alain Juppé est plutôt positif mais tout le monde s'interroge désormais sur l'avenir", cadre d'entrée Vincent Feltesse, mercredi 16 mai 2018, à l'occasion de la présentation de son ouvrage collectif "Bordeaux, la métropole des quartiers" (Editions Mobilibook, 160p pages, 15 €) au club de la presse de Bordeaux. Ou comment s'inscrire en creux dans une pré-campagne pour les élections municipales de 2020.

Ce livre - le premier volet d'une trilogie - a été réalisé dans le cadre de l'association "Bordeaux métropole des quartiers 2020" lancée par l'ancien président de la CUB (2007-2014) il y a trois ans. Elle rassemble 250 adhérents, majoritairement issus de la gauche, autour de valeurs "humanistes, sociales, progressistes et écologistes". Le livre a été écrit par onze auteurs qui ont interrogé une trentaine d'habitants des huit quartiers de Bordeaux. Vincent Feltesse en signe l'introduction et la conclusion. Identités, chiffres, forces, faiblesses sont présentés pour chaque quartier qui se voit également assigné un "projet" telle que la "social tech bordelaise" pour Chartrons/Grand parc/Jardin public, "culture sur Garonne" pour la Bastide ou encore "les boulevards, l'autre façade de Bordeaux" pour Saint-Augustin/Tauzia/Alphonse Dupeux. Une plateforme participative sera présentée le 30 mai prochain pour nourrir le débat public d'ici à l'été 2019.

Objectif : peser dans le débat public

C'est en effet l'objectif de Vincent Feltesse dans les prochains mois : peser dans le débat sur l'avenir de la métropole et exister face à l'initiative Bordeaux Métropole 2050 lancée par Alain Juppé. Pour préparer l'avenir, l'ex conseiller de François Hollande à l'Elysée regarde d'abord vers le passé :

"Quand on prend du recul sur les vingt dernières années, on voit que Bordeaux a connu une phase d'embellissement de la ville à tous les niveaux couronnée par le label Unesco en 2007. Puis est venue une deuxième phase lors de laquelle Bordeaux a changé de division avec la métropolisation, l'essor de l'université, la construction de grands équipements (Cité du vin, Arena, grand stade, Meca, etc.) et de nouveaux quartiers (Ginko, Bassins à flot, Bastide-Niel et Euratlantique) et l'arrivée de la LGV en 2017. Les gens sont toujours satisfaits de vivre à Bordeaux mais il y a aussi une interrogation vis-à-vis d'une forme de surchauffe sur l'immobilier, la mobilité ou les équipements publics de proximité tels que les piscines."

La proximité, c'est précisément la porte d'entrée choisie par Vincent Feltesse, qui n'est plus aujourd'hui "que" conseiller municipal et conseiller régional dans le groupe socialiste et apparentés. "On veut volontairement partir du vécu des habitants et de la proximité dans chaque quartier pour mettre des mots sur ce qui fait l'alchimie particulière de Bordeaux. Bordeaux doit rester une ville confortable pour chaque habitant, quel que soit son âge, son quartier ou ses revenus. Elle ne doit pas devenir une métropole générique ou standard", explique Vincent Feltesse qui plaide pour "davantage de régulations en matière d'immobilier, de mobilité ou de commerces de proximité" :

"Il faut dépasser le laisser faire et le laisser aller de ces dernières années qui pénalisent les plus faibles. Pour cela, il faut une intervention et des moyens publics tels que l'établissement public foncier. Je le réclame depuis 2011 et, entre temps, on a perdu sept années stratégiques. Il faut désormais intervenir massivement sur le logement et le foncier", poursuit l'ancien maire de Blanquefort de 2001 à 2012.

Alain Juppé, pas encore candidat, déjà favori

En ce qui concerne l'élection municipale du printemps 2020 - ou plutôt les élections municipales tant les enjeux sont désormais métropolitains - personne n'a encore fait acte de candidature. Cela n'a pas empêché l'association Esprit Bordeaux, qui soutient Alain Juppé, de tester sa candidature dans un sondage publié dans Sud Ouest le 11 mai dernier (*). Les résultats - avec toutes les précautions d'usage deux ans avant une élection à laquelle personne n'est encore officiellement candidat - donnent l'actuel maire de Bordeaux gagnant dans tous les cas de figure avec autour de 51 % au premier tour contre entre 9 et 10 % à ses opposants socialistes (Vincent Feltesse ou Matthieu Rouveyre), LREM (Catherine Fabre), écologistes (Pierre Hurmic) et France insoumise. En 2014, Alain Juppé avait été élu avec un peu plus de 60 % des voix dès le 1er tour.

En parallèle, la mairie de Bordeaux a publié, le 15 mai, un sondage sur le climat municipal (**) qui indique que 93 % des 801 Bordelais interrogés sont "satisfaits de manière générale de vivre à Bordeaux". Cependant, après un pic de satisfaction entre 2009 et 2013, l'adhésion semble s'éroder. A la question "Depuis la dernière élection municipale, avez-vous le sentiment que Bordeaux a changé en bien ?", 68 % des sondés répondent positivement en 2018 contre 93 % en 2013, 96 % en 2009, 92 % en 2005 et 87 % en 2004. La perception de l'action municipale est aussi orientée à la baisse (84 % d'opinions positives contre 90 % 5 ans plus tôt).

Vincent Feltesse, qui avait récolté plus de 22 % en 2014, voit donc dans ces deux enquêtes d'opinion un motif d'espoir pour 2020 : "Ces deux sondages disent, au fond, la même chose : ça va, mais ça va moins bien qu'avant. L'adhésion à Alain Juppé est plutôt en baisse et il y a des interrogations sur l'avenir."

Est-ce au sein du Parti socialiste que Vincent Feltese tentera de répondre à ces interrogations ? Pour l'heure, il est toujours "simple adhérent sans aucune fonction nationale". Il reste à savoir jusqu'à quand. Des éclaircissements devraient intervenir à l'été 2019, après les élections européennes. Du côté d'Alain Juppé, le flou artistique sur une éventuelle candidature ne devrait pas se dissiper avant fin 2019.

Vincent Feltesse

"Bordeaux, la métropole des quartiers" (ouvrage collectif autour de Vincent Feltesse, Mobilibook, Mai 2018, 160 p.,15 €). Deux autres ouvrages collectifs sont annoncés sur la dimension métropolitaine en janvier 2019 et sur des questions thématiques transversales fin 2019.

(*) Sondage réalisé par l'Ifop entre le 20 et 28 avril 2018 sur un échantillon de 800 personnes. Marge d'erreur entre 0 et 4 points

(**) Sondage réalisé par l'Ifop par téléphone entre le 24 et le 20 avril 2018 sur un échantillon de 801 personnes représentatif de la population de Bordeaux âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas). Marge d'erreur entre 1,5 et 3,5 points.

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