« Le problème c'est de trouver les gens qui veulent investir sur de l'amorçage industriel. Il y a un gros trou dans la raquette pour financer l'industrialisation en France. » Malgré les difficultés rencontrées, Cyril Champenois peut souffler. Avec son équipe rochelaise, le directeur commercial et cofondateur d'Elixir Aircraft vient de boucler une levée de fonds de 13 millions d'euros auprès d'Innovacom, Bpifrance Amorçage Industriel et Naco.
Après avoir livré 80 modèles depuis 2020, le constructeur d'avions éco-conçus et sobres en carburant dédiés aux écoles de pilotes vise l'industrialisation. Pour parvenir à fabriquer 400 biplaces par an d'ici 2030, il veut bâtir une usine sur les terrains de l'aéroport de La Rochelle où il emploiera 400 à 500 personnes. Au total, la startup doit rassembler 40 millions d'euros pour financer son plan. Après avoir obtenu 13 millions d'euros dans le cadre du plan France 2030, la levée était un passage obligé.
Du temps pour trouver un fonds réceptif
« Financer l'industrialisation en France, c'est pas une mince affaire, remarque Cyril Champenois. Ce bouclage nous permet de clôturer l'étape la plus importante et certainement la plus difficile. » La recherche de fonds a été accomplie en un an et demi. Un temps long mais qui reflète les barrières qui se dressent devant les porteurs d'innovations. Pour atteindre les 40 millions d'euros, Elixir va financer la somme restante par des prêts auprès des banques, dans un souci de répartition équitable du risque entre ses différents partenaires.
Avec le chantier de la réindustrialisation du pays, beaucoup de jeunes entreprises cherchent à se financer. Mais le vent favorable impulsé par l'État ne suffit pas. Certains se heurtent à des craintes trop importantes chez les investisseurs, comme le vit Gazelle Tech avec sa voiture composite depuis plusieurs années. « La clé, c'est de trouver le fonds qui a une vision de long terme sur l'industrialisation : il sait que les montants sont importants, que les délais sont longs et que le retour sur investissement ne se fait pas sur deux ans. Une fois trouvé, c'était entre guillemets simple de convaincre », détaille le dirigeant à La Tribune.
Deux usines à construire en Charente-Maritime
Elixir Aircraft va devoir cranter son passage à l'échelle industrielle. En six mois, les équipes sont passées de 100 à 150 personnes afin d'être capables de produire 4 avions par mois d'ici la fin de l'année. Le constructeur recherche d'ores et déjà 50 nouveaux profils sur l'assemblage de pièces composite, le drapage ou la peinture. Son carnet de commande se remplit avec déjà 200 demandes en attente. En plus de ses deux sites sur l'agglomération rochelaise, il doit en ouvrir un troisième au printemps puis récupérer un bâtiment de 1.000m2 sur l'aéroport de La Rochelle où il a son siège social.
Il faudra ensuite rapidement y lancer les grands travaux de la future usine de 14.000m2 s'il veut être prêt pour la fin de la décennie. Également soutenu par France 2030, son homologue Voltaero, qui travaille sur la propulsion décarbonée de l'aviation, a lancé fin 2023 le chantier de son usine à Rochefort, à 40 kilomètres plus au sud. Un impondérable pour peser face aux grands constructeurs Cesna, Piper ou Cirrus, dotés d'une grande force de frappe industrielle mais pas aussi avancés sur l'innovation.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !