Société familiale innovante dans la reproduction du son haute-fidélité, l'entreprise parisienne CCLAB-La Boite Concept, fondée en 2008 et installée depuis 2014 à Ustaritz (Pays basque/Pyrénées-Atlantiques), vient de réaliser une nouvelle levée de fonds, qui va atteindre la barre des 3,5 millions d'euros, après celle de 635.000 euros, menée en 2015.

L'entreprise est accompagnée dans cette deuxième opération par deux opérateurs qui entrent à parts égales au capital : Aquiti Gestion, via le fonds Aquitaine Création Investissement (ACI), et Pyrénées Gascogne Développement (PG Dev, Crédit Agricole Pyrénées Gascogne). Deux autres acteurs, que l'on pourrait qualifier d'historiques parce qu'ils sont présents au capital de l'entreprise depuis 2015, ont également remis au pot. Il s'agit d'Expanso Capital, ex-société de développement régional (Aquitaine), devenue filiale de la Caisse d'épargne Aquitaine Poitou-Charentes (CEAPC), et d'Herrikoa, société de capital-investissement solidaire du Pays basque, qui ont abondé cette nouvelle levée de fonds.

En quatre ans, la PME va mettre près de 4 millions sur la table

Apport qui va au total permettre à cette entreprise innovante de drainer 3,5 millions d'euros. Mais Timothée Cagniard, le dirigeant de La Boite Concept, entreprise familiale qui suit le chemin ouvert à Paris par sa grand-mère Marie Cagniard en 1938, avec la marque hifi d'avant-garde Siare, ne compte pas en rester là. Et en plus de la levée de fonds, il va également mobiliser une tranche significative d'autofinancement.

"Notre budget prévisionnel est calibré sur quatre ans, nous travaillons donc sur la période 2020-2023, avec un pic d'investissement concentré entre 2020 et 2022. Au total, l'entreprise va mobiliser un peu plus de 3,8 millions d'euros. Nous allons ainsi consacrer 1,3 millions d'euros à la création de notre nouvel atelier, 600.000 euros à l'équipement machine, 1,2 million d'euros aux service recherche et développement, incluant ressources humaines et nouveaux produits. Enfin, 750.000 euros vont venir appuyer notre stratégie de vente à l'export, en particulier en certifications et extensions de brevets", détaille en substance Timothée Cagniard pour La Tribune.

Un nouveau centre névralgique qui ne sera pas à Ustaritz

La levée de fonds de 3,5 millions d'euros se divise quant à elle en deux parties : 1,5 million d'euros sont engagés par les fonds d'investissements déjà cités, tandis que Bpifrance, la Région Nouvelle-Aquitaine et les partenaires bancaires de La Boite Concept (CCLAB SAS) accompagnent fortement le mouvement, avec un apport consolidé de 2 millions d'euros.

Un des appareils très haut de gamme de la Boite Concept (Boite Concept)

Le nouveau bâtiment de 1.300 m2, dont l'emplacement n'a pas encore été choisi et qui ne verra pas le jour à Ustaritz (aucun des terrains en lice ne se trouve sur cette commune), dont va se doter La Boite Concept accueillera le nouveau siège social de l'entreprise mais aussi un showroom, le laboratoire de développement audio, l'auditorium et l'atelier proprement dit, baptisé "salle des machines" par Timothée Cagniard, ainsi que la ligne d'assemblage automatisée.

Des appareils qui doivent durer 20 ou 30 ans

Si les enceintes acoustiques ont toujours joué un rôle majeur dans les chaînes haute fidélité (hifi), les platines sont longtemps apparues comme les pièces maîtresses de ces ensembles, puisqu'elles étaient à la base de la restitution du son enregistré dans les disques vinyles, et que le moindre problème sur leur tête de lecture ruinait toute écoute. Le virage technologique opéré par la Boite Concept est radical, puisque l'entreprise articule toute la conception de ses appareils à partir des enceintes, qui sont incluses dans des meubles en bois. Certains modèles pouvant supporter aussi bien un ordinateur qu'une télévision.

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Au final, le design de ces coûteux appareils de haute technologie tourne le dos à la froideur technologique pour faire le choix d'une sobriété vintage qui n'est pas sans évoquer le mobilier des années 1950.

"Nous avons voulu prendre le contre-pied de l'enceinte en plastique. Et c'est effectivement un clin d'œil au passé, à la robustesse, parce que nos enceintes sont faites pour durer 20 ou 30 ans. Notre métier c'est le haut-parleur, le cœur de l'enceinte", confirme Timothée Cagniard, qui a fait face à la désaffection du public pour la hifi en lançant ce nouvelle génération d'objets sonores que sont les appareils conçus par le Boîte Concept.

L'enceinte LD 120 format secrétaire (La Boite Concept)

Des éditions limitées de designeurs à plus de 4.000 euros

Lors de la première levée de fonds, en 2015, l'entreprise s'est lancée dans la production d'un nouveau modèle, le LP 160, qui a failli la faire couler.

"Ce modèle était très innovant mais aussi très volumineux et il a eu un succès fou qui a failli nous coûter très cher pendant les années 2016 et 2017. Nous n'arrivions plus à faire face à la demande et ce produit cannibalisait tout le reste de notre production. Nous nous sommes rendu compte qu'il s'agissait d'un modèle artisanal, impossible à produire en série", rembobine Timothée Cagniard.

La Boîte Concept se situe sur le marché haut et très haut de gamme, avec une entrée de gamme à un peu plus de 900 euros. Les appareils très haut de gamme se négocient à 3.500 euros mais la société à plusieurs fois lancé des éditions limitée signées par de designeurs à plus de 4.000 euros par appareil.

Deux années à plus de 45 % de croissance

"Après la crise de 2016-2017, nous avons fortement rebondi, car la pénurie avait créé une grosse frustration chez les clients qui attendaient nos produits. Nous avons alors enregistré deux années à +45 % de croissance : en 2018 et 2019. L'actuelle levée de fonds doit nous permettre de financer nos montées en puissance technologique et industrielle", observe le dirigeant, qui ne souhaite pas communiquer sur le chiffre d'affaires.

Une version métal qui peut recevoir aussi bien une télévision qu'un ordinateur (La Boite Concept).

L'entreprise propose des enceintes compatibles aussi bien avec les transmissions Blue Tooth que DAC USB ou DAC Audio, grâce auxquelles la musique dématérialisée, qu'elle soit lue par un ordinateur ou un lecteur MP3, peut atteindre une authentique qualité hifi, par le biais des petits boitiers DAC USB ou DAC Audio, qui  convertissent la musique numérique en un signal analogique rendant possible sa retransmission par des chaines hifis. Les enceintes de la Boite Concept utilisent aussi bien les transmissions filaires que sans contact.

Des objets sonores d'abord vendus dans les magasins de meubles

"Nous avons un mode de distribution très atypique pour nos appareils de haute fidélité innovants puisque notre premier canal de vente est celui du meuble, via des magasins comme Silvera, The Conran Shop ou Ligne Roset, devant les department stores, avec le Bon Marché ou le BHV, les spécialistes de la haute fidélité, comme Retrofutur ou Son-Video.com, et enfin les concept stores, comme Fleux", illustre Timothée Cagniard, qui souligne que 80 % des ventes se font grâce à des revendeurs et distributeurs, tandis que les 20 % restants étant en particulier le fait de ventes directes ou via des architectes.

L'Asie gros moteur des ventes à l'export

Plus largement, l'entreprise tire 70 % de son chiffre d'affaires de la vente de ses appareils. Ce qui est encore original c'est qu'elle génère 30 % de son activité grâce à son laboratoire (CC LAB), puisque la Boite Concept développe et fabrique des enceintes  pour le compte d'autres marques partenaires.

"Nous réalisons 60 % de notre activité en France, ce qui donne à l'export un poids important. Nos premiers marchés se trouvent, après la France, en Corée du Sud, Japon, Royaume-Uni, Chine continentale et Hongkong", éclaire Timothée Cagniard.

L'entreprise, qui emploie actuellement 11 salariés (contre sept en début d'année), va passer à 14 d'ici janvier 2021 et doit atteindre la barre des 25 d'ici 2022, sachant que son service recherche et développement augmente de deux personnes. L'entreprise négocie de nouveaux partenariats avec de grandes entreprises internationales. Suite à la pandémie de Covid-19 la société s'est doté d'un site marchand il y a quelques semaines, les magasins étant fermés. Mais, même si les ventes restent plutôt bien orientées, Timothée Cagniard ne cache pas que la crise pose des problèmes.