i2S développe un contrôleur d'embryons innovant pour la PMA avec le CHU de Bordeaux

Eprouvé par la crise du Covid-19, le groupe girondin i2S, spécialiste de la vision, continue malgré tout à innover. Il développe ainsi avec le CHU de Bordeaux un contrôleur d'embryons à la puissance inégalée, qui permettra bientôt d'optimiser la procréation médicalement assistée (PMA), comme l'explique à La Tribune Xavier Datin, le directeur général de cette PME innovante de 70 salariés.
Un des super scanners développés par i2S : en plus de numériser les pages, il les tourne tout seul.
Un des super scanners développés par i2S : en plus de numériser les pages, il les tourne tout seul. (Crédits : I2S)

Le groupe girondin i2S, fondé et présidé par Alain Ricros, est un spécialiste des systèmes dans la vision industrielle, la numérisation des livres, et désormais la santé. L'entreprise a vu son chiffre d'affaires reculer de 17,8 % au 1e semestre 2020, à 6,4 millions d'euros, tandis que son résultat net accusait une baisse de 19,7 % pendant la même période (sur un an), avec un déficit de 66.700 euros.

Lire aussi : Touché par la crise du Covid-19, le groupe i2S n'est pas coulé

L'évolution du résultat n'est pas encore connue sur les neuf premiers mois de l'année 2020 mais celle de l'activité vient d'être publiée. I2S a ainsi vu son chiffre d'affaires reculer de 20,7 % entre les mois de janvier et septembre, pour atteindre 8,9 millions d'euros.

Gel des appels d'offre publics et de la production

"Malgré les difficultés le résultat du 1e semestre n'est pas si mal. Nous avons trois divisions. Pour les scanners, de la division DigiBook, qui permettent de digitaliser sans risque les livres les plus rares, et où nous travaillons en particulier avec beaucoup de grandes bibliothèques dans le monde, nos clients sont publics et ont appliqué au premier semestre un confinement très strict. Ce qui pénalise les prises de décisions sur appel d'offre. De leur côté, les industriels ont stoppé la production, ce qui a touché de plein fouet notre division Vision Industrielle (I2S Vision). La dernière des divisions créées, celle qui cible les applications santé (Medcare) n'a pas échappé à la crise. Nous avons en particulier un gros client qui vend aux dentistes et qui a suspendu son activité, ce qui est pénalisant", déroule Xavier Datin, directeur général du groupe girondin.

Il est à noter que la baisse d'activité s'est creusée au 3e trimestre de -27 %, à 2,593 millions d'euros, sur un an. Résultat qui n'empêche pas le directeur général de se montrer confiant.

Réduction sans licenciements de la masse salariale

Xavier Datin se félicite ainsi de la robustesse du dispositif d'appui aux entreprises adopté par le gouvernement depuis le premier épisode du confinement et souligne aussi qu'i2S a très vite mis en place un programme de réduction des charges.

Lire aussi : Imagerie : le groupe i2S termine l'année 2019 sur les chapeaux de roues

Au 1er semestre, i2S a ainsi pu engranger des gains substantiels dans ce domaine, sans qu'il n'y ait eu de licenciements.

"La réduction de la masse salariale de -264.000 euros est majoritairement due à la réduction de la rémunération des organes de direction et de la part variable des salaires, qui joue son rôle d'amortisseur, ainsi qu'à la mise en place de l'activité partielle en raison de la crise sanitaire", résumait ainsi le groupe à l'issue du 1er semestre.

Le groupe i2S, qui emploie 70 salariés, n'a laissé aucune option de côté pour maximiser ses chances de survie : prêt garanti par l'Etat, décalage de charges et activité partielle ont ainsi été mobilisés. "Nous avons la chance d'être un peu entre deux grandes sortes d'entreprises, celles qui vont profiter de la crise et celle qui en souffrent" éclaire Xavier Datin.

Lire aussi : "On est en plein dans le calme avant la tempête" Jean-Marie Picot

Un nouveau centre nerveux en face de chez Lectra

L'an dernier, le groupe de Pessac (Gironde/Bordeaux Métropole) a investi 400.000 euros dans la création d'un nouveau site de 1.500 m2, à Cestas, une commune toute proche mais située hors de la Métropole.

"Nous y avons installé toutes nos activités industrielles, de production, logistiques ainsi que le service achat, ce qui nous permet de tout contrôler. Ce site est installé juste en face de celui de Lectra. Le bureau d'étude, le développement des nouvelles technologies et le commercial restent à Pessac. Nous avons des marchés très porteurs dans les nouvelles technologies, en particulier dans l'imagerie, qui est désormais intégrée dans tout un ensemble de matériels développés pour la santé" indique le directeur général.

Embryons : les caméras plus puissantes que des microscopes

Le groupe i2S a ainsi développé une technologie d'imagerie de pointe pour assurer l'analyse cellulaire des embryons dans le cadre de la PMA (procréation médicalement assistée). Une technologie qui concurrence le microscope, comme le souligne Xavier Datin.

"Nous sommes capables de filmer l'embryon avec une qualité d'image inégalée. Des images qui sont tellement précises, avec une définition d'un pixel pour 300 nanomètres, que les médecins peuvent savoir quel embryon a atteint l'état optimal qui va permettre le déclenchement d'une grossesse", relève la patron opérationnel d'i2S.

Ce contrôleur d'embryon est en phase de développement en partenariat avec le CHU de Bordeaux et plus particulièrement le professeur Clément Jimenez, qui appartient au service de Biologie de la reproduction et au Cecos (Centre d'étude et de conservation des ovocytes et des spermatozoïdes humains) dirigé par le docteur Aline Papaxanthos.

Comment le DG sait que l'on peut travailler avec le coronavirus

Ce marché très réglementé, truffé d'essais cliniques et de vérifications en tout genre, suppose une stratégie de développement de long terme, qui est au cœur des choix faits depuis trois ans à i2S par Xavier Datin. Car ces difficultés sont aussi autant de barrières mises à l'entrée sur ce marché qui met en jeu des nouvelles technologies de pointe. Le DG d'i2S estime que la reprise va être lente mais que, pour ce second round de confinement "l'industrie n'est pas entrée en hibernation". Il espère que cette reprise puisse vraiment redémarrer en 2021.

"Pour le moment nos clients vivent au jour le jour et ne savent pas dire", souligne-t-il, ce qui n'empêche pas l'activité du groupe girondin de se poursuivre.

En 2003 Xavier Datin travaillait en Chine où il a vécu la pandémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère).

"Ils ont tout fermé sauf les entreprises et ça s'est quand même bien passé. Je suis donc convaincu que l'on peut travailler sans problème avec la pandémie de Covid-19 si les bonnes mesures de protection sont appliquées", conclut le cadre dirigeant.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.