Le groupe girondin i2S, fondé et présidé par Alain Ricros, est un spécialiste des systèmes dans la vision industrielle, la numérisation des livres, et désormais la santé. L'entreprise a vu son chiffre d'affaires reculer de 17,8 % au 1e semestre 2020, à 6,4 millions d'euros, tandis que son résultat net accusait une baisse de 19,7 % pendant la même période (sur un an), avec un déficit de 66.700 euros.
L'évolution du résultat n'est pas encore connue sur les neuf premiers mois de l'année 2020 mais celle de l'activité vient d'être publiée. I2S a ainsi vu son chiffre d'affaires reculer de 20,7 % entre les mois de janvier et septembre, pour atteindre 8,9 millions d'euros.
Gel des appels d'offre publics et de la production
"Malgré les difficultés le résultat du 1e semestre n'est pas si mal. Nous avons trois divisions. Pour les scanners, de la division DigiBook, qui permettent de digitaliser sans risque les livres les plus rares, et où nous travaillons en particulier avec beaucoup de grandes bibliothèques dans le monde, nos clients sont publics et ont appliqué au premier semestre un confinement très strict. Ce qui pénalise les prises de décisions sur appel d'offre. De leur côté, les industriels ont stoppé la production, ce qui a touché de plein fouet notre division Vision Industrielle (I2S Vision). La dernière des divisions créées, celle qui cible les applications santé (Medcare) n'a pas échappé à la crise. Nous avons en particulier un gros client qui vend aux dentistes et qui a suspendu son activité, ce qui est pénalisant", déroule Xavier Datin, directeur général du groupe girondin.
Il est à noter que la baisse d'activité s'est creusée au 3e trimestre de -27 %, à 2,593 millions d'euros, sur un an. Résultat qui n'empêche pas le directeur général de se montrer confiant.
Réduction sans licenciements de la masse salariale
Xavier Datin se félicite ainsi de la robustesse du dispositif d'appui aux entreprises adopté par le gouvernement depuis le premier épisode du confinement et souligne aussi qu'i2S a très vite mis en place un programme de réduction des charges.
Au 1er semestre, i2S a ainsi pu engranger des gains substantiels dans ce domaine, sans qu'il n'y ait eu de licenciements.
"La réduction de la masse salariale de -264.000 euros est majoritairement due à la réduction de la rémunération des organes de direction et de la part variable des salaires, qui joue son rôle d'amortisseur, ainsi qu'à la mise en place de l'activité partielle en raison de la crise sanitaire", résumait ainsi le groupe à l'issue du 1er semestre.
Le groupe i2S, qui emploie 70 salariés, n'a laissé aucune option de côté pour maximiser ses chances de survie : prêt garanti par l'Etat, décalage de charges et activité partielle ont ainsi été mobilisés. "Nous avons la chance d'être un peu entre deux grandes sortes d'entreprises, celles qui vont profiter de la crise et celle qui en souffrent" éclaire Xavier Datin.
Un nouveau centre nerveux en face de chez Lectra
L'an dernier, le groupe de Pessac (Gironde/Bordeaux Métropole) a investi 400.000 euros dans la création d'un nouveau site de 1.500 m2, à Cestas, une commune toute proche mais située hors de la Métropole.
"Nous y avons installé toutes nos activités industrielles, de production, logistiques ainsi que le service achat, ce qui nous permet de tout contrôler. Ce site est installé juste en face de celui de Lectra. Le bureau d'étude, le développement des nouvelles technologies et le commercial restent à Pessac. Nous avons des marchés très porteurs dans les nouvelles technologies, en particulier dans l'imagerie, qui est désormais intégrée dans tout un ensemble de matériels développés pour la santé" indique le directeur général.
Embryons : les caméras plus puissantes que des microscopes
Le groupe i2S a ainsi développé une technologie d'imagerie de pointe pour assurer l'analyse cellulaire des embryons dans le cadre de la PMA (procréation médicalement assistée). Une technologie qui concurrence le microscope, comme le souligne Xavier Datin.
"Nous sommes capables de filmer l'embryon avec une qualité d'image inégalée. Des images qui sont tellement précises, avec une définition d'un pixel pour 300 nanomètres, que les médecins peuvent savoir quel embryon a atteint l'état optimal qui va permettre le déclenchement d'une grossesse", relève la patron opérationnel d'i2S.
Ce contrôleur d'embryon est en phase de développement en partenariat avec le CHU de Bordeaux et plus particulièrement le professeur Clément Jimenez, qui appartient au service de Biologie de la reproduction et au Cecos (Centre d'étude et de conservation des ovocytes et des spermatozoïdes humains) dirigé par le docteur Aline Papaxanthos.
Comment le DG sait que l'on peut travailler avec le coronavirus
Ce marché très réglementé, truffé d'essais cliniques et de vérifications en tout genre, suppose une stratégie de développement de long terme, qui est au cœur des choix faits depuis trois ans à i2S par Xavier Datin. Car ces difficultés sont aussi autant de barrières mises à l'entrée sur ce marché qui met en jeu des nouvelles technologies de pointe. Le DG d'i2S estime que la reprise va être lente mais que, pour ce second round de confinement "l'industrie n'est pas entrée en hibernation". Il espère que cette reprise puisse vraiment redémarrer en 2021.
"Pour le moment nos clients vivent au jour le jour et ne savent pas dire", souligne-t-il, ce qui n'empêche pas l'activité du groupe girondin de se poursuivre.
En 2003 Xavier Datin travaillait en Chine où il a vécu la pandémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère).
"Ils ont tout fermé sauf les entreprises et ça s'est quand même bien passé. Je suis donc convaincu que l'on peut travailler sans problème avec la pandémie de Covid-19 si les bonnes mesures de protection sont appliquées", conclut le cadre dirigeant.
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