La startup bordelaise Treefrog Therapeutics, à Pessac (Bordeaux Métropole), qui développe C-Stem, une technologie révolutionnaire de culture des cellules souches pluripotentes induites (CSPI), s'est vue récompensé le 26 octobre, lors d'une cérémonie en ligne organisée depuis Boston (Etats-Unis), par le prix Galien Medstartup 2020, dans la catégorie de la Meilleure collaboration dans l'industrie des biotechnologies. Un prix décerné par Business France (agence nationale au service de l'internationalisation de l'économie française) et la Fondation Galien.

"Gagner le prix Galien MedStartup marque une étape clé pour TreeFrog. Nous avons pu nous appuyer sur la collaboration avec Harvard pour créer en 2021 un hub technologique à Boston, qui servira de démonstrateur pour nos partenaires locaux. Avec ce prix, nous disposons de conditions optimales pour faire notre entrée aux Etats-Unis. Nous adressons un grand merci au jury, à notre équipe, ainsi qu'à tous nos soutiens à l'échelle locale, nationale et européenne", confirme à La Tribune Kevin Alessandri, directeur général et directeur technique de TreeFrog Therapeutics, et cofondateur en 2018 de la startup, avec Maxime Feyeux, président et directeur scientifique, et Jean-Luc Treillou, président du conseil d'administration.

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L'équivalent du prix Nobel en bio-pharmaceutique

A Boston, Treefrog Therapeutics a depuis plusieurs mois négocié un partenariat avec le Harvard Stem Cell Institute et le Dana Farber Cancer Institute, des références incontestées dans la recherche sur les cellules souches. Fondé en France en 1970, le prix Galien, du nom du célèbre médecin grec de l'Antiquité -Claude Galien-, est considéré par les spécialistes comme l'équivalent du prix Nobel en recherche bio-pharmaceutique. Il s'inscrit désormais dans le développement depuis 2013, par Business France et la Fondation Galien, d'une stratégie d'appui des startups françaises à l'international, en particulier aux Etats-Unis.

La Fondation Galien (The Galien Foundation), mène de son côté plusieurs types d'actions aux Etats-Unis, avec la volonté affichée d'être un catalyseur pour favoriser l'émergence de technologies et traitements innovants susceptibles d'améliorer la santé humaine. Deux autres startups françaises ont été distinguées par le Galien Medstartup 2020 : Wandercraft (à Paris), qui développe des exosquelettes destinés au grand public (Meilleure collaboration dans le secteur de la Medtech ou de la santé digitale) et e-Scopics (à Aix-en-Provence), société innovante dans l'échographie portative (Meilleure collaboration dédiée aux populations fragiles ou pays en développement).

Démontrer que Treefrog détient la clé des thérapies cellulaires

Avec sa technologie C-Stem, Treefrog Therapeutics est capable de dupliquer à grande vitesse, avec un indice de qualité génomique très élevé, d'énormes lots de cellules souches pluripotentes induites. Ces dernières vont être différenciées pour pouvoir fabriquer le type d'organe voulu. C-Stem, qui structure la culture des CSPI dans des capsules tridimensionnelles adaptées aux besoins de ces dernières, par opposition aux boites de Pétri où elles se suicident en masse (apoptose), est capable de produire au moins 1.000 de ces unités de culture à la seconde.

C'est la clé attendue par tous les spécialistes pour déverrouiller un marché mondial de la CSPI complètement asséché, où une offre, microscopique en volume est confrontée à une gigantesque demande insatisfaite, avec à la clé un prix du kilo de cellules souches pluripotentes induites, qui monte à 10 millions d'euros ! Très efficaces contre les leucémies, les premières thérapies cellulaires mises sur le marché coûtent près de 300.000 euros par patient, confirme-t-on chez Treefrog Therapeutics.

Faire chuter les prix pour pouvoir soigner

"Aujourd'hui, nous divisons déjà les coûts de production par dix. Notre objectif est de les diviser par 100 dans les prochaines années, afin de rendre les thérapies cellulaires accessibles à des millions de patients. Avec QC-Stem, nous voulons aussi montrer que notre technologie de culture en 3D apporte un bond en termes de qualité cellulaire. C'est pour cela que nous avons réuni les meilleurs experts mondiaux dans l'évaluation des cellules souches pluripotentes induites (CSPi), qui sont la matière première de nos thérapies cellulaires", déroule Maxime Feyeux, co-fondateur, également coordinateur du consortium QC-Stem.

En plus des Etats-Unis, Treefrog Therapeutics est en contact avec l'autre pays déterminant pour les cellules souches pluripotentes induites qu'est le Japon.

"Nous travaillons depuis près d'un an avec la Foundation for biomedical research and innovation (FBRI) à Kobé. Une fondation pour la recherche biomédicale, qui est en charge du contrôle qualité de toutes les cellules souches produites au Japon ! Autant dire que cette fondation est un vrai cerbère sans l'agrément duquel il est impossible de pénétrer dans l'Archipel nippon", souligne Pierre-Emmanuel Gaultier, porte-parole de la startup.

Un premier démonstrateur à Boston puis plus tard au Japon

Le prix décroché par Treefrog Therapeutics n'est pas, comme le prix Nobel, accompagné d'une gratification financière, mais offre une énorme visibilité internationale aux startups qui le décrochent. Ce qui a permis à la startup bordelaise de faire de vrais pas de géants et de bâtir un consortium de pointe. C'est ainsi qu'a pu être créé le consortium QC-Stem, dans lequel se retrouvent Treefrog Therapeutics, mais aussi l'institut des maladies génétiques Imagine, proche depuis l'origine de la startup, un institut hospitalo-universitaire (IHU) parisien centré sur les maladies génétiques, le Havard Stem Cell Institute, le Dana Farber Cancer Institute, et la fondation japonaise FBRI.

 "Avec ce prix notre objectif est de faire connaître notre technologie et d'attirer sur le sujet les meilleurs spécialistes internationaux du contrôle qualité bio-cellulaire. Pour ce faire, nous allons construire un gros bioréacteur de démonstration à Boston, où nous prospectons pour trouver un local. Car la bataille de la qualité est au cœur de nos préoccupations : nous devons être capables de produire des CSPI en très grandes quantités et sans aucune anomalie. Pour atteindre cet objectif nous allons développer de nouvelles machines", éclaire Pierre-Emmanuel Gaultier.

Une indispensable visibilité internationale

Si la startup n'est pas encore arrivée au bout de ses peines, il n'est pas exagéré de dire qu'elle est désormais très bien accompagnée, aussi bien aux Etats-Unis qu'au Japon, vrais gardiens du Temple bio-pharmaceutique de ce début de XXIe siècle. Le développement de démonstrateurs aux Etats-Unis et sans doute bientôt au Japon, même si cela reste encore très difficile, comme le reconnait le porte-parole de la startup, fait partie de la nouvelle séquence dans laquelle vient d'entrer Treefrog Therapeutics.

L'objectif suivant correspondra au déploiement de la technologie C-Stem à l'échelle mondiale. C'est ce qui explique à quel point les dirigeants de l'équipe de Treefrog Therapeutics sont heureux d'avoir pu décrocher ce prix Galien, qui attire dans son jury le gotha de l'industrie pharmaceutique internationale. D'où la garantie d'avoir une visibilité internationale optimale.