inHeart lève 3,7 millions d'euros pour mieux soigner l'arythmie cardiaque

La jeune pousse bordelaise inHeart développe les jumeaux numériques des coeurs malades atteints d'arythmie afin de faciliter l'intervention des praticiens. Cette première levée de fonds doit lui permettre d'accélérer son développement commercial mais aussi de renforcer sa technologie où s'hybrident recherches de pointe en électrophysiologie cardiaque et en imagerie 3D. Cette startup, fruit de plusieurs années de recherches, veut s'imposer sur le marché mondial.
La visualisation en détail du coeur par l'application inHeart (notre photo).
La visualisation en détail du coeur par l'application inHeart (notre photo). (Crédits : inHEART)

La société inHeart, à Pessac (Gironde/Bordeaux Métropole), annonce la levée de 3,7 millions d'euros pour améliorer le traitement des arythmies cardiaques grâce à une innovation complexe qui combine imagerie, intelligence artificielle et simulation numérique. Cette première opération financière doit permettre à la startup inHeart d'accélérer son développement commercial en Europe et d'entrer sur le marché des Etats-Unis, tout en continuant à muscler son avance technologique via l'intelligence artificielle et la simulation numérique des phénomènes électriques du cœur.

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Cette levée a été réalisée auprès d'Elaia, un fonds d'investissement parisien dirigé par Xavier Lazarus spécialisé dans la deeptech (innovations technologiques liées à la recherche fondamentale), dont les tickets oscillent habituellement entre 300.000 et 3 millions d'euros, et d'Aquitaine Science Transfert, société d'accélération du transfert de technologie de l'Université de Bordeaux, avec le soutien de la Région, avec l'Agence de développement et d'innovation (ADI) de Nouvelle-Aquitaine.

Une coopération avancée entre l'IHU Liryc et l'Inria

La startup inHeart est née en 2017 de l'externalisation (spin off) des compétences de deux centres de recherche leaders mondiaux dans leurs spécialités : l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) Liryc, installé dans le vaste domaine de l'hôpital Haut-Lévêque (cardiologie), référence en électrophysiologie cardiaque, et l'Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique), qui dispose d'un centre de recherche sur le campus universitaire bordelais et s'impose dans les sciences et techniques du numérique.

Le cœur fonctionne grâce à des impulsions électriques qui peuvent se dérégler et perturber le rythme cardiaque jusqu'à provoquer la mort du patient, parfois de façon subite. Les services recensent ainsi chaque année 50.000 morts subites en France provoquées par une arythmie. C'est pour mieux combattre ces arythmies que la startup inHeart a développé un outil très sophistiqué de création d'un clone numérique du cœur malade. Ce parfait jumeau digital, équivalent cardiaque de la "Google Map", comme le souligne l'entreprise, dont Jean-Marc Peyrat, un des cofondateurs de la startup, est le dirigeant, permet ainsi aux praticiens d'intervenir avec une précision maximale sur le cœur à soigner.

Guider les cathéters pour intervenir dans le coeur

Pour traiter les arythmies, les médecins utilisent des médicaments, mais ils peuvent aussi faire implanter un défibrillateur ou encore avoir recours à l'ablation par cathéter des cellules électriques cardiaques défectueuses. Au cours d'opérations qu'inHeart décrit comme "longues, complexes et coûteuses". D'où l'intérêt de ce clone numérique du cœur à traiter.

"Dans les interventions qui se font sans ouvrir le thorax, cette technologie permet de guider les instruments à l'intérieur du cœur pour y brûler les zones à l'origine de l'activité électrique anormale", précise-t-on chez inHeart.

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C'est ainsi que la startup bordelaise propose une solution logicielle sur le cloud de traitement d'images médicales préopératoires qui fournit au cardiologue un cœur numérique 3D du patient. Un travail de fond et de longue haleine qui mobilise énormément de compétences.

"Après plus de dix ans d'une collaboration multidisciplinaire, comme il en existe peu dans le monde, impliquant cardiologues, radiologues, ingénieurs et chercheurs en sciences numériques, nous disposons d'une technologie disruptive qui répond à un vrai besoin clinique", éclaire le professeur Hubert Cochet, radiologue et cofondateur d'inHeart, avec le professeur Pierre Jaïs, le Maxime Serm et Jean-Marc Peyrat.

Un marché à 5 milliards d'euros

'Les arythmies cardiaques sont un problème de santé publique sans solution miracle. Les troubles du rythme cardiaque sont une cause majeure de décès dans le monde. Les solutions proposées aux patients atteints d'arythmies sont encore loin d'être optimales que ce soit avec des médicaments, l'implantation de défibrillateurs ou notamment les interventions d'ablation par cathéter. Celles-ci ne fonctionnent pas toujours du premier coup et doivent être répétées chez 40 % des patients", déroule la direction de la startup.

Dans ce cadre clinique à fort potentiel, inHeart vise logiquement une croissance d'envergure internationale.

"Notre ambition est de devenir un acteur majeur de l'électrophysiologie cardiaque, marché de 5 milliards d'euros occupé par des géants de la santé tels que Johnson & Johnson, Abbott, Boston Scientific ou Medtronic", déroule Jean-Marc Peyrat.

Un modèle révolutionnaire pour Elaia

Un potentiel qui n'a pas échappé à Elaia, qui s'entoure d'experts scientifiques pour boucler ses analyses financières et ses projections de croissance.

"inHeart est la parfaite rencontre entre une technologie de pointe issue de l'Inria et l'IHU Liryc, reconnu comme un institut d'excellence de l'électrophysiologie cardiaque, le tout coordonné par des experts que nous sommes ravis d'accompagner dans cette belle aventure. Leur solution algorithmique de modélisation 3D du cœur révolutionne les interventions d'ablation par cathéter et est déjà déployée à l'échelle internationale, avec d'excellents retours cliniques", argumente ainsi Samantha Jérusalmy, partner Elaia.

Il est probable que la startup ait besoin à moyen terme de réaliser d'autres levées de fonds.

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