Nouveau réseau, conditions de travail : la rentrée mouvementée des transports publics bordelais

Le nouveau réseau de transports publics de Keolis est entré en service ce lundi 4 septembre à Bordeaux Métropole. Au programme : nouvelles lignes de bus, renforcement en heures de pointe et refonte de l'offre vélo. Une rentrée délicate pour l'opérateur qui doit convaincre de l'efficacité de la nouvelle formule, vécue comme une complexification par les usagers. L'opérateur connaît par ailleurs d'importantes difficultés de recrutement et des conditions de travail difficiles.
Maxime Giraudeau
La file d'attente s'est allongée ce lundi 4 septembre à l'agence TBM des Quinconces à Bordeaux pour la mise en route du nouveau réseau de transports.
La file d'attente s'est allongée ce lundi 4 septembre à l'agence TBM des Quinconces à Bordeaux pour la mise en route du nouveau réseau de transports. (Crédits : MG / La Tribune)

Usagers, élus et opérateur savaient que ce lundi 4 septembre serait agité dans les transports bordelais. La forte affluence autour des stations de transports publics leur aura donné raison. En cette rentrée, Keolis inaugure la nouvelle formule de son réseau à Bordeaux Métropole. Présentée au printemps, elle doit répondre à un record historique de fréquentation, avec 171 millions de voyageurs en 2022 contre un peu plus de 169 millions en 2019.

Un réseau remodelé mais qui fait toujours la part belle aux quatre lignes de tramway, mode de transport dominant avec 40 % des voyages effectués dans les transports publics de l'agglomération en 2022. C'est le bus qui connaît les principaux changements, avec pas moins de 40 lignes modifiées. L'exploitation de trois lignes structurantes va être renforcée : deux traversant la métropole du nord au sud et d'est en ouest, et l'autre circulaire intra-rocade. A l'ouest, les zones d'activité vont voir leur desserte renforcée (Aéroparc, Ecoparc, le campus universitaire et Bersol).

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Service à la demande et vélos

La vice-présidente de la Métropole en charge des transports en commun Béatrice de François indique que « beaucoup de nouveautés vont se mettre en place au fil des jours ». L'élue explique que le nouveau réseau vise au report modal du véhicule individuel vers les transports en commun et mobilités douces. Keolis Bordeaux Métropole, reconduit à la tête des transports publics de l'agglomération en juin pour un contrat de 2,2 milliards d'euros jusqu'en 2030, va à ce titre déployer de nouveaux services.

Les iconiques Vcub, vélos en libre-service, vont tous être remplacés d'ici la fin de l'année par des bicyclettes au nouveau design et pour moitié électriques. L'opérateur va par ailleurs lancer un service de transport à la demande, TBM flex', au départ de la place des Quinconces, accessible sur réservation, du jeudi au samedi à 2 et 4 heures du matin. Une formule à retrouver aussi de jour en semaine et/ou les week-ends sur les communes de la presqu'ile au nord de la Métropole, à Artigues à l'est, et au sud sur Floirac et Bouliac. Keolis Bordeaux Métropole va mettre à disposition des applications mobiles pour assurer la prise en main de ces nouveaux services.

Une tentative de suicide chez les salariés

En cette rentrée, la carte du réseau est donc grandement redessinée. Le directeur général de l'opérateur bordelais assume les changements mais reconnaît lui-même que « la complexité est souvent un frein à l'usage ». Ce qu'ont pu vivre de nombreux habitués aujourd'hui, qui vont devoir s'habituer aux nouveautés. « La lisibilité du réseau est problématique. Les choses étaient claires sur le réseau précédent avec les lignes locales en vert, les corols en orange... Maintenant, les Lianes [Ligne à niveau élevé de service, ndlr] vont de 1 à 35, la numérotation n'est pas très claire, les couleurs non plus. Et elles ne correspondent plus à des fréquences : des Lianes ont la même fréquence que des lignes principales », regrette Mickaël Baubonne, vice-président de l'association Métro de Bordeaux.

Un temps d'adaptation qui paraît moins problématique qu'un problème plus structurel : le recrutement et les conditions de travail. Vendredi dernier, un conducteur a fait une tentative de suicide, incriminant dans une lettre les changements imposés par son employeur. De quoi mettre en lumière, une fois encore, les conditions de travail tendues, alors que les salariés s'étaient mis en grève en décembre dernier pour réclamer une revalorisation de leurs salaires. Faisant état de « nouvelles rassurantes » sur la santé du salarié, Pierrick Poirier a informé qu'une enquête interne a été lancée et que les résultats seront présentés en CSE jeudi.

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« La moitié de nos conducteurs vivent un service modifié en cette rentrée de septembre, soit sur leur ligne soit sur leur agenda. C'est massif. C'est quelque chose que nous accompagnons depuis des mois pour faire en sorte que la vie au travail de nos agents soit fluide pour cette rentrée. »

Pierrick Poirier

pierrick poirier keolis

Pierrick Poirier est le directeur général de Keolis Bordeaux Métropole depuis 2020. (crédits : MG / La Tribune)

Des conducteurs à recruter

Le recrutement est l'enjeu majeur pour l'entreprise de 2.800 salariés, où le taux de féminisation ne dépasse pas les 20 %. « Chaque année, pour répondre aux départs, il nous faut recruter 100 conducteurs. Cette année, c'est un peu plus avec le renforcement du réseau. [...] Nous avons encore 90 conducteurs à recruter d'ici la fin de l'année et nous en avons déjà trouvé 72 qui sont inscrits en cycle d'intégration. Il nous manque encore du monde, on y travaille d'arrache-pied », affirme-t-il. Les horaires demandés, avec des salaires qui ne les justifient pas, sont la principale cause des difficultés de recrutement pour de nombreux candidats.

Des ressources humaines que l'opérateur va impérativement devoir assurer pour répondre au défi de performance des transports publics exigé par le contrat passé avec la Métropole. Une délégation que son concurrent Transdev avait d'ailleurs attaquée il y a un an face au manque d'arguments avancés par Keolis pour tenir ses engagements. En ajoutant à cela le retard de livraison des bus électriques néerlandais commandés par la Métropole pour inaugurer la toute première ligne de bus express en juin prochain, l'année des transports publics s'annonce animée.

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Maxime Giraudeau

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