Fermées depuis sept mois, les discothèques girondines ne veulent pas mourir du Covid-19

Les dirigeants de discothèques girondines sont eux aussi associés au mouvement de protestation des patrons de cafés, hôtels, restaurants contre les contraintes sanitaires qui les empêchent de travailler. Contrairement à la plupart des secteurs d'activité, celui des discothèques n'est jamais sorti de l'état d'urgence sanitaire et fait savoir qu'il ne veut pas mourir.
Mobilisation de l'Umih 33 ce vendredi 9 octobre devant Le Monseigneur à Bordeaux, avec au premier plan Sébastien Labeyrie, à gauche, et Laurent Tournier.
Mobilisation de l'Umih 33 ce vendredi 9 octobre devant Le Monseigneur à Bordeaux, avec au premier plan Sébastien Labeyrie, à gauche, et Laurent Tournier. (Crédits : Jean-Philippe Déjean)

Sept mois après le début du confinement, en mars dernier, les discothèques sont toujours fermées pour cause de pandémie de coronavirus. Contrairement à la plupart des autres secteurs, les rois de la nuit n'ont pas pu sortir de l'état d'urgence sanitaire, dont la fin était pourtant fixée en plein été, le 10 juillet. Au moins d'août, Patrick Malvaës, président du Syndicat national des discothèques et lieux de loisirs (SNDLL), évaluait la perte de chiffre d'affaires de ce secteur à 250 millions d'euros.

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Avant d'annoncer, toujours en août dernier, que les mesures de fermeture liées au Covid-19 avaient précipité l'effondrement de 300 discothèques, mises en dépôt de bilan, sur un parc national de 1.600 établissements (contre 2.200 en 2014 -NDLR). Un chiffre qui était sur toutes les lèvres ce vendredi 9 octobre devant l'entrée de la discothèque bordelaise Le Monseigneur. Sébastien Labeyrie est le gérant de cet établissement et s'est associé au mouvement de protestation orchestré depuis une semaine par le chef étoilé Philippe Etchebest (Le Quatrième Mur) avec l'appui national de l'Umih (Union des métiers des cafés, hôtels et restaurants).

Frais fixes : des aides très attendues mais qui n'arriveraient pas

La situation serait d'autant plus critique pour ce secteur d'activité, qu'il n'aurait bénéficié que marginalement des dispositifs d'aides prévus pour les entreprises victimes de fermeture administrative à cause de la pandémie de coronavirus.

Fin juillet Alain Griset, l'ancien patron des chambres de métiers et de l'artisanat, devenu ministre délégué aux Petites et moyennes entreprises (PME), annonçait une aide pouvant aller jusqu'à 15.000 euros mensuel (pendant trois mois) pour couvrir les frais fixes des entreprises touchées par une fermeture administrative (loyers, eau, électricité...) et en premier lieu des discothèques.

Anthony Ringuet Ibaïa

Anthony Ringuet à l'Ibaïa (Agenca Appa/Thibaud Moritz)

"Nous sommes en octobre et, jusqu'ici, 80 % des discothèques et des établissements associés n'ont reçu aucune aide. Depuis sept mois personne n'a jamais rien touché. C'est d'autant plus grave que les discothèques font travailler de nombreux intermittents du spectacle, comme les DJ, mais aussi les personnels de la sécurité, pour ne prendre que ces deux exemples. Les 15.000 euros d'aides annoncées devaient couvrir les mois de juin, juillet, août et ne sont toujours pas arrivées", éclaire Anthony Ringuet, responsable de l'Umih 33 Nuit, patron du restaurant l'Ibaïa, quai des Chartrons, à Bordeaux, et du club flottant La Dame (ex-Dame de Shanghai), amarré au Bassin à flot N°1, quartier Bacalan, où l'on peut dîner et danser, et qui accueille de nombreux DJ à l'année.

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Une demande d'annulation des charges

Condamnées à rester fermées, les discothèques dépendent de ce plan de sauvetage pour espérer survivre. Et l'horizon d'une réouverture à l'horizon du 1er semestre 2021 sonne pour les dirigeants de ces entreprises comme une condamnation à mort. C'est pourquoi l'Umih 33 (Union départementale des métiers des cafés, hôtels et restaurants de la Gironde) présidé par Laurent Tournier (patron du Pinasse Café, au Cap Ferret), a décidé de mettre les boîtes de nuit plus en lumière ce vendredi 9 octobre, et associer la discothèque Le Monseigneur à cette action revendicative.

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"Nous sommes fermés depuis sept mois. Les 14 salariés de notre discothèque sont au chômage partiel. Notre entreprise a bénéficié d'un prêt garanti par l'Etat mais nous perdons de l'argent tous les mois. Nous avons besoin d'être accompagnés et nous demandons une annulation des charges, pas un simple report, parce que sinon nous ne pourrons pas y arriver", explique Sébastien Labeyrie, gérant de la discothèque Le Monseigneur.

Pour le patron de l'Umih 33, la cible c'est la TVA

Les patrons de discothèques, qui estiment avoir mis en place depuis des années des systèmes de ventilation et de renouvellement d'air sans équivalent, et qui se disent parfaitement capables de faire respecter les gestes barrières, ne comprennent pas que le gouvernement leur refuse de rouvrir leurs établissements.

"Nos problèmes durent et perdurent. Nous attendons de pouvoir bénéficier des mesures d'aides prévues dans le cadre du volet 2 du Fonds de solidarité. Ces mesures sont longues à mettre en place mais c'est tout de suite que nous avons besoin de ces aides pour les discothèques. De plus, nous demandons une baisse des charges. Nous demandons au gouvernement de travailler sur une baisse de la TVA, comme cela s'est fait dans d'autres pays, pour la ramener de 12/13 % en moyenne, en fonction des types d'établissements, à 5 ou 6 %", déroule Laurent Tournier.

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