Hectarea lève des fonds pour le financement participatif des terres agricoles

La toute jeune startup Hectarea vient de lever 500.000 euros pour développer sa plateforme participative de financement des terres pour des agriculteurs candidats à l'installation. Comme d'autres avant elle, la structure veut répondre au problème de vieillissement de la profession, mais en portant un modèle foncier qui invoque la rentabilité à tout prix.
Maxime Giraudeau
Environ 14.000 agriculteurs s'installent chaque année quand 20.000 arrêtent leur activité en France selon la Cour des Comptes.
Environ 14.000 agriculteurs s'installent chaque année quand 20.000 arrêtent leur activité en France selon la Cour des Comptes. (Crédits : Creative Commons)

En France, on sait que près d'un agriculteur sur deux aura atteint l'âge de la retraite d'ici dix ans. Le seul moyen d'éviter l'effondrement démographique : installer à tour de bras. Si des acteurs historiques comme Terres de Lien œuvrent pour favoriser l'accès au foncier pour les jeunes agriculteurs, de nouvelles pépites issues de la tech sont apparues ces dernières années. C'est le cas de Fermes en vie, Eloi ou Miimosa qui mobilisent toutes des fonds pour sauver l'agriculture. Il faut aussi désormais compter sur Hectarea.

La jeune pousse a été créée en novembre 2022 pour « permettre au particulier d'investir facilement dans la terre agricole » et de « financer l'acquisition du foncier pour l'agriculteur qui s'installe. » Basée en Gironde, au sud de Bordeaux, Hectarea veut mobiliser l'épargne des particuliers pour les faire devenir copropriétaires de terres agricoles mises à la vente. L'objectif est le même que celui poursuivi par les autres sociétés : lever les freins à l'installation alors que le foncier constitue le premier obstacle financier pour les jeunes agriculteurs. Un problème si important qu'il y a encore largement de la place sur le marché, juge Paul Rodrigues, le cofondateur d'Hectarea.

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1.000 investisseurs particuliers en attente

« Beaucoup de porteurs de projet cherchent à se financer. Les solutions déjà proposées regroupent quelques dizaines de millions d'euros, sur un marché de la transaction agricole qui s'élève à sept milliards d'euros. Il faut des structures avec des modèles différents pour pouvoir répondre à un maximum de candidats à l'installation », justifie-t-il.

Les porteurs de projets agricoles sont d'abord identifiés et sélectionnés selon des critères de rentabilité de leur dossier. La startup travaille ensuite avec les chambres d'agriculture, les Safer, services de l'État et collectivités pour cibler des exploitations à reprendre. D'ici quelques mois, des projets à financer seront proposés sur la plateforme où patientent d'ores-et-déjà un millier d'investisseurs particuliers. Ceux-là deviendront copropriétaires de terres, via une société dédiée à l'acquisition, où s'installeront des agriculteurs en contrat de fermage. Les montants locatifs sont indexés par des arrêtés préfectoraux selon les départements et les types de culture, afin de protéger l'exploitant. Le taux de rentabilité pour l'investisseur pourra varier autour de 3 %, promet la jeune pousse.

Exigences de rentabilité

La particularité d'Hectarea par rapport à ses homologues est la possibilité pour l'agriculteur, qui contractualisera un bail de 18 ans, de racheter les terres aux particuliers s'il le souhaite au bout de quelques années. De quoi laisser une porte ouverte à la spéculation sur le foncier agricole, qui pourrait profiter aux investisseurs. Le dirigeant, issu du monde agricole et diplômé d'une école de commerce, défend cette vision plus flexible et axée sur la rentabilité, tant pour l'exploitant que pour l'investisseur.

« On veut s'inscrire dans un modèle concret avec un business plan solide qui soit source de rentabilité, on ne veut pas financer des choses à perte. Il faut soutenir l'agriculture qui nous nourrit et qui fonctionne », plaide-t-il. Avec l'autre cofondateur, Adime Amoukou, les deux jeunes dirigeants viennent de boucler une levée de fonds de 500.000 euros auprès d'investisseurs du monde agricole (Ynsect, Agriconomie, Terroirs d'avenir, EMC2), de la collecte d'épargne (Enerfip, Nalo, Papisy) et de la tech (Recommerce, Doctolib, Grasp). L'argent frais doit permettre d'affiner le développement de la plateforme numérique et de recruter cinq à six personnes durant l'année à venir.

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Maxime Giraudeau

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Commentaires 2
à écrit le 21/10/2023 à 8:36
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Le problème de l'agriculture c'est l'agro-industrie et seulement elle. Le pire ennemi de l'agriculteur est celui qu'il croit être de son côté, c'est terrible, un piège parfait pour une profession qui a été dévastée par la déscolarisation les exposant...

à écrit le 19/10/2023 à 19:49
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De nombreux agriculteurs louent des terres plutôt que de les acheter , reste encore à financer bâtiments, matériels, semences ou cheptel etc...Mais l'investissement le plus lourd est celui du temps passer aux travaux courants et surtout aux aléas con...

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