Comment la cimenterie d'Airvault veut réduire d'un quart ses émissions de CO2

Un investissement de 285 millions d'euros pour l'un des sites les plus émetteurs de CO2 de Nouvelle-Aquitaine. Le projet de modernisation des équipements de la cimenterie d'Airvault, dans les Deux-Sèvres, doit permettre au groupe Ciments Calcia de réduire de 27% ses émissions carbone tout en doublant sa productivité. À condition que la crise énergétique ne lui impose pas de mettre la clé sous la porte, prévient son directeur.
Le projet de modernisation des équipements de la cimenterie d'Airvault, dans les Deux-Sèvres, doit lui permettre de réduire de 27 % ses émissions de CO2 tout en doublant sa productivité.
Le projet de modernisation des équipements de la cimenterie d'Airvault, dans les Deux-Sèvres, doit lui permettre de réduire de 27 % ses émissions de CO2 tout en doublant sa productivité. (Crédits : Cimenterie d'Airvault)

Réduire de 27 % les émissions de CO2 par tonne de ciment produite. Tel est l'objectif que se fixe le groupe Ciments Calcia à travers la modernisation de son site d'Airvault dans les Deux-Sèvres, qui l'un des plus émetteurs de la région avec 480.000 tonnes de CO2 émises en 2020. Le projet : rénover 80 % des équipements d'ici 2025, pour un montant colossal de 285 millions d'euros.

"Il s'agit de la transformation de process la plus lourde réalisée en France par le groupe, qui investit 450 millions d'euros pour la décarbonation de ses quatre sites français », résume le directeur de la cimenterie Bruno Manivet, rappelant le caractère très intégré du site d'Airvault. "Les carrières d'argile et de calcaire sont à proximité et tout le process est réalisé in situ".

À savoir, le concassage des pierres, leur broyage, leur cuisson et leur refroidissement pour produire le clinker, puis le broyage de ce dernier et l'ajout de divers composants minéraux pour aboutir aux différentes qualités de ciment.

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Une nouvelle tour à cyclones

Plus précisément, il s'agit de "remplacer toute la ligne de cuisson et de moderniser les ateliers de broyage", poursuit Bruno Manivet. Pièce maîtresse de ce nouveau process : la "tour à cyclones", de 135 mètres de haut, où sera préchauffée la farine issue du broyage des pierres de calcaire et d'argile, avant que sa cuisson ne soit terminée dans un nouveau four rotatif de 70 mètres de long et 4,6 mètres de diamètre.

Ces deux équipements seront complétés de nouveaux brûleurs, alimentés à 12 % par du gaz et à 88 % par des combustibles alternatifs (notamment des déchets non récupérables). "Avec ce nouveau process, nous allons substituer la totalité de la consommation annuelle de charbon et de coke de pétrole, et multiplier par 15 l'utilisation des combustibles alternatifs", souligne à cet égard le directeur. L'amélioration de la performance globale de la ligne permettra aussi de réduire la consommation thermique de 14 %, en partie grâce à la récupération de l'énergie de cuisson.

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Quant à la modernisation des ateliers de broyage, au sein desquels le clinker obtenu en sortie de four est transformé en ciment, elle permettra d'améliorer la flexibilité des installations, "pour s'adapter plus rapidement à l'évolution de la demande" des 300 clients que compte aujourd'hui la cimenterie, indique encore Bruno Manivet.

Doubler la production

Soutenu à hauteur d'un million d'euros par la Région, et lauréat de l'appel à projets "décarbonation" de France Relance (pour un montant que le groupe ne souhaite pas divulguer à ce stade), le projet a aussi vocation à doubler la productivité du site, pour passer de 830.000 à 1,65 million de tonnes de ciment produites annuellement.

De quoi pérenniser l'emploi des quelque 130 salariés du site et développer les filières locales liées aux activités de la cimenterie, espère Bruno Manivet. "L'usage des combustibles alternatifs va développer les emplois indirects dans la filière CSR (combustibles solides de récupération). Nous aurons besoin de 150.000 tonnes de CSR chaque année, c'est un débouché potentiel pour le Smited (Syndicat mixte traitement et d'élimination des déchets des Deux-Sèvres)."

De quoi aussi limiter l'impact d'une crise énergétique qui menace malgré tout sévèrement l'activité de la cimenterie.

"En un an le prix moyen de l'électricité a bondi de 110 % entre juin 2021 et juin 2022, celui du gaz naturel de 97 %, celui du charbon de 129 %. La décision d'investir à Airvault a été basée sur un accès à une électricité supposée décarbonée et compétitive. Mais face à l'augmentation massive et inédite des prix de l'énergie et devant les incertitudes liées au fonctionnement du parc nucléaire français, il y a clairement un risque d'arrêt de notre activité de production à très court terme", prévient pour finir le directeur de la cimenterie. "Il est essentiel que le gouvernement français intègre le secteur cimentier dans le dispositif des aides d'urgence dans le cadre des discussions en cours aux niveaux national et européen."

Lire aussi« Le ciment reste un poste impressionnant d'émission de CO2 » (Marjolaine Grisard, Nexity)

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Commentaire 1
à écrit le 10/11/2022 à 12:27
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Sinon retour à Tautavel, il faudra travailler cela avec nos bobos écolos pour nous accorder le droit de retour aux cavernes

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