Materrup inaugure sa première usine à ciment bas carbone et détaille sa feuille de route

Avec son ciment à base d'argile crûe et locale, la startup landaise Materrup compte rapidement conquérir la France et l'Europe pour contribuer à décarboner la construction. Sa première usine pilote, en service depuis février, a été inaugurée ce vendredi 9 septembre.
L'équipe dirigeante de Materrup, vendredi 9 septembre 2022, lors de l'inauguration de l'usine pilote à Saint-Geours-de-Maremne (Landes).
L'équipe dirigeante de Materrup, vendredi 9 septembre 2022, lors de l'inauguration de l'usine pilote à Saint-Geours-de-Maremne (Landes). (Crédits : AH / La Tribune)

"Cette usine n'est qu'une première étape, car nous souhaitons faire de l'impact !". Mathieu Neuville, PDG de Materrup, l'a répété plusieurs fois devant ses vingt salariés, ses partenaires et soutiens réunis pour l'inauguration vendredi 9 septembre. Implantée à Saint-Geours-de-Maremne (Landes), construite en un an avec un budget de sept millions d'euros et opérationnelle depuis fin janvier, cette unité de production a une capacité de 50 kilotonnes de ciment.

Formule protégée par 35 brevets

L'innovation consiste en sa fabrication à base d'argile et non de calcaire selon une formule déjà protégée par 35 brevets. Ce procédé ne nécessite pas de cuisson et émet ainsi entre 50 % et 80 % de moins de CO2 que le ciment classique. Une réduction très significative pour ce matériau permettant de lier le sable et les cailloux dans le béton, mais dont la seule production génère 7 % des émissions mondiales selon l'Association mondiale du ciment et du béton (GCCA). Soit trois fois plus que le transport aérien et plus que l'ensemble des émissions des pays européens.

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Mathieu Neuville a en effet créé Materrup en 2018 avec son frère jumeau Charles et l'épouse de ce dernier, Julie Neuville (associée), ainsi que Manuel Mercé (directeur du développement), pour, comme le nom de la startup l'indique, "upcycler" la terre :

une "ressource nouvelle, qui est souvent un déchet comme dans le cas des terres d'excavation, mais surtout naturelle, abondante et locale. Ainsi, nous voulons contribuer à la décarbonation de la filière, mais en travaillant non pas à la place de mais avec tous les acteurs existants", a souligné celui qui a débuté comme ingénieur chez Total et Lafarge.

"Ni gaz, ni pétrole, seulement de l'électricité"

"La production de notre ciment ne nécessite ni gaz, ni pétrole mais uniquement de l'électricité, partiellement produite par nos panneaux voltaïques", a précisé Charles Neuville, directeur financier, devant les sacs de ciment couleur ocre, qui peut aussi se mêler au chanvre et au bois, et dont la performance équivalente a été certifiée en juin par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).

Usine Materrup

L'inauguration de l'usine s'est faite en présence des responsables politiques régionaux et nationaux (crédits : AH / La Tribune).

"Nous ne réindustrialisons pas nos régions en fermant des usines en Chine », a appuyé Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, saluant l'audace du quatuor. Xavier Fortinon, président du conseil départemental des Landes, a souligné la volonté du département de garder son empreinte industrielle (17% du PIB versus 11% en moyenne au niveau national) tout en rappelant les critiques précédant la création de la zone d'activités d'Atlantisud. "Il est nécessaire de prévoit des réserves foncières pour que de tels projets puissent éclore", a-t-il estimé. Et Pierre Froustey, président de la Communauté de communes Maremne Adour Côte-Sud, d'ajouter : "Aujourd'hui, 1.500 salariés travaillent sur cette zone d'activité où un véritable écosystème d'entreprises innovantes est née. Domolandes avec sa pépinière et hôtel d'entreprises où Materrup a commencé, est en cours d'extension".

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Financer l'industrialisation

Si Materrup avait rapidement convaincu différents partenaires financiers -publics, dont la Région, le département des Landes et l'Etat à travers l'Ademe et le plan France Relance, comme privés-, ses dirigeants savent qu'ils doivent démontrer désormais qu'ils sont capables de monter en puissance. "La demande est là ! Nous sommes en contact avec des constructeurs, des aménageurs, des villes dont Bordeaux et Paris (avec la Société du Grand Paris qui pilote le chantier du métro du Grand Paris Express, ndlr) en France, mais aussi en Europe", a annoncé Mathieu Neuville, en remerciant le premier partenaire local (le groupe de BTP basque Duhalde), premier partenaire national (le constructeur national Demathieu Bard), premier client (Société d'aménagement des territoires et d'équipement des Landes) et le premier fournisseur (le fabricant de tuiles Edilians, basé dans la commune voisine de Saint Geours d'Auribat).

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"Baisser notre prix, notamment en trouvant de la matière première moins chère et en augmentant les volumes, est un élément clé pour devenir une alternative écologique et économique. La hausse des prix de l'énergie et du carbone nous sont favorables", a poursuivi Charles Neuville.

Il reste à trouver des fonds pour financer ce développement éclair : les dirigeants, qui avaient levé trois millions d'euros en octobre 2020, n'ont pas manqué de rappeler aux différents représentants présents la complexité pour une startup de trouver des fonds en France. "Nous vous accompagnerons pour garder la maîtrise de votre procédé et de votre capital", a promis Alain Rousset.

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