Ford Aquitaine Industries : la dépollution des sols et des eaux va bientôt commencer

Alors que des salariés de l'usine Ford Aquitaine Industries (FAI), fermée en 2019, continuent à contester leurs licenciements, le groupement d'entreprises choisi par le groupe Ford pour assurer la dépollution des sols et des eaux souterraines de l'ancien site industriel girondin a été dévoilé. Presque totalement rasée dans la réalité physique, l'entreprise Ford Aquitaine Industries continue à exister sur le plan juridique. (Réactualisé 23/08/2021)
Le démantèlement des installations de surface touchera bientôt à sa fin.
Le démantèlement des installations de surface touchera bientôt à sa fin. (Crédits : Suez Remediation)

En juin dernier les commissions de suivi des salariés de l'ex-usine Ford Aquitaine Industries (FAI), à Blanquefort (Gironde), devaient s'arrêter de fonctionner, sachant que 483 ex-FAI étaient en congés de reclassement dans le cadre de leur procédure de licenciement (sur un total de 849 emplois directs détruits), et que plusieurs ex-FAI, dont le syndicaliste CGT et homme politique Philippe Poutou, passaient devant le Conseil des prud'hommes pour y contester les motifs de leurs licenciements par le groupe Ford. Sur le terrain, l'usine de FAI n'existe plus qu'à l'état de traces, essentiellement sous forme de grands tas de gravats. Ce qui n'empêche pas le comité d'entreprise de disposer encore de ses locaux, qui sont parmi les derniers bâtiments encore debout, et l'entreprise de continuer à vivre sa vie juridique de personne morale, comme en témoigne le site Infogreffe.

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Ce mercredi 28 juillet 2021 la composition du groupement d'entreprises chargé du marché de la dépollution des eaux souterraines et des sols attachés à l'ancien site de FAI sélectionné par le groupe Ford a été rendue publique. Il s'agit de Suez IWS remediation, Spie Batignolles valérian et Valgo. Dans un communiqué, le groupement sélectionné souligne tout d'abord que les déchets issus du démantèlement complet de l'ancienne usine de fabrication de boites de vitesses automatiques sont gérés par des équipes de Suez recyclage et valorisation. Ce chantier de démolition de l'usine lancé depuis dix mois devrait s'achever d'ici deux mois et générer au total 5.000 m3 de déchets qui seront "traités, éliminés ou valorisés en fonction de leurs caractéristiques" par les filiales du groupe Suez.

Dépollution puis réemploi des terres dans le chantier

Le traitement des sols et des eaux souterraines constitue l'étape suivante au démantèlement de l'usine en surface.

"Les sols pollués excavés seront traités en fonction de leur concentration en polluants et la majeure partie des terres dépolluées sera réutilisée sur le chantier", souligne le groupement.

Rappelons que l'usine de Ford Aquitaine Industries, consacrée à la fabrication de boîtes de vitesses automatiques haut de gamme, a été mise en service en 1970, inaugurée en 1973 et fermée en 2019. Pendant des dizaines d'années elle a été la seule usine Ford au monde à fabriquer depuis l'étranger des pièces automobiles pour le marché américain.

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Plusieurs mois avant sa fermeture, les machines les plus sophistiquées ont commencé à partir vers Dearborn, dans la banlieue de Détroit (Michigan) où se trouve le siège de Ford et où le groupe continue à fabriquer des boites de vitesses automatiques identiques à celles de Blanquefort. Sachant que quelques machines sont restées en Nouvelle-Aquitaine pour aider à la formation des apprentis dans les métiers de l'automobile.

Des terrains dont personne ne sait encore quel sera l'emploi précis

La destination de l'énorme emprise foncière occupée par Ford à Blanquefort a été l'un des sujets de négociation les plus brûlants entre le constructeur automobile américain, les élus de la Région et de Bordeaux Métropole ainsi que les représentants de services de l'Etat. Aujourd'hui seul a commencé à être réglé le sort du terrain des Circuits, une coquille foncière de près de 13 hectares propriété de Bordeaux Métropole et située face au site de l'ancienne usine de FAI, qui de son côté dépasse les 70 hectares. Soit au total un ensemble plus de 80 hectares.

Bordeaux Métropole, présidé par Alain Anziani (PS), a décidé d'attribuer une première partie de ce terrain des Circuits au projet d'usine de fabrication de piles à combustible porté par Hydrogène de France (HDF Energy). Personne ne sait encore ce que va devenir le terrain proprement-dit de l'ex-usine FAI. Ford reste propriétaire de ce foncier mais ne peut pas en disposer sans l'accord de Bordeaux Métropole, dont les élus se sont accordés un droit de regard sur les futurs projets d'implantation, afin de vérifier qu'ils correspondent bien aux intérêts du territoire.

C'est ainsi que la collectivité a refusé que le constructeur automobile américain autorise Amazon à implanter sur les anciens parkings de l'usine un énorme centre logistique. Une décision tout à fait cohérence avec le refus d'autoriser l'installation d'un grand centre logistique international dédié au vin sur le terrain des Circuits. Véronique Ferreira, la maire (PS) de Blanquefort, également vice-présidente de la Métropole, ne risque pas de dévier de cet axe industriel et compte bien tirer à vue sur toutes les propositions qui n'entrent pas dans ce cadre métropolitain. Même s'il n'y a guère de suspense, le conseil des prud'hommes devrait se prononcer sur les licenciements des salariés de FAI en octobre prochain.

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