« On ne résout pas la crise du logement avec des slogans ! »

« Dissolution ou pas, élections ou pas, changement ou pas, le besoin de logement augmente ! » L'Union régionale HLM Nouvelle-Aquitaine a profité de son assemblée générale ce 24 juin pour alerter sur la crise qui continue de miner les bailleurs sociaux. Au Parlement, l'examen du projet de loi sur le logement abordable est suspendue à cause des législatives anticipées.
Maxime Giraudeau
Jean-Luc Vidon, Emmanuelle Cosse et Muriel Boulmier ont alerté sur la place de la crise du logement dans l'agenda politique ce 24 juin à Bordeaux.
Jean-Luc Vidon, Emmanuelle Cosse et Muriel Boulmier ont alerté sur la place de la crise du logement dans l'agenda politique ce 24 juin à Bordeaux. (Crédits : MG / La Tribune)

C'est une réunion qui tombe à pic dans un moment particulier. L'Union HLM Nouvelle-Aquitaine tenait ce 24 juin son assemblée générale à la Cité du Vin à Bordeaux. Un événement qui a rassemblé tout ce que le secteur de l'habitat social compte de bailleurs et d'offices publics en difficulté avec le coup d'arrêt porté à la construction par la hausse des taux d'intérêt. Dans cette tourmente qui dure depuis deux ans, la crise s'intensifie : la France compte 2,6 millions de ménages en attente d'un logement social. Bordeaux Métropole a dépassé la barre des 50.000 dossiers, soit presque un tiers des 178.000 demandes enregistrées en Nouvelle-Aquitaine. Une pluie de tristes records.

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La crise du logement se retrouve télescopée par l'actualité politique brûlante des élections législatives anticipées. Le projet de loi sur le logement abordable, porté par le ministre Guillaume Kasbarian, propose des pistes pour faciliter les opérations des bailleurs et une réforme de la lois SRU décriée par certaines métropoles. Il devait être examiné à la fin du mois au Sénat mais son passage a été suspendu. « Dissolution ou pas, élections ou pas, changement ou pas, le besoin de logement augmente quand l'offre se sclérose ! [...] Notre question, éloignée des grandes idées sur l'état du monde, reste : "Et le logement dans tout ça ?" », demande Muriel Boulmier, présidente de l'Union régionale HLM.

« Fournir un toit sans aucune forme de discrimination »

Entre une « préoccupation majeure laissée en jachère » par l'ancien gouvernement et un projet de loi « inégal dans son contenu », l'habitat social veut garder sa place dans l'agenda politique. La relance des programmes de constructions neuves espérée pour 2024 est désormais en suspens, alors que plusieurs collectivités, dont Bordeaux Métropole, ont consacré des enveloppes pour faire redémarrer la construction. Certains programmes en attente pourront être reportés, mais pas tous préviennent les structures du secteur. Le nombre d'opérations de logements sociaux en difficulté s'élevait déjà à 6.400 dans la région en juin 2023 selon l'Union, dont 25 % menaçaient d'être abandonnés.

À propos du Rassemblement national qui pourrait remporter les législatives, le secteur pointe une dissonance de valeurs. À l'image d'Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat : « La période est difficile car ce qui a toujours mobilisé le secteur HLM depuis 100 ans, c'est de fournir un toit aux personnes précaires, et ça, sans aucune forme de discrimination », fait-elle résonner.

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Une politique structurelle

Invitée à se prononcer sur les programmes des blocs de gauche, du centre et d'extrême droite, celle qui était ministre du Logement dans le gouvernement Valls évoque au sujet de Renaissance « un programme qui fait son mea culpa pour ne pas avoir traité la question du logement » et au sujet du Rassemblement national « un programme qui vise à déroger à la Constitution et au cadre du droit. Ce n'est pas en sortant des personnes du système HLM que l'on va arrêter la crise. » Dans tous les cas, le secteur en appelle à une politique de long terme et de soutien massif au logement social, avec cette interpellation d'Emmanuelle Cosse : « On ne résout pas la crise du logement avec des slogans ! »

Parmi les demandes pressantes du secteur, la suppression du dispositif de réduction du loyer de solidarité (qui applique depuis 2018 une ponction sur les loyers perçus par les bailleurs sociaux), la possibilité d'accéder au foncier des collectivités à prix avantageux ou une plus grande proximité avec les élus locaux pour planifier les projets. Des mesures structurantes sont en tout cas attendues. « Aucune réforme ne peut être satisfaisante quand il y a un tel écart entre l'offre et la demande de logements », clame Jean-Luc Vidon, président de la Fédération nationale des associations régionales HLM. 8.886 logements ont été agrées dans le parc social en Nouvelle-Aquitaine en 2023, soit le deuxième plus bas niveau (sans compter 2020, l'année du Covid), depuis la fusion des régions en 2016.

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Maxime Giraudeau

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