Bordeaux Métropole : 50.000 logements "désirables" et pas chers

Les 50.000 logements sont moins un appel à la densification de l’habitat qu’à la qualité de nouvelles constructions, ce qui fait qu’il est agréable de vivre en appartement à Bordeaux Métropole. C’est le message que les élus pilotes de l’opération tiennent à faire passer, un an avant les prochaines municipales. Le programme se déploie lentement mais sûrement avec de puissantes accroches tarifaires, calées à 2.500 €/m2 parking compris…
Le programme des 50.000 logements est appelé à se déployer dans la plupart des communes métropolitaines.
Le programme des 50.000 logements est appelé à se déployer dans la plupart des communes métropolitaines. (Crédits : Agence APPA)

Le programme des "50.000 logements autour des axes de transports collectifs" vient d'être relooké sans changer d'objectif. Sa nouvelle dénomination a été annoncée ce mercredi matin lors de la présentation du bilan étape de ce programme urbain emblématique, à l'hôtel de Bordeaux Métropole, en présence de Patrick Bobet, président de la Métropole, Jacques Mangon, 1e vice-président en charge de l'urbanisme, et Jérôme Goze, directeur de La Fab. Elle se veut apaisante, pour ne pas dire plus séduisante. "Habiter, s'épanouir - 50.000 logements accessibles par nature" : la nouvelle appellation du programme invite à en savoir plus, un peu comme l'accroche d'un nouveau programme immobilier.

Une façon habile d'amortir l'impact psychologique négatif dans la population de ce programme urbain à 50.000 logements lancé en son temps Vincent Feltesse, précédent président (PS) de la communauté urbaine.

"Le bilan étape réalisé par la Fab, qui est le bras armé de la Métropole pour l'aménagement urbain, montre que le programme des 50.000 logements autour des axes de transports collectifs va en s'accélérant. En décembre 2018, 24 permis de construire correspondant à 3.000 logements ont été validés. Et c'est près de 11.500 logements qui seront produits dans les années qui viennent, d'ici 10 à 15 ans. Le programme des 50.000 logements ce n'est pas que du quantitatif mais aussi du qualitatif" a éclairé Patrick Bobet.

2.500 €/m2 : pas encore à 30 %

600 de ces logements ont été livrés et sont habités, 1.500 autres seront livrés en 2020. A ce stade du bilan étape dressé en décembre dernier, 36 % des logements programmés sont des logements sociaux, 20 % en accession sociale et abordable, et 44 % en privé. La Fab reconnaît que l'objectif en matière de logement abordable, soit la livraison d'appartements neufs à 2.500 €/m2 parking compris, n'est pas encore atteint puisqu'il plafonne encore à 20 % contre 30 % attendu.

"Face à la crainte des administrés vis-à-vis de la densification, il est plus positif de parler d'envie, de désir et de donner un autre nom à cette opération qui fait peur parce qu'elle rappelle le thème de la métropole millionnaire. Les habitants veulent aujourd'hui des logements augmentés, avec plus de connexions, et en prise sur la nature. Il faut revoir le mode de financement de ces logements et démontrer que l'on peut vivre en appartement, dès l'instant que les aménités viennent se greffer dans l'habitat" décrypte sans fard Patrick Bobet.

Nouveaux logements, une variable électorale clé

Le programme des 50.000 logements et la thématique de la métropole millionnaire sont des mots d'ordre que Vincent Feltesse, ex-président (PS) de la communauté urbaine, a porté comme autant d'étendards, et qui ont puissamment contribué à l'échec de la gauche lors des municipales de 2014. Le centriste Jacques Mangon, maire de Saint-Médard-en-Jalles, pharmacien et désormais patron de l'urbanisme métropolitain, en sait quelque chose puisqu'il s'est imposé comme la figure de proue de ce combat municipal environnementaliste de 2014, aux tonalités d'écologie politique, qui a entrainé l'effondrement de la gauche. Parce qu'il a compris, avec les autres élus centristes et de droite de la coalition Communauté d'avenir, présidée par Alain Juppé, à quel point les habitants de la communauté paniquaient à l'idée de voir arriver 200.000 à 300.000 nouveaux habitants d'ici 2030.

Les prochaines élections municipales ont lieu en 2020 et il était sans doute temps de solder le passé.

"C'est un moment opportun pour voir où nous en sommes, de faire un bilan sur la maturité du projet, les livraisons. Il fallait changer de nom parce qu'il ne rendait pas bien compte de la réalité. 50.000 logements près des axes de transport, très bien. Mais il y a aussi une question de qualité, avec des logements vraiment abordables, à 2.500 €/m2 parking compris. Cette qualité il ne faut pas la galvauder et elle n'est pas mise en valeur avec cette attaque quantitative chiffrée, qui rappelle le spectre de la métropole millionnaire" a subtilement confirmé Jacques Mangon.

Le Bouscat, une belle vitrine pour le programme

Patrick Bobet, maire du Bouscat, une banlieue résidentielle de Bordeaux où les habitants ont un niveau de vie moyen très nettement supérieur à la moyenne métropolitaine, donne l'exemple avec la construction d'un programme de 400 logements qui s'inscrit dans celui des 50.000 logements.

"Nous avons fait beaucoup de concertation. Qui aurait pu parier il y a cinq ans que nous réussirions à construire un programme de logements de huit étages au Bouscat ? Pourtant nous y arrivons. Ce programme situé sur l'avenue de la Libération s'étend sur quatre hectares et je savais déjà, avant son lancement, que ça passerait. Parce que quatre hectares c'est la taille moyenne des programmes que nous lançons. A 600 logements c'était l'échec assuré" diagnostique le maire qui est aussi médecin.

Si ce projet des 50.000 logement accélère, il n'est pas interdit de rappeler qu'il a démarré très lentement et qu'il n'a pas encore atteint sa vitesse de croisière.

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Commentaires 3
à écrit le 28/03/2019 à 12:48
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Tant qu'on laissera la spéculation nuire dans ce secteur vital qu'est le logement n'importe quelle bonne idée de départ peut très rapidement se transformer en cauchemar. Si vous voulez sauver Bordeaux il faut la préserver de l'avidité nihiliste d...

à écrit le 28/03/2019 à 9:17
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La copro, jamais.

à écrit le 27/03/2019 à 17:42
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Feltesse nous a deja fait le coup de la "métropole milionnaire" qui flattait l'ego du bordelais mais qui s'est traduit par une envolée spéculative du prix du logement... Sans que la majorité en place a la CUB et avant tout son président n'aie le cour...

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