![La maison a été installée dans le jardin d'un particulier dans le Haut-Médoc.](https://static.latribune.fr/full_width/2399094/koji.jpg)
En décembre 2023, au moment de l'inauguration d'InnoGaronne à Bassens, il n'y avait qu'un plancher. Le 26 juin dernier, c'est un habitat terminé qui a quitté les locaux de ce site métropolitain dédié à l'accueil des activités innovantes en faveur de la décarbonation et de l'écoconstruction.
Le départ de Bassens en convoi exceptionnel, le 26 juin. (crédits : Koji)
De la conception à la livraison dans le jardin d'un particulier à Grayan-et-l'Hôpital, à 90 km de là, dans le haut Médoc, il aura fallu neuf mois à l'équipe de Koji pour aboutir à ce résultat : un T3 de 50 m2 composé de deux blocs qui s'emboîtent.
Mais à terme, Koji promet que le temps de construction sera réduit à quatre mois puis à un mois quand l'entreprise sera rentrée en phase industrielle. Car telle est bien l'ambition : la jeune pousse vise la vingtaine de salariés dans les six à sept ans.
L'arrivée à Grayan-et-l'Hôpital. (crédits : Koji)
Pas de chantier, pas de nuisances, des délais raccourcis
En attendant, ce premier projet fait office de pilote. « Nous avons travaillé en faisant du rétro-engineering, nous avons réalisé nous-mêmes les travaux en nous appuyant sur des acteurs de Coop & Bat, la coopérative du bâtiment responsable voisine », explique Benjamin Laclau, co-fondateur et directeur général de Koji et spécialiste de la construction hors-site. Le principe : fabriquer des bâtiments en usine et les transporter totalement finis avec une livraison par convois exceptionnels. « Nous changeons les paradigmes de la construction » souligne-t-il.
« Il y a plusieurs avantages à la construction hors site à commencer par l'absence de chantier et donc de nuisances. Les matériaux ne sont jamais à l'extérieur donc jamais exposés aux intempéries. Or, il faut savoir qu'un isolant qui prend l'eau isole deux fois moins. Nous maîtrisons par ailleurs des délais raccourcis du fait de l'optimisation du process. Tout s'enchaîne comme dans une usine. Enfin, cela ne concerne pas le client directement, mais le hors site apporte de la sécurité aux salariés », explique Benjamin Laclau.
Tout en poussant les curseurs du développement durable
Au-delà du hors-site Koji a aussi souhaité pousser les curseurs du développement durable au maximum. Les bâtiments sont de conception bioclimatique. Les ouvertures sont uniquement situées au Sud mais une casquette solaire en bois permet au soleil de ne pas taper directement sur les fenêtres. La terre crue dans les planchers est utilisée en remplacement du béton et les calories d'eau chaude récupérées pour réchauffer l'eau propre.
Le bardage est quant à lui en bois, en pin des Landes de Gascogne brûlé dans le cas du module pilote, « une technique de traitement ancestrale, à vie sans grisement du bois et qui empêche l'attaque du bois », explique Benjamin Laclau.
Entre 2.600 et 3.600 le m2
Le prix ? « 2.600 euros le m2 pour le module à nu. 3.600 euros en moyenne avec les options, type terrasse. Nous nous fournissons en sortie d'usine ce qui réduit très fortement les coûts », explique Beranger Arnarez, co-fondateur. Pour acheter en gros, elle a travaillé avec la coopérative d'achat locale Artbois. En ajoutant à cela l'industrialisation du process, Koji assure être compétitif dans un contexte où le coût des matériaux a fortement augmenté et où le prix du foncier est en hausse constante.
Plusieurs usages sont envisagés pour ces habitats. « Installés dans un jardin, ils pourront servir de dépendance pour accueillir famille et amis ou d'espaces de travail. Certains cabinets de bien-être ont des difficultés à trouver des sites chaleureux à des prix accessibles. Nous constituons une alternative. Nos modules pourront également être utilisés pour de l'investissement locatif », avance Benjamin Laclau qui maintient vouloir croitre sans levée de fond.
« Nous souhaitons avoir un premier niveau de clientèle et un niveau de développement qui nous permettra de faire monter la valeur de l'entreprise. Et surtout nous ne voulons pas se mettre en risque avec des investissements trop lourds dès le début. Il y a eu trop de crashs dans ce secteur », avance-t-il avec prudence.
Un appel à projets est lancé pour rejoindre l'incubateur InnoGaronne Après l'installation des premières entreprises dont Koji au sein d'InnoGaronne, Bordeaux Technowest, la Ville de Bassens et Bordeaux Métropole ont lancé, le 27 juin, un appel à projets pour encourager et valoriser les porteurs de projets innovants qui souhaiteraient intégrer les lieux et bénéficier de six mois d'accompagnement professionnel gratuit. Les candidats doivent s'inscrire dans les filières économiques en lien avec : Les postulants ont jusqu'au 29 septembre pour déposer leur dossier. Le jury de sélection se réunira à l'automne. L'ancien site industriel Lafon qui a par la suite accueilli l'entreprise Madic est voué à devenir un pôle d'innovation tourné vers la décarbonation industrielle et les activités liées à l'économie circulaire.
Sujets les + commentés