ETI, IA générative, recrutements : Inetum muscle encore son jeu en régions

ENTRETIEN. « Nous avons déjà formé un tiers de nos 10.000 salariés français à l'IA générative », annonce à La Tribune Normann Hodara, le CEO France d'Inetum (ex GFI Informatique). C'est depuis Bordeaux qu'il présente le plan de croissance de cette entreprise de services numériques qui reste un challenger sur le marché tricolore. Inetum mise sur les régions et les ETI françaises pour nourrir sa forte croissance avec l'ambition de doubler de taille d'ici à 2026.
Normann Hodara, entré chez GFI Informatique il y a 20 ans, est désormais le directeur général France d'Inetum et de ses 10.000 salariés dans l'Hexagone sur un effectif total de 28.000 collaborateurs.
Normann Hodara, entré chez GFI Informatique il y a 20 ans, est désormais le directeur général France d'Inetum et de ses 10.000 salariés dans l'Hexagone sur un effectif total de 28.000 collaborateurs. (Crédits : Inetum)

LA TRIBUNE - Comment se porte Inetum sur le marché des entreprises de services numériques où la tendance est au ralentissement de la croissance ?

NORMANN HADARA, DG FRANCE d'INETUM - Avec l'inflation et la hausse des coûts salariaux, le marché est en effet plutôt dans une phase de moindre investissement. Mais nous avons terminé l'année 2023 en progression globale et, pour ce qui concerne la France, en croissance organique de +6 % et même de +18 % sur le segment des solutions des grandes plateformes telles que Microsoft Dynamics, Salesforce ou ServiceNow. Notre spécificité chez Inetum c'est notre ancrage dans les territoires puisque 60 % de notre chiffre d'affaires français se fait en dehors de l'Île-de-France via un réseau de 50 agences dans tout le pays !

Est-ce pour cela que vous êtes venu en personne visiter les nouveaux locaux de votre antenne bordelaise, à Pessac ?

Oui, nous avons déjà 220 collaborateurs à Bordeaux, une centaine à Pau et une cinquantaine à Limoges. Bordeaux reste une agence de taille moyenne, en comparaison de Nantes et Toulouse où nous avons entre 800 et 1.000 collaborateurs, mais nous avons la conviction que c'est un territoire stratégique où nous avons une opportunité spécifique de croissance organique. Nos effectifs à Bordeaux grandissent de 15 % par an, soit le double de la moyenne nationale. Nous travaillons déjà avec des grands comptes tels que Sanofi, Orange et La Banque Postale mais nous voulons nous développer davantage avec la clientèle des entreprises de taille intermédiaire (ETI), parce que c'est une autre de nos spécificités par rapport à nos concurrents.

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Comment approchez-vous cette clientèle ?

Inetum réalise déjà 35 % de son chiffre d'affaires avec des ETI, qui sont pour nous des entreprises entre 300 millions et 1,5 à 2 milliards de chiffre d'affaires. Ce qui correspond à entre 30 et 300 personnes au service informatique. Nous voulons encore développer ce marché à Bordeaux et dans les autres régions françaises. Ce sont des entreprises qui sont souvent très exposées à l'international et qui ont donc besoin d'aller vite, d'avoir une relation simple, souvent de DG à DG, pour conserver leur agilité. Nous avons chez Inetum cette capacité d'action, cette agilité et cette relation de proximité que recherchent les ETI et que n'ont pas forcément les plus grandes ESN.

Une entreprise en forte croissance

Malgré ses 28.000 salariés, dont 10.000 en France, et ses 2,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires réalisés dans 28 pays, Inetum reste un acteur modeste face aux géants du secteur que sont CapGemini, SopraSteria, Accenture ou Atos. Sur le marché domestique, elle la 11e plus grande ESN avec près d'un milliard de chiffre d'affaires, selon un récent classement. L'ex GFI Informatique, devenue Inetum en 2021, a grandi rapidement ces dernières années en combinant croissance organique et croissance externe avec, notamment trois rachats l'an dernier : 47Quai, Viseo Dynamics et Proceed. D'autres opérations sont regardées de près. Inetum ambitionne de doubler à nouveau de taille d'ici 2026.

Quels sont aujourd'hui les enjeux métiers de vos clients en matière de transformation numérique ?

Il y a bien sûr les enjeux de cybersécurité qui sont énormes et croissants. On voit aussi beaucoup d'investissements dans la relation client qui est, in fine, un enjeux très stratégique pour eux. Cela passe par le développement de sites internet, d'applications mobiles, de centres d'appels, etc. L'objectif est de fluidifier et de sécuriser le parcours client et cela passe par la capacité à sélectionner et apporter la bonne donnée au sein du back office de l'entreprise.

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C'est un cas d'usage typique pour les outils d'IA générative, comment abordez-vous ce sujet stratégique pour les services numériques ?

Le sujet de l'IA est prégnant depuis longtemps et nous avions déjà des équipes sur le sujet mais il faut reconnaître que la vague OpenAI et ChatGPT a montré que l'IA générative va beaucoup changer nos métiers et ceux de nos clients tout en posant des questions essentielles de sécurisation des données. L'IA générative on sait que ça marche, l'enjeu pour nous c'est donc de déployer cet outil rapidement en formant nos 10.000 salariés en France d'ici la fin de l'année 2024. Nous avons déjà une business unit dédiée où 1.200 collaborateurs utilisent cet outil pour en mesurer concrètement la pertinence et les difficultés juridiques et techniques.

Je souhaite que tous nos salariés aient un usage intensif de l'IA générative fin 2024 ou soient en mesure de le faire. Le déploiement dépendra ensuite de la capacité et de la volonté de nos clients d'y aller avec nous. Mais, en six mois, nous avons déjà formé un tiers de nos 10.000 salariés français à l'IA générative ! Ces 3.500 collaborateurs ont été familiarisés à cet outil et ont appris à prompter [formuler une commande écrite compréhensible par un système d'IA, NDLR]. Ces technologies sont en effet extrêmement importantes et critiques pour nos métiers de code et de création de logiciels.

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Pouvez-vous nous citer des cas d'usages concrets de l'IA générative ?

Nous travaillons, par exemple, avec la ville de Montpellier pour déployer un démonstrateur d'IA générative permettant aux citoyens de rechercher, facilement et de manière conversationnelle, des informations issues des délibérations et comptes rendus des conseils municipaux. Un autre déploiement est réalisé avec la SNCF pour participer à la formation des conducteurs de train grâce à un outil de réalité virtuelle nourri à l'IA générative. Enfin, l'IA générative est très utile pour répondre aux enjeux de modernisation des systèmes d'information, qui est une demande croissante de nos clients.

De quoi s'agit-il concrètement ?

C'est ce que l'on appelle l'urbanisation des systèmes d'information. Ceux de nos clients ne sont pas toujours ouverts ni simples et présentent souvent une lourde dette technique accumulée au fil du temps. Comme pour le développement d'une ville, l'urbanisation ne s'est pas toujours faite de manière optimale. Cela signifie que les données sont là mais qu'il faut faire évoluer les systèmes d'information pour pouvoir les exploiter de manière efficace. L'IA permet de récupérer les données dans anciens systèmes et de les restituer pour qu'elles soient utiles d'un point de vue fonctionnel et métiers. C'est un sujet capital pour la valorisation des données des entreprises.

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Quel est le volume de recrutements prévus en France pour répondre à ces enjeux sur un marché de l'emploi très concurrentiel ?

Nous avons mené 2.000 recrutements en France l'an dernier et nous en projetons 2.300 en 2024. Par exemple, à Bordeaux, nous avons 220 collaborateurs et nous prévoyons d'être 300 ou 350 d'ici 2026. Le marché des services numériques est concurrentiel mais il croit structurellement depuis des années et cela va continuer même si l'un des freins à cette croissance c'est en effet le manque de compétences. Pour nous démarquer, nous mettons en avant la relation avec nos collaborateurs, la gestion des carrières, y compris en local, le lien de proximité avec les clients et la diversité des projets. Ces derniers mois la tension sur les recrutements est un peu retombé puisque le marché est en phase de moindre investissement et que la concurrence des startups s'est beaucoup calmée puisqu'avec la crise du capital risque elles ont beaucoup plus de mal à garder ou attirer des profils. Finalement, sur le marché de l'emploi nos plus gros compétiteurs ne sont ni nos concurrents ni nos startups mais bien nos clients quand ils voient comment travaillent nos équipes !

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Commentaires 2
à écrit le 20/03/2024 à 19:11
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des gens qui ne comprennent pas ce qu'il se passe, savent comment ca se passe sur la plateforme microsoft qui ne fera pas gagner un radis au client..........quand on traite de la donnee, pas la peine de se cacher derriere des mots ou des algorithmes,...

à écrit le 20/03/2024 à 9:25
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c'est quoi l'i a la forme actuel de l'encyclopédie de diderot une compilation mondial de toute les donnée

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