Biosourcé et biodégradable : Dionymer sécurise son amorçage industriel

La deeptech girondine lève 1,5 million d'euros pour lancer l'industrialisation de son polymère biodégradable fabriqué à partir de déchets organiques. Cette poudre blanche doublement vertueuse est appelée à prendre la place des plastiques pétrochimiques traditionnels ouvrant à Dionymer les portes d'un marché qui se compte en centaines de millions de tonnes.
Antoine Brège, Guillaume Charbonnier et Thomas Hennebel, trois garçons plein d'avenir.
Antoine Brège, Guillaume Charbonnier et Thomas Hennebel, trois garçons plein d'avenir. (Crédits : Dionymer)

« Nous sommes des producteurs de polymères biodégradables issus de biodéchets », synthétise Thomas Hennebel, le cofondateur et dirigeant de Dionymer, la startup bordelaise lauréate du concours Tech for Future 2023, organisé par La Tribune. Bien que largement méconnus et invisibles, les polymères nous entourent au quotidien - plastiques, peintures, colles, cosmétiques - et sont à 99 % d'origine pétrochimique. L'innovation développée depuis 2020 par ces trois ingénieurs chimistes de l'Ensmac Bordeaux INP, qui héberge encore la statrtup, ne réside donc pas dans le matériau en lui-même mais dans son processus de création. Les polymères de Dionymer sont fabriqués de manière décarbonée à partir de biodéchets - grâce à une double fermentation bactérienne - et sont aussi biodégradables sans laisser de micropolluants dans l'environnement.

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C'est grâce à cette double capacité qu'en ces temps difficiles pour nombre de startups, Thomas Hennebel et ses associés n'ont eu aucun mal à réunir des financements en quelques mois. En l'occurrence Dionymer, qui coche les cases deeptech, greentech et économie circulaire, vient de lever en amorçage 1,5 million d'euros auprès de deux fonds régionaux, Aquiti gestion et Irdi capital investissement, et de deux fonds spécialisés dans les greentech, AFI ventures et Resiliance. De quoi sécuriser au total plus de deux millions d'euros en y ajoutant des financements non dilutifs complémentaires.

Rapide montée en cadence

Cet argent frais permet à la startup de huit personnes de cranter rapidement son passage à l'échelle industrielle en décuplant sa capacité de production à court terme après avoir validé les données et procédés techniques. « Aujourd'hui, nous produisons quelques grammes par mois. Début 2024, le prototype portera cette capacité à un kilo par mois puis, début 2025, le pilote pré-industriel d'un m3 produira entre 50 et 100 kilos par mois avant de passer enfin à l'industrialisation en 2026 », déroule Thomas Hennebel. De quoi satisfaire la dizaine de clients déjà en attente de la précieuse poudre pour l'intégrer dans leurs propres process de fabrication en lieu et places des polymères classiques. Si les noms restent confidentiels, il s'agit notamment d'acteurs de la cosmétique, de la plasturgie et du textile.

Dionymer

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Le démonstrateur de Dionymer de capables de transformer 50 litres de déchets organiques en polymères sous forme de poudre blanche (crédits : Dionymer).

Car si le polymère est, par nature, très versatile les trois associés vont d'abord se concentrer sur un marché combinant faibles volumes et fortes marges, celui de la cosmétique et de l'encapsulation de principes actifs, comme le rappelle le CEO : « Ce marché fait l'objet d'une pression règlementaire pour bannir les micro-plastiques de ses solutions qui se retrouvent directement dans la nature. Il y a donc une forte traction commerciale. » La cible des plastiques rigides ou flexibles viendra ensuite, notamment dans les secteurs agricoles et horticoles, en contact direct avec l'environnement. De quoi porter le chiffre d'affaires de la startup bordelaise à quelques millions d'euros dès 2028, ce qui correspond à plusieurs milliers de tonnes de poudre.

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Une concurrence bienvenue

Et malgré la concurrence des gros acteurs traditionnels et de startups américaines et chinoises, Dionymer s'apprête à entrer sur un marché considérable si ce n'est infini :

« La production mondiale de polymères c'est 390 millions de tonnes par an et les biosourcés pèsent seulement 1 % du total, il y a donc de la place pour tout le monde et c'est même important d'avoir d'autres acteurs pour proposer des alternatives décarbonés aux polymères pétrochimiques », observe Thomas Hennebel.

D'autant que l'ambition de Dionymer est bien de faire d'une pierre deux coups en proposant à ses clients de résoudre leur problématique de tri de leurs biodéchets tout en intégrant des polymères verts à leurs processus de fabrication. Histoire de boucler la boucle de l'économie circulaire.

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Commentaire 1
à écrit le 12/12/2023 à 10:07
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Ouais ben Antoine Guillaume et Thomas ont l'air bien épuisé. On demande à ceux qui n'ont pas de capitaux de faire tous les efforts pour ceux aux gros capitaux qui possèdent et détruisent le monde en ronflant, ça ne va pas.

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