Plastique biosourcé : la bonne affaire de Lyspackaging avec ses coupelles ostréicoles

Le fabricant de plastiques 100 % biosourcés Lyspackaging, basé à côté de Saintes en Charente-Maritime, va produire 100.000 coupelles ostréicoles en matière biocompostable. Une énième application et un gros coup de pub pour les pastiques verts de cette PME qui attend impatiemment 2024.
Maxime Giraudeau
Le président de Lyspackaging Nicolas Moufflet devant l'unité de production qui doit produire 100.000 coupelles ostréicoles en plastique biosourcé d'ici un mois.
Le président de Lyspackaging Nicolas Moufflet devant l'unité de production qui doit produire 100.000 coupelles ostréicoles en plastique biosourcé d'ici un mois. (Crédits : MG / La Tribune)

On les reconnaît au premier regard. Mais c'est loin d'être un coup de foudre. Toute personne qui s'est déjà baladée sur un littoral de culture ostréicole a pu les apercevoir et les détester. Ces coupelles en plastique noir, indispensables à l'ostréiculture, servent à collecter les naissins d'huitres sauvages et finissent parfois au fond des mers, causant la pollution du milieu marin, elle-même nuisible au développement des coquillages. Une mauvaise blague à contre-courant.

C'est pour proposer une alternative à cette situation que l'entreprise Lyspackaging a mis à profit son procédé innovant de plastique végétal. Dans le cadre d'un projet initié en 2018 par le Comité régional de la Conchyliculture de Charente-Maritime (CRC) et l'entreprise bretonne Seabird, le fabricant basé à côté de Saintes (17) va produire 100.000 coupelles ostréicoles, assemblées sur 2.000 tubes d'ici le mois de mai. Après les contenants alimentaires et cosmétiques (pots, bouteilles, gourdes...), Lyspackaging s'attaque désormais à l'environnement marin.

Lyspackaging

Les coupelles de Lyspackaging ont la même forme et la même texture que les coupelles en plastique pétrosourcé. (crédits : MG / La Tribune)

« C'est un produit 100 % biosourcé, il n'y a pas une goutte de pétrole dedans et il génère beaucoup moins d'émissions. La biodégradabilité est 20 fois plus rapide que celle d'un plastique normal. Il y a même des coquilles d'huîtres dans la matière utilisée, donc ça prend tout son sens ! » déroule Nicolas Moufflet, président-fondateur, devant les chaînes de production.

Une usine deux fois plus grande

Dans la recette miracle - mais non brevetée - il y a aussi des biopolymères issus de bases sucrières et d'un procédé maison de chimie verte. Selon les premières observations de l'entreprise, ces coupelles flottantes non identifiées s'éroderaient peu à peu sous l'action des enzymes naturelles présentes dans le milieu. Une étude doit encore mesurer l'impact sur la biodiversité marine.

La réplique sera distribuée gratuitement aux ostréiculteurs grâce au financement du CRC. Un gros coup de publicité pour l'entreprise créée en 2015 et désormais en plein développement, avec une croissance de 40 % à 50 % depuis qu'elle est devenue rentable en 2021. Pour autant, au regard d'un sujet aussi large que la production de plastique, la PME reste encore sur une petite échelle d'activité, avec 18 salariés pour 3,4 millions d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier.

Les équipes attendent donc avec une certaine impatience, tout comme les clients actuels et futurs, la livraison du nouveau site industriel. D'une superficie de 3.500m2, soit deux fois plus que l'actuelle implantation, il permettra d'augmenter les capacités et normes de production dès l'été 2024. Le financement de la future usine, située sur la commune de Fontcouverte à une poignée de kilomètres, s'élève à 5,5 millions d'euros.

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Retour à la terre plutôt que recyclage

« De grands acteurs attendent qu'on ait notre nouveau site puisqu'il nous permettra d'avoir des certifications. Pour l'instant, c'est dommage de les accueillir ici alors qu'on sait qu'on ne pourra pas répondre à leur cahier des charges » trépigne Nicolas Moufflet. Le dirigeant se projette également sur la troisième levée de fonds de l'entreprise : 10 millions d'euros doivent être rassemblés pour recruter des équipes commerciales et pour étoffer son catalogue en nouveaux contenants.

Lyspackaging

Pour l'heure, l'entreprise développe seulement des contenants de moins d'un litre. (crédits : MG / La Tribune)

Alors que 80 % de son activité est réalisée en France, en grande partie auprès de PME, 2024 doit marquer un tournant outre-mer et à l'international, grâce à une vingtaine de projets de vente d'unités de production de plastique biosourcé dans des régions comme le Québec, la Nouvelle-Calédonie ou la Guyane. Lyspackaging a déjà installé des équipements en Guadeloupe et à l'Île Maurice, des territoires dépourvus de système de recyclage des déchets, pour un ticket moyen d'un million d'euros.

« Manger local, c'est un peu la tendance. Nous ce qu'on veut, c'est permettre de produire des contenants en local » théorise Nicolas Moufflet. « Celui qui veut lancer une chaîne de production de jus de fruits aux Seychelles, on va lui demander de quelle matière première il dispose pour ensuite imaginer un contenant. » De l'huitre, à l'orange ou la noix de coco, les possibilités de composition de ce plastique sont vastes, au cœur d'un système biocompostable où l'objectif final n'est pas le recyclage mais la restitution à la terre. Un circuit qui économiquement « n'apporte rien » et se voit encore restreint par la puissance du secteur pétrochimique et verrier.

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Maxime Giraudeau

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