Carbon Waters lève deux millions d'euros pour son usine pilote d'eau de graphène

La startup girondine Carbon Waters vient de boucler une levée de fonds pour se lancer dans le grand bain de la production industrielle. L'unité de production qu'elle doit faire construire à Bordeaux Métropole va être la matrice de ses futures usines. Avec son eau de graphène, Carbon Waters veut amener à l'industrie une technologie de rupture.
Alban Chesneau avec les bras manipulateurs du laboratoire de Carbon Waters.
Alban Chesneau avec les bras manipulateurs du laboratoire de Carbon Waters. (Crédits : Agence Appa / Bastien Ortola)

Spécialisée dans le développement et la production d'additifs industriels à base de graphène dispersé, Carbon Waters annonce la levée de deux millions d'euros. La startup deeptech, basée à Pessac depuis sa création en 2017, développe une innovation clé commune aux centres CNRS Paul Pascal (Université de Bordeaux), et Charles Coulomb (Université de Montpellier), qui consiste en la production d'eau de graphène. Après de nombreux travaux, les chercheurs de ces deux centres ont trouvé la solution la moins coûteuse, la plus rapide et la plus fiable pour fabriquer leur additif révolutionnaire au graphène : l'utilisation de l'eau.

« Concrètement, grâce à un procédé chimique, on sépare les couches nanométriques, soit un milliardième de mètre, de carbone qui constituent le graphite pour en faire une solution aqueuse présentant une grande stabilité et un haut niveau de performance. C'est ce qu'on appelle l'eau de graphène », expliquait en 2020 Alban Chesneau, fondateur et PDG de Carbon Waters, qui en a obtenu la licence exclusive d'exploitation jusqu'à 2034.

Une performance qui n'est pas passée inaperçue puisque le graphène collectionne les performances, en matière de conductivité électrique, thermique, de légèreté ou encore de résistance mécanique. En plus de toutes ces qualités, le graphène bénéficie de puissantes propriétés anticorrosion et conservatrices.

La confirmation pour le terrain attendue avant fin juin

Cette levée de fonds a été réalisée grâce au concours des fonds d'investissement Aquiti Gestion (capital investissement/230 millions d'euros sous gestion), Naco, Paris Business Angels (plus de 270 startups accompagnées) et Tiresias Ventures (club d'investissement centré sur les technologies de rupture contribuant à une transition durable). Un tour de table qui doit marquer l'entrée de la startup girondine d'une quinzaine de salariés dans une nouvelle phase de son existence.

Les deux millions vont ainsi servir à Carbon Waters à construire le bâtiment qui sera le prototype de ses futures usines, avec à l'intérieur le pilote industriel de production de référence. À la fois premier maillon et matrice du futur système de production de Carbon Waters, cette usine devra porter la production annuelle d'eau de graphène de la startup à cinq tonnes, contre 500 kilos actuellement ! Pour pouvoir alimenter les industriels, à commencer par les fabricants de peinture anti-corrosion destinée au secteur du bâtiment.

« Nous voulons construire ce bâtiment de 1.200 mètres carrés à Bordeaux Métropole, Pessac serait l'idéal. Mais nous avons absolument besoin d'une confirmation avant fin juin, pour pouvoir mettre en service cette première usine à la mi-2024, comme prévu. D'autres fonds complémentaires seront utilisés pour financer les postes en recherche et développement », éclaire pour La Tribune Charlotte Gallois, en charge du développement commercial de la startup

Des quantités infinitésimales qui font la différence

Le graphène de Carbon Waters est dit dispersé parce qu'il est dilué dans l'eau.

« Avec notre graphène nous échappons à Reach [Règlement européen de protection de la santé et de l'environnement face au risque chimique, ndlr] car nous n'en utilisons que de très très faibles quantités, qui ne dépassent pas quelques centaines de parties par million, ou pour le dire autrement quelques millionièmes de la solution », explique Charlotte Gallois.

Carbon Waters

L'eau de graphène produite par Carbon Waters (crédits : Agence APPA).

Malgré la totale innocuité apparente de cette solution, le graphène est encore un matériau nouveau que sa structure carbonée et sa taille nanométrique rapprochent des nanotubes de carbone, dont la toxicité est un sujet. D'où l'importance de bien cadrer ce domaine, d'autant que l'eau de graphène de Carbon Waters entrera ensuite notamment dans la formulation de peintures innovantes.

Le futur bâtiment passé au crible par le LNE

« La chance pour notre activité c'est que nous utilisons un graphène dispersé et pas en poudre. Le fait qu'il soit dispersé [dilué à une échelle moléculaire, ndlr] annule tout risque. Concernant la construction et l'équipement du futur bâtiment, nous travaillons en étroite collaboration avec le Laboratoire national de métrologie et d'essais, le LNE. Ce sont leurs équipes qui font le travail pour les études éco-toxicologiques.

Notre avantage ce sont les très petites quantités de graphène que nous incorporons. Cela face aux additifs qui dominent le marché de la peinture anticorrosion dans le bâtiment et qui embarquent de leur côté de grandes quantités de chrome ou de zinc. Des polluants bien connus que combat la réglementation Reach », précise Charlotte Gallois.

Carbon Waters développe une toute nouvelle famille d'additifs industriels liquides, dont la toxicité tangente le zéro, qui sont destinés au bâtiment mais aussi à la décarbonation de l'industrie, à l'allègement des structures pour les secteurs naval, automobile, aéronautique et spatial et au développement de solutions pour le stockage et le transport de l'hydrogène.

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