Detroit : la renaissance à petits pas de l'ex capitale de l'automobile

AQUITAINS D'AILLEURS. Arrivée dans la grande ville du Michigan il y a vingt ans, la Bordelaise Marie Wallace a vécu de l'intérieur tous les changements de la capitale de l'automobile : de la crise de 2008 jusqu'à sa lente reconstruction aujourd'hui en passant par sa retentissante faillite il y a tout juste dix ans.
Installée à Detroit, dans le Michigan, Marie Wallace témoigne de la situation économique de la ville.
Installée à Detroit, dans le Michigan, Marie Wallace témoigne de la situation économique de la ville. (Crédits : Emmanuel Langlois / LT)

On ne peut pas la manquer. Été comme hiver, chaque samedi, Marie Wallace installe son stand au cœur d'Eastern Market, l'un des plus grands et des plus anciens marchés d'Amérique du nord. Âgée de 44 ans, la Française fait des crêpes et les fait bien au vu de son succès. En travaillant une seule journée par semaine, avec quelques extras parfois, Marie Wallace se verse autour de 5.000 dollars de revenu par mois. La Française est arrivée en 2004 à Detroit, quelques années avant la crise des « subprimes » en 2008 qui a jeté une bonne partie de la population à la rue.

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Elle-même et son mari (dont elle est aujourd'hui divorcée), ont dû abandonner leur maison en 2006, acculés par les dettes. Prospère grâce aux usines Ford, la capitale mondiale de l'automobile comptait à son apogée, dans les années soixante, 1,8 million d'habitants. Il y en a aujourd'hui trois fois moins.

« Le développement de Detroit prend plus de temps qu'on ne le pensait, tacle Marie Wallace. En quinze ans, entre la crise économique, la faillite et le Covid, la ville n'a pas énormément changé. Les impôts sont très chers et il n'y a aucun service : pas de ramassage des poubelles et des rues même pas déneigées l'hiver. »

Pour une bouchée de pain

Comme nombre de familles, blanches surtout, Marie Wallace a elle aussi quitté Detroit en 2015 pour aller vivre à Grosse Pointe, une banlieue résidentielle à une petite demi-heure du centre. « Ici, on a tous les services possibles, assure-t-elle. On paye des impôts assez élevés mais on a des piscines, des cinémas, on vient nettoyer les trottoirs, enlever les feuilles et la neige. Pour nos enfants, on a accès une école gratuite parmi les meilleures de tous les États-Unis. Alors qu'à Detroit, les écoles publiques sont désastreuses. C'est pour cela que la ville ne se développe pas ! »

Aujourd'hui pourtant, les autorités font leur maximum pour tenter de faire revenir les habitants dans le centre-ville. « Des milliardaires originaires de Detroit, comme Dan Gilbert, ont racheté pour une bouchée de pain des buildings, reconnaît Marie Wallace. Ils les ont rénovés, y ont installé de petits commerçants au rez-de-chaussée et ont loué les appartements au-dessus. Mais il y a toujours beaucoup de quartiers qui sont détruits, démolis avec des maisons abattues. »

Fan d'Eminem, c'est « 8 Mile », le film du rappeur originaire de Detroit, qui a décidé Marie Wallace, fille de Jean-Paul Cormy, ancien entraîneur de l'équipe féminine de basket des JSA Bordeaux, à venir s'installer ici, dans la région des Grands lacs. Avant de se lancer dans la cuisine, la Française a essayé de faire son trou dans le cinéma, comme actrice ou scénariste. Aujourd'hui, l'un de ses projets est de faire de sa marque, « the French cow », une franchise et de la développer à travers tous les États-Unis.

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Commentaire 1
à écrit le 22/11/2023 à 10:01
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Une excellente idée que de nous faire partager l'expérience de vie des expatriés, bien plus agréable et enrichissant, sans commune mesure, que de leur dire de nous dire comment nous devons penser en France alors qu'ils vivent à l'étranger. Bravo !

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