Il y a un an jour pour jour, il nous promettait dur comme fer au téléphone qu'il n'y aurait pas d'invasion russe. L'avenir lui a donné tort. « Comme beaucoup, on s'est trompés, admet Pascal Boiteux, de passage quelques jours au Pays basque cette semaine. Aujourd'hui, on ne comprend pas comment on va arriver à solutionner cette guerre. Les Ukrainiens ne veulent pas que la guerre s'arrête. Ils sont prêts à aller jusqu'au bout pour qu'il n'y ait plus aucune agression de la Russie dans le futur. » Le souvenir de l'Holodomor, la grande famine de 1933 orchestrée par Staline qui a fait des millions de morts en Ukraine reste vivace. « Ce que je ressens très fort au niveau de la population, assure le Français, c'est qu'ils ne veulent pas d'un cessez-le-feu, mais vraiment mettre la Russie à terre pour qu'elle ne recommence pas et que leurs enfants puissent vivre en paix. »
Une appli anti-missile
Le Français reconnaît que la vie à Kiev en temps de guerre n'a rien à voir avec la situation sur le front de l'est, dans le Donbass. À part des coupures de chauffage et d'électricité, et quelques alertes sérieuses, la capitale a été relativement épargnée. « Plusieurs bombes sont tout de même tombées à 800 mètres de chez moi, témoigne-t-il, à côté du marché de Lukyanivka. Là où j'habite, les Russes ont visé trois fois de suite en l'espace de deux ou trois mois une ancienne usine d'armement du temps de l'Union soviétique mais qui a disparu depuis. Quand on est rentrés en France en voiture, des missiles nous ont survolés.» Même au début de l'invasion russe, une partie des restaurants de Kiev sont toujours restés ouverts pour nourrir les soldats ukrainiens et les civils venus les aider à arrêter les espions et les terroristes russes.
Et depuis septembre, la vie a repris son cours mais le retour à la normale n'est pas pour demain. « Les gens sont revenus parce que ça coûtait excessivement cher de partir à l'étranger avec toute sa famille, observe Pascal Boiteux. Aujourd'hui, tout le monde est retourné travailler et quand il y a une alerte, on se réfugie dans les abris ou les bouches de métro. Il y a une application sur smartphone qui vous prévient en cas de tir de missile. » Propriétaire de plusieurs appartements à Kiev, le Français assure que l'économie a tenu bon, même si les loyers ont été divisés par deux et que les ventes de logements sont à l'arrêt. Les trois quarts des Ukrainiens ont des datchas (maisons à la campagne, ndlr) où ils cultivent des légumes pour se nourrir. En ville, les distributeurs de billets sont alimentés et le système bancaire fonctionne.
Enfance volée
Père d'une ado de seize ans en sport-étude basket au Pays basque et d'un fils âgé de vingt-et-un ans, étudiant en France grâce à une dérogation des autorités locales, Pascal Boiteux décrit l'enfance volée des jeunes Ukrainiens et la haine de toute une population envers la Russie. « Pourquoi les Européens mettent-ils tant de temps à comprendre que c'est la démocratie qui est en jeu, s'emporte-t-il, pourquoi livrer les chars un an après et penser seulement maintenant aux avions ? On ne comprend pas. Si Poutine gagne en Ukraine, il ne va absolument pas s'arrêter là ! » Selon lui, seule une adhésion en urgence de l'Ukraine à l'Union européenne et surtout à l'OTAN permettrait de stopper la guerre, car cela engagerait mécaniquement la puissance de feu américaine, mais les États-Unis et les Occidentaux sont-ils prêts à voir ainsi déborder le conflit ?
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