Papeteries de Condat : « Nous faisons tout pour que ce PSE soit le début d'une nouvelle histoire »

INTERVIEW. « Arrêter la ligne 4, ce n'est pas condamner le site, mais au contraire assurer son avenir », affirme Alain Gaudré. Le président des Papeteries de Condat au Lardin-Saint-Lazare (Dordogne) et directeur financier de son propriétaire Lecta, s'exprime alors que les syndicats sont reçus à Bercy ce lundi 11 septembre pour évoquer le plan social en cours, qui menace 187 emplois sur 432.
Les Papeteries de Condat qui emploient 432 salariés au Lardin-Saint-Lazare, en Dordogne, font l'objet d'un plan de sauvegarde de l'emploi qui entraîne le blocage du site par les salariés.
Les Papeteries de Condat qui emploient 432 salariés au Lardin-Saint-Lazare, en Dordogne, font l'objet d'un plan de sauvegarde de l'emploi qui entraîne le blocage du site par les salariés. (Crédits : AH / La Tribune)

LA TRIBUNE - Pourquoi avoir décidé ce plan de sauvegarde de l'emploi qui prévoit de supprimer 187 emplois sur 432 ?

ALAIN GAUDRÉ - À Condat, on produit du papier couché utilisé pour des livres illustrés, des magazines ou encore des encarts publicitaires. Or, ce marché est en chute chronique et structurelle depuis plus de dix ans et la digitalisation inéluctable a conduit à sa disparition accélérée. Ces six derniers mois, l'usine a perdu près de 40% de ses volumes, c'est sans précédent. De plus, les surcapacités industrielles ont atteint un niveau insupportable en Europe, de l'ordre de 40 % également. Tous les mois, un acteur annonce une fermeture. Ce n'est pas de gaité de cœur que nous avons lancé le projet d'arrêt d'une ligne de production, la machine 4, mais il est tout simplement impossible de ne produire que 11 jours sur 30 par mois sur une machine papetière, qui doit tourner jour et nuit pour espérer des résultats rentables. La situation actuelle était malheureusement redoutée depuis plusieurs années.

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Est-ce que l'arrêt de cette ligne signifie la fermeture du site ?

Nous faisons tout pour que ce soit exactement le contraire et que ce plan soit le début d'une nouvelle histoire pour Condat. La maison-mère anglaise - je le précise, ce sont les bureaux principaux qui sont à Barcelone - a consacré près de 140 millions d'euros au site ces trois dernières années pour éviter justement sa fermeture, qui était envisagée en 2019. Cette somme représente plus de 80% des capacités d'investissement de Lecta, qui emploie au total 3.000 personnes dans sept usines en Europe et a réalisé un chiffre d'affaires de 1,5 milliard d'euros l'an dernier.

Les équipes de Condat ont réussi à convertir une machine existante, la 8, pour produire la glassine, du papier pour étiquettes, un marché en croissance régulière. Nous avons tout de suite eu des commandes, mais nous devons tout faire pour en avoir d'autres et le blocage du site ne joue évidement pas en notre faveur auprès des clients. Depuis un an, nous construisons également une chaudière CSR (combustibles solides de récupération) qui va nous permettre de sortir à la fois du gaz et de contribuer à la mise en place d'une économie locale et circulaire de recyclage de déchets à base de bois. Ces deux projets ont été menés avec l'aide de la région et de l'État [qui ont accordé respectivement un prêt remboursable de 19 millions d'euros et une subvention de 14 millions d'euros, ndrl]. Il était difficile de faire plus vite et mieux, mais nous sommes en danger.

La fin des négociations sur le plan social est prévue dès le 11 octobre. Êtes-vous prêts à revoir votre copie ?

Nous travaillons avec le CSE pour réduire le nombre de postes supprimés. Nous avons annoncé mercredi dernier une amélioration des conditions de départ en retraite anticipée. Nous étudions tous les projets personnels et accompagnerons nos salariés qui souhaitent répondre à des offres de reprise que nous recevons d'autres employeurs. Il ne faut pas se tromper de cible. Les actionnaires [les fonds d'investissement anglo-saxons Cheyne Capital et Apollo, ainsi que le français Tikehau principalement, ndlr] et la direction de Lecta croient encore dans un futur Condat repositionné sur des marchés porteurs. Nous n'allons pas démanteler la machine 4, mais la mettre en sommeil pour conserver l'option de la convertir aussi dès que la demande de glassine sera plus importante. Arrêter la ligne 4, ce n'est pas condamner le site, mais au contraire assurer son avenir. Condat doit être fier de son passé, mais doit maintenant réussir sa transformation au plus vite !

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Commentaire 1
à écrit le 11/09/2023 à 10:51
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Ce qui se dit en local, et il y a souvent une forme de sagesse dans une rumeur générale fondée, c'est que c'est la délocalisation du laboratoire de recherche il y a plusieurs années qui a condamné les papeteries, très peu de locaux y croient encore.

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