"En ce moment, on ne fabrique pas beaucoup" déclarait, dès le début du confinement, Patricia Canto, représentante du syndicat Force ouvrière à la papeterie de Condat au Lardin-Saint-Lazare, en Dordogne. Aucun lien à chercher du côté du Coronavirus. "Il s'agit d'une entreprise en retournement, et non en redressement", tient à préciser le président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset. "La France est d'ailleurs peu habituée à cela, avec peu de fonds dédiés. Cela signifie que l'entreprise rebondit après des périodes compliquées en se repositionnant sur le marché et en investissant." C'est exactement le cas de l'usine de Condat, du groupe espagnol Lecta.
"La papeterie fabrique du papier dit "couché" utilisé pour la publicité, mais surtout l'édition. Or, c'est un marché qui est en baisse, fortement concurrencé par Internet. Avant, nous réalisions un catalogue pour Renault ou Peugeot pour chaque modèle de voiture. Maintenant, cela tient sur une feuille. Il fallait se lancer dans la fabrication de nouveaux papiers. C'est ce que nous avons obtenu en février", déclare Patricia Canto à La Tribune.
La papeterie de Condat fabriquera donc des étiquettes autocollantes. "Ce sont ces étiquettes qui sont utilisées pour la livraison de colis, la première couche étant celle où est écrite l'adresse. La deuxième, dessous, est transparente", décrit Patricia Canto.
90 M€ investis
Un investissement de 60 M€ a ainsi été annoncé pour la construction d'une nouvelle ligne de production, soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine à hauteur de 19 M€ sous la forme d'une avance remboursable. La machine a été commandée en février pour un lancement de la fabrication, pour le moment, en mai 2021. 174 salariés sont actuellement formés pour être prêts le moment venu.
"C'est le plus grand plan de sauvetage industriel en Nouvelle-Aquitaine. La légitimité d'une aide à Condat est évidente. Ce sont aujourd'hui 460 salariés qui travaillent dans cette entreprise qui fait vivre tout un bassin. Faut-il rappeler qu'un emploi industriel, ce sont quatre emplois induits ? Cela correspond à la stratégie industrielle de la Région et à sa stratégie d'aménagement du territoire", a rappelé Alain Rousset.
Un autre investissement de plus de 30 M€, soutenu à hauteur de 14 M€ par l'Etat via le Fonds chaleur opéré par l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), permettra l'installation d'une chaudière biomasse. Objectif : améliorer la compétitivité du site et réduire de près de 30.000 tonnes par an les émissions de CO2 de la papeterie. L'investissement global s'élève donc à 90 M€.
Ces annonces, qui remontent à février, ont été accueillies avec un grand ouf de soulagement par les salariés dont la moyenne d'âge se situe autour de 50 ans. "Cela fait 25 ou 30 ans qu'il n'y a pas eu de gros plan d'embauches", commente Patricia Canto, qui rappelle que depuis 2013, il y a eu beaucoup de rebondissements. "Au final, nous n'y croyions plus." Une fermeture du site avait d'ailleurs été, un temps, envisagée.
"Complexe" et "classique"
Que faut-il donc retenir de ce dossier ?
"C'est un dossier symbolique, d'un point de vue économique et écologique. Des entreprises qui réinvestissent à ce niveau là, il y en a peu. Mais c'est finalement, aussi, un dossier classique dans la mesure où la vie d'une entreprise suppose d'être à l'affût de nouveaux marchés, d'investir dans la R&D. Ce qu'il faut retenir c'est aussi une coopération publique privée remarquable. Enfin, cela permet de mettre le doigt sur l'importance d'avoir, au sein des services de la Région, des compétences sur le monde de l'entreprise. Et je veux rappeler que la Région n'investit jamais sans garantie. L'emploi sera notamment préservé. C'est l'aboutissement d'un projet de recapitalisation du groupe Lecta et d'investissement", commente Alain Rousset.
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