Covid-19 : un Bergeracois au coeur d'un Nouvel An chinois sous tension

AQUITAINS D'AILLEURS. Alors que le pays a levé en décembre dernier la plupart des restrictions anti-Covid, la grande migration du Nouvel An chinois pourrait provoquer une nouvelle vague de contaminations, comme en témoigne le Bergeracois Xavier Bruhmuller, directeur d'une usine près de Canton, dans le sud de la Chine.
Né à Bergerac, Xavier Bruhmuller dirige une usine près de Canton, dans le sud de la Chine.
Né à Bergerac, Xavier Bruhmuller dirige une usine près de Canton, dans le sud de la Chine. (Crédits : DR)

C'est une transhumance unique au monde qui se déroule ce week-end en Chine. En train, en voiture ou en avion, des centaines de millions de personnes se déplacent à travers le pays pour le Nouvel An chinois. Favorisée par ces mouvements de populations, la nouvelle vague de Covid qui frappe actuellement les grandes villes pourrait donc toucher aussi les campagnes chinoises.

« Ceux qui n'ont pas été contaminés vont toutefois s'abstenir de voir des gens, tempère Xavier Bruhmuller. Ils ont cette discipline sanitaire extrême qu'ils s'imposent et même s'ils n'ont pas vu leur famille depuis un an ou plus, mais qu'il y a un risque pour leur santé, les gens qui n'ont pas encore eu le Covid vont s'autoconfiner. » En levant la plupart des mesures barrières le mois dernier, les autorités chinoises ont surpris tout le monde. Finis les QR Code, les tests PCR obligatoires et les confinements à répétition. Résultat : le nombre de cas a explosé dans toutes les grandes villes de Chine. « Tout le monde parle de taux de contaminations d'environ 80-90 %, témoigne le Français. Sur notre petite usine, on a eu 80 cas sur 90 salariés en trois semaines. C'est très rapide. Et là, plus aucun cas depuis la première semaine de janvier. »

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L'échec de la politique « zéro Covid »

A Canton, une semaine avant la levée des restrictions, l'épidémie sévissait à nouveau à tel point que l'usine a dû se mettre à produire en vase clos et que soixante ouvriers ont dormi sur place pendant neuf jours consécutifs pour éviter tout nouveau reconfinement ! « Très vite, les contaminations ont vraiment bondi, reconnaît le Français, à un rythme ahurissant. Jusqu'à la mi-décembre, je ne connaissais personne, sur les trois dernières années, qui avait eu le Covid en Chine. Et maintenant, c'est l'inverse, je ne croise plus beaucoup de gens qui ne l'ont pas attrapé ! » Beaucoup s'attendaient à des annonces avant le Congrès du Parti communiste chinois, en octobre, et la reconduction de Xi Jinping pour un troisième mandat. Mais ce sont sans doute les violentes manifestations anti-confinement à Shanghai en novembre qui ont décidé les autorités chinoises à supprimer les restrictions.

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« Elles n'avaient plus la possibilité de contrôler ce variant Omicron, assure Xavier Bruhmuller, père de famille âgé de quarante ans. Les contaminations étaient trop importantes pour maintenir cette politique « zéro Covid ». Un premier chiffre officiel de 60.000 morts en un mois a été communiqué il y a quelques jours par le gouvernement chinois. Un bilan sans doute sous-évalué, mais on est loin du scénario catastrophe, assure le Français : « Cette nouvelle vague a touché principalement les personnes âgées et il y a très peu de cas graves sur la population jusqu'à 60-70 ans. Ce variant est beaucoup moins agressif que ce que les États-Unis et l'Europe ont connu avec le « Delta ». Parmi mes salariés, un seul a perdu son père et rien n'indique que la situation soit hors de contrôle. »

Rattraper le temps perdu

Né à Trèves, en Allemagne, qu'il a quitté à l'âge de trois ans, pour venir vivre à Bergerac, diplômé de l'école d'ingénieurs ICAM de Toulouse, Xavier Bruhmuller a découvert la Chine en 2004, via un contrat en alternance dans la filiale que venait d'ouvrir à Pékin une fabrique périgourdine de sièges pour salles de spectacles. « C'était à l'époque pour installer une machine à découpe textile et former les employés locaux à l'utilisation de cet équipement grâce à une « joint venture » avec un partenaire chinois » se souvient-il. Après plusieurs allers-retours, le Français s'installe en famille en 2011 à Dongguan, ville ouvrière du sud de la Chine, entre Shenzhen et Canton, rebaptisée l'« usine du monde » à cause du nombre important de ses sites de production industrielle.

Depuis cinq ans, il dirige l'usine du français Dextra, 90 employés, spécialisée dans la fabrication d'armatures en fibre de verre, notamment des dômes pour les centrales nucléaires. Le groupe possède sa principale usine à Bangkok, en Thaïlande, et une autre en Inde. Et si beaucoup d'expatriés en Chine n'ont pas eu la patience d'attendre cette libération et ont définitivement plié bagage en fin d'année dernière, Xavier Bruhmuller lui, est rentré le mois dernier en Dordogne pour la première fois depuis 2019, avant de regagner le Guangdong il y a quelques jours. Il a pu passer les fêtes de fin d'année en famille à Bergerac, un mois tout entier pour rattraper le temps perdu. Leur petit dernier, Aaron, né en mai 2020, n'avait toujours pas rencontré ses grands-parents paternels !

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