Présidentielle au Brésil : « Dimanche, les gens iront voter par défaut »

Aquitains d'ailleurs. Installé depuis vingt ans jour pour jour au Brésil, le Lot-et-Garonnais Francis Poloni porte un regard sans complaisance sur son pays d'adoption à la veille du second tour de l'élection présidentielle ce dimanche. Si la victoire du candidat de la gauche, Lula, ne fait aucun doute selon lui face au président sortant d'extrême-droite, Jair Bolsonaro, il ajoute que ce sera tout sauf un vote d'adhésion.
Installé depuis 20 ans au Brésil, le Lot-et-Garonnais Francis Poloni regrette une campagne électorale violente et émotionnelle alors que le second tour de l'élection présidentielle se tient dimanche 30 octobre.
Installé depuis 20 ans au Brésil, le Lot-et-Garonnais Francis Poloni regrette une campagne électorale violente et émotionnelle alors que le second tour de l'élection présidentielle se tient dimanche 30 octobre. (Crédits : Gasconha)

Hasard de l'histoire, Francis Poloni a débarqué au Brésil en 2002, à la veille d'une élection présidentielle remportée cette année-là par Lula. "A l'époque, les gens proches du Parti des travailleurs (PT) s'affichaient", se souvient-il. "Aujourd'hui, c'est très difficile de croiser dans la rue une manifestation de partisans ou de sympathisants du PT. Lula a perdu toute crédibilité depuis les affaires de corruption autour du scandale de la société pétrolière publique Petrobras qui a fini par le jeter en prison."

Si l'on en croit le Français, dans cet immense pays de 216 millions d'habitants seize fois plus grand que la France, beaucoup de Brésiliens se préparent à aller voter par défaut dimanche 30 octobre.

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"Ce sera tout sauf un vote d'adhésion", assure-t-il. "Il y en a qui vont voter Bolsonaro pour empêcher Lula de revenir au pouvoir mais pas parce qu'ils sont d'accord avec ses idées, idem dans l'autre camp. On est vraiment dans une crise de moralité."

Francis Poloni vit cette année sa quatrième élection présidentielle au Brésil et elle est marquée, selon lui, plus que jamais par la violence. "Les gens n'ont plus de patience", constate-t-il. "Vous devez faire très attention avec qui vous parlez, ça peut très mal se terminer. La politique est un sujet à éviter aujourd'hui dans la rue, même si la violence vient surtout du camp de Bolsonaro."

Sentiment de rejet

Arrivé en tête lors du premier tour avec six millions de voix d'avance sur le président d'extrême-droite sortant, Lula fait figure de grand favori dimanche même si l'écart se resserre ces derniers jours dans les sondages. Il reste que dans les médias et lors des meetings, la campagne électorale d'entre-deux-tours s'est résumée à un "dézingage" en règle.

"Chacun des deux candidats a utilisé 55 à 60 % de son temps de parole à tenter d'exacerber le sentiment de rejet de son adversaire, sans compter les fake news déversées par les deux camps sur les réseaux sociaux. Beaucoup croient à ces fausses informations car les Brésiliens sont très émotionnels", détaille, dépité, le Français.

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Des melons au photovoltaïque

Né à Nérac, dans le Lot-et-Garonne, pas très loin du Gers, Francis Poloni, "gascon de culture", insiste-t-il, a débuté sa carrière en travaillant avec son père dans l'entreprise dédiée à la recherche génétique sur les melons qu'il avait créée. Il l'a revendue il y a une quinzaine d'années au géant américain Monsanto. Suivront quelques années à Paris et à Londres, également dans les fruits et légumes, puis la rencontre avec sa future épouse, une Brésilienne alors universitaire en doctorat à Bordeaux. Le couple et ses deux enfants de 16 et 18 ans vit aujourd'hui dans le Paraná, l'une des trois provinces les plus riches du sud du Brésil.

À 56 ans, le Français a monté une société d'installation et de conseil en investissement dans les panneaux solaires photovoltaïques pour les entreprises, un secteur en pleine croissance au Brésil : "ça explose, ça marche à fond", s'enthousiasme-t-il. "Comme on a un taux d'ensoleillement extraordinaire, multiplié par deux ou trois par rapport à la France, on arrive à rentabiliser l'investissement entre quatre et six ans." Ses installations vont d'une centaine à un millier de m2 de panneaux par projet.

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