Elisabeth II : Aquitains expatriés à Londres, ils racontent ces funérailles so British

Aquitains d'ailleurs. A l'instar des Britanniques, les Français installés outre-Manche ont pour la plupart été touchés à l'annonce de la mort d'Elizabeth II. Depuis dix jours, le temps est suspendu dans tout le Royaume-Uni avant des funérailles qui s'annoncent hors-norme ce lundi à l'abbaye de Westminster. Ces trois Néo-Aquitains de Londres témoignent tous du respect qu'inspirait à tous, selon eux, la reine d'Angleterre.
Bordelaise d'origine, Camille Boileau est installée à Londres depuis plusieurs années. Elle raconte une ambiance hors norme liée aux funérailles d'Elisabeth II.
Bordelaise d'origine, Camille Boileau est installée à Londres depuis plusieurs années. Elle raconte une ambiance hors norme liée aux funérailles d'Elisabeth II. (Crédits : DR)

Pourtant républicains, les Français ont une certaine fascination pour la reine, surtout les plus anciens, intrigués par le fonctionnement de la monarchie. "L'annonce de la mort d'Elizabeth II, ça été un choc, je n'ai connu qu'elle", témoigne le Dr Philippe Hamida-Pisal, médecin bordelais âgé de 54 ans, expatrié à Londres depuis plus de vingt ans. "À chaque fois qu'on allait dans des pubs et qu'on levait nos verres, on chantait toujours « God save the Queen », il y avait énormément de respect pour elle."

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Le médecin a fondé et dirige une clinique esthétique et dermatologique sur Harley Street, en plein centre de Londres. Ce lundi, ses trois employés ont l'autorisation de ne pas travailler : c'est jour férié au Royaume-Uni ! "Les jours féries ne sont pas obligatoires ici", précise-t-il. "Ils peuvent rester à la clinique, mais le conseil donné est de ne rien faire lié au travail". Le Français lui, est d'astreinte : "Comme on est un cabinet médical, on peut être amené à traiter des urgences", explique-t-il. "Vu la foule attendue, je pense qu'il va y avoir beaucoup d'évanouissements. On demande aux personnels médicaux d'être en alerte. Nous, on suivra la cérémonie de la clinique à la télévision." Tous les magasins, les banques et la bourse du Royaume-Uni sont en effet fermés ce lundi.

Une figure emblématique

On estime à entre 300.000 et 400.000 le nombre de Français outre-Manche. Un grand nombre a fait le choix de prendre la nationalité britannique. C'est le cas de Camille Boileau. Originaire de Bordeaux Caudéran, diplômée de l'EDHEC, la grande école de commerce de Lille, la Française travaille dans la finance à la City, le quartier des affaires de Londres.

"Ce soir-là, mon mari est rentré à la maison", raconte-t-elle. "J'étais en train de baigner les petits, il m'a dit «la reine est morte » et j'ai crié « non, c'est pas vrai ! » C'était une figure emblématique et très respectée".

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Mère de deux enfants en bas âge, Camille Boileau, trente-cinq ans, raconte que l'un de ses fils, Eliott, travaillait justement ces jours-ci sur la reine à son école maternelle. "Du coup, il est hyper-perturbé, il a fallu lui expliquer le concept de mort, qu'est-ce que ça voulait dire qu'elle était morte ? Là, il est subjugué parce qu'il y a des portraits de la reine à tous les arrêts de bus, elle est placardée absolument partout, quand on entre dans un supermarché, il y a des écrans, c'est vraiment dingue. A chaque fois, il crie « Queen Elizabeth ! »".

De l'ironie dans le milieu de l'éducation

"On avait un peu l'impression qu'elle était immortelle et là, ça m'a fait prendre conscience qu'on était nous-mêmes mortels" renchérit Magali Robert-Chung. Née à Béthune, dans le Pas-de-Calais, elle a grandi à Pau, où elle a suivi des études d'anglais. Mariée à un Chinois, professeure de français dans un établissement pour adultes, mère de deux ados de treize et dix-sept ans, la Française vit à Londres depuis 1997. Elle n'a pas souhaité, elle, prendre la nationalité britannique et regardera tout à l'heure les obsèques à la télévision.

"Même si je ne suis pas monarchiste, je respecte la reine", admet-elle. "Après, le milieu de l'éducation où je travaille est plutôt gauchiste et pour être honnête, au bureau, j'ai entendu plus d'ironie que d'admiration. Mais Londres, ce n'est pas vraiment le Royaume-Uni, c'est un microcosme." Camille Boileau, elle non plus, n'est pas allée, avec mari et enfants, se recueillir sur le cercueil exposé à Westminster tout le week-end. Trop de monde, la file d'attente atteignait plusieurs kilomètres !

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"On a le recul de se dire que la famille royale, ce n'est pas grand-chose, que c'est beau, que c'est vraiment un rôle de représentation ici en Angleterre, mais toutes les traditions sont conservées. Même mes collègues anglais se sont rendu compte qu'ils connaissaient tous quelqu'un qui était allé déposer des fleurs devant les grilles de Buckingham Palace. Ça a vraiment provoqué un élan."

Pour assurer le silence lors des obsèques, le trafic aérien sera limité aujourd'hui au-dessus de Londres. Une fois la cérémonie terminée à Westminster, la reine sera ensuite inhumée au château de Windsor.

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