L'économie de la fonctionnalité ou comment sortir de la dépendance volumique

Développé en France au début des années 2010, le concept d'économie de la fonctionnalité et de la coopération infuse peu à peu dans les entreprises soucieuses de concilier développement et enjeux RSE.
(Crédits : Tiger Lily via Pexels)

Miser sur la valeur globale produite par une entreprise au sein de son écosystème, plus que sur les volumes qu'elle déverse sur ses marchés. Tel est schématiquement le fondement de l'économie de la fonctionnalité et de la coopération, un concept développé en France au début des années 2010 par les économistes Christian Du Tertre et Christophe Sempels. Aujourd'hui, une petite dizaine de clubs territoriaux, fédérant entreprises et acteurs locaux engagés dans cette démarche, maillent l'Hexagone, chapeautés par l'IEEFC (Institut européen de l'économie de la fonctionnalité et de la coopération), que les deux pionniers ont fondé en 2014.

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Car très vite, "ils ont eu l'ambition de dépasser le seul cadre de la recherche académique pour aider les entreprises à mettre en œuvre l'EFC de façon opérationnelle", se souvient Sébastien Marquant, président d'Immaterra, une Scic (société coopérative d'intérêt collectif) également crée en 2014 par Christophe Sempels pour accompagner les entrepreneurs dans leur transition. L'objectif : "Aider les entreprises à concilier des enjeux de développement économiques et de transition, dans un monde qui va de plus en plus vite, et qui s'avère de plus en plus incertain". Et à dépasser l'a priori selon lequel agir en faveur d'un développement durable "impliquerait de renier l'ambition d'un développement économique".

Une logique ecosystémique

"Au contraire", insiste Sébastien Marquant, rappelant l'exemple emblématique de Michelin. Depuis que le groupe a repensé son offre dédiée aux transporteurs, au début des années 2000, passant de la vente de pneus à celle de kilomètres parcourus, assurant au passage la gestion de flotte des pneus - dont il reste propriétaire - et proposant des formations à l'écoconduite, il s'est assuré une place de leader indétrônable sur le marché des poids lourds.

"Cette approche a permis aux transporteurs de réduire leur consommation de carburant, donc leurs émissions de GES, mais aussi le nombre d'accidents. De son côté, Michelin, en étant propriétaire des pneus, a tout intérêt à lutter contre leur obsolescence, et à s'inscrire dans une logique d'économie circulaire en organisant leur recyclage. Ce sont tous ces indicateurs qui constituent aujourd'hui le modèle économique de cette branche du groupe", explique-t-il.

Sortir d'une dépendance volumique, "un engrenage" qui comme le souligne Sébastien Marquant "épuise non seulement les ressources, mais aussi les collaborateurs", c'est aussi ce qu'expérimente Decathlon avec son projet #ZéroCasquejeté. "Ils nous ont contactés parce qu'ils voulaient créer un casque éco-conçu et recyclable, et souhaitaient se faire accompagner pour bâtir le modèle économique de ce nouveau produit. Et en questionnant plus en profondeur leurs objectifs et l'impact qu'ils voulaient donner à ce projet, nous avons conçus une offre d'accompagnement à la mobilité douce, testée sur la métropole lilloise en partenariat avec la collectivité".

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