La concentration dans le secteur de la distribution bio se poursuit. Après l'acquisition de l'enseigne bordelaise So.bio en 2018, Carrefour a repris Bio c'Bon en novembre dernier avec l'ambition de conserver le réseau, l'enseigne, les équipes, les convictions de Bio C'bon et de combiner ces valeurs avec So.bio.
Comment ces mouvements et surtout le rapprochement entre la grande et moyenne surface et les magasins spécialisés bio sont ils perçus par les entreprises qui ne distribuent que via le réseau spécialisé ? "Pour le moment, on ne le sent pas", témoigne Philippe Lassalle Saint-Jean, co-dirigeant de Maison Meneau, qui ne s'attend pas à ce que les magasins se transforment soudainement.
Mais chez Café Michel, en veille, on en fait une autre lecture :
"Ces regroupements mettent la panique dans le secteur avec des distributeurs qui se voient concurrencés. Tout le monde avait plus ou moins trouvé des manières de distribuer les produits. Si on arrive à deux ou trois distributeurs au lieu de sept ou huit comme maintenant, cela risque d'être compliqué, avec un rapport de force qui sera modifié en notre défaveur", témoigne Stéphane Comar, gérant de Café Michel.
Dans l'immédiat, Café Michel, très présent chez Bio C'bon avant le rachat mais pas chez So.bio, explique avoir perdu son référencement le temps de la réorganisation. Basée à Pessac (Gironde), la Scop, qui fabrique du café mais aussi des produits d'épicerie, n'a donc pas dégagé de chiffre d'affaires via cette enseigne d'octobre 2020 à mars 2021. Les négociations doivent reprendre en ce mois-ci.
La question des prix
De manière générale, sur la question des prix, Philippe Lassalle Saint-Jean a prévu de ne rien lâcher.
"Quand on négocie, et qu'un nouveau annonce sa cible prix, nous lui répondons que nous sommes engagés contractuellement à acheter au producteur à un prix qui a été défini pour trois ans. Comment est-ce que je dis au producteur que mon client décide une baisse de 3 % par exemple ? Je ne vous cache pas que certains ne jouent pas le jeu et ne devraient plus nous distribuer mais c'est infime", assure-t-il.
Café Michel est plus réservé, voyant poindre un nouveau phénomène : "Tous ces événements font peur aux distributeurs et aux magasins davantage en demande de prix depuis quelques semaines. Avant, il n'y avait pas de demande explicite de budget. C'est en train de changer. Les gens commencent à adopter les méthodes de la grande distribution. Jusqu'à présent, économiquement ces deux mondes étaient très cloisonnés. Dans le réseau des magasins bio spécialisés, il y avait un cercle vertueux où tout le monde trouvait son équilibre. Je pense que cet âge d'or est en train de se terminer pour aller vers des logiques plus industrielles. Nous verrons dans les prochains mois."
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