"A chaque crise sanitaire, son regain d'intérêt pour le bio. Cela réveille un esprit de sécurisation chez les consommateurs."
Selon Stéphane Comar, gérant de la Scop (société coopérative et participative) Café Michel à Pessac, les confinements ont clairement donné un coup d'accélérateur aux ventes dans le réseau des magasins bio spécialisés. Sur l'année 2020, la croissance serait de l'ordre de +10 % en moyenne.
Avec 490 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020, Léa Nature dont le siège social est basé à la Rochelle, affiche pour sa part +8 % au global avec une forte croissance au niveau de l'alimentaire, tandis que la tendance s'est brutalement inversée pour la cosmétique qui, avant la crise, tirait au contraire le chiffre d'affaires du groupe.
"Dans l'alimentaire, nous étions à +40 % sur le premier mois du 1er confinement par rapport au même mois de l'année précédente, avec des fortunes très diverses selon les produits. Il y a notamment eu une forte demande en féculents, farines, "aide cuisine" (sauces, coulis, jus...)", conserves de légumes. Trois références de tisane à base de thym qui a des vertus respiratoires ont également explosé ! Nous avons vu les liens directs entre ces croissances et la crise sanitaire", annonce Guillaume Hannebicque, directeur des marques alimentaires du groupe.
Grosse explosion d'activité enfin pour le grossiste en produits biologiques Pronadis, basé à Vayres en Gironde, et distribué à 90 % dans les magasins spécialisés.
"Notre chiffre d'affaires a augmenté de 80 % à l'occasion du premier confinement aux mois de mars et avril 2020. Cela a été plus calme lors du deuxième confinement même si le trafic était bon. Les magasins spécialisés ont gagné une clientèle", témoigne Tristan Chabaud, gérant de Pronadis.
+120 % pour la vente directe chez Meneau
Avec un modèle économique différent puisqu'elle travaille à 40 % pour les cafés et restaurants, Maison Meneau a, de son côté, quasiment compensé les pertes grâce à une progression des ventes en magasins spécialisés.
Mais autre fait notable, pour l'entreprise pendant cette période :
"La vente directe via notre site Internet a explosé avec +120 % sur l'année 2020 ! On est clairement sur un changement de comportement des consommateurs. Cela va commencer à être l'équivalent d'un gros client chez nous", confie Philippe Lassalle Saint-Jean, co-gérant de Maison Meneau, fabricant de sirops, jus de fruits et autres boissons à Saint-Loubès, en Gironde.
Un alignement des planètes
Mais pour Pronadis, qui a réalisé un chiffre d'affaire de 58 millions d'euros en 2020 et table sur 110 millions en 2021, la crise n'explique pas tout.
"Entre la crise, le contexte économique, le marché, c'est un alignement des planètes qui fait qu'on en arrive là aujourd'hui", assure Tristan Chabaud.
Parmi les clés du succès, il revendique une meilleure structuration des offres avec des spécialités, les fruits et légumes ou encore un pôle santé beauté. Pronadis, qui compte aujourd'hui 150 collaborateurs, a également signé de gros contrats avec des enseignes comme Bio c'bon et ses 105 magasins ainsi que Le Marché de Léopold et sa trentaine de boutiques. "Depuis janvier, on est à +130 % de progression", témoigne Tristan Chabaud.
En hyper-croissance, l'entreprise familiale recrute d'ailleurs en ce moment en moyenne une dizaine de personnes par mois : des préparateurs de commandes, des magasiniers, du personnel en administration des ventes et au service marketing. "Cette grosse progression implique de revoir les process tous les mois", affirme Tristan Chabaud qui vient de prendre possession d'un 3e entrepôt. "Il fallait répondre au besoin, mais nous recherchons aujourd'hui un terrain pour regrouper l'ensemble sur 20.000 m2 dans le même secteur géographique." Pronadis a aussi pour objectif de monter un entrepôt dans la région lyonnaise.
Une conversion stratégique
Maison Meneau terminera, quant à elle, son déménagement à la fin du mois pour rejoindre un site cinq fois plus grand que le précédent. Elle en est devenue propriétaire en mars 2020, précisément une semaine avant le début du premier confinement. L'entreprise occupera la moitié du bâtiment, soit 9.000 m2, le reste étant loué à trois entreprises spécialisées dans la logistique. "Nous faisons 4,5 millions de bouteilles et nous serons en capacité de doubler, tripler voire quadrupler sur ce site", explique Philippe Lassalle Saint-Jean.
Lui croit fortement au bio.
"Aujourd'hui, j'ai la certitude que si nous n'étions pas passé en bio il y a 25 ans, nous ne serions pas chez nous, et pas en train de sans cesse investir. Si je regarde autour de moi, dans nos métiers, peu de monde s'appartient encore. Enfin, je dirais que le conventionnel a une telle part de marché que le peu que prend le bio, c'est important pour tout le monde", ajoute Philippe Lassalle Saint-Jean.
Le chiffre d'affaires du marché alimentaire bio en Nouvelle-Aquitaine s'élevait en 2019 à 1,635 milliard d'euros. Contacté par La Tribune, Le groupe girondin Vitagermine n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations.
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