Transport autonome : et si les champions étaient français ?

ITS, congrès mondial consacré aux systèmes de transports intelligents se déroule actuellement à Bordeaux jusqu’au 9 octobre. Présents sur le marché tout juste naissant du véhicule de transport public autonome (entendez : minibus) deux acteurs vont présenter leurs bijoux technologiques. Cette fois, pas de match international, à ce jour les deux “champions du monde potentiels” sont français.
Navya Arma, "l'autre véhicule autonome" porté par une société française, Navya, présente à ITS

En principe, le congrès mondial ITS le congrès dédié aux systèmes de transport intelligents qui débute aujourd'hui à Bordeaux (jusqu'au 9 octobre) n'a rien d'un ring.
C'est plus une vitrine technologique et un lieu d'échanges et de débats de taille mondiale.
Pour les deux seuls acteurs du transport de personnes autonomes, et donc sans chauffeur, cela risque quand même d'avoir une faux air de champ de bataille... car leurs solutions se ressemblent beaucoup.
Il se trouve que sur le marché tout juste émergeant du transport de public autonome, c'est-à-dire sans chauffeur, sur site fermé (aéroports, parcs à thème, campus universitaires, campus d'entreprise, sites industriels...), ces deux acteurs semblent avoir un temps d'avance sur le reste du monde. Ces deux acteurs sont, à peu près, au même niveau technologique, et il se trouve qu'ils sont aussi, tous les deux français.

"Je préfère parler d'émulation, de leadership technologique et industriel français dans ce domaine, et donc d'opportunités pour nos entreprises que de concurrence réelle", assure Christophe Sapet, dirigeant de Navya (Lyon et Paris).

La société qu'il dirige présente cette semaine le véhicule autonome Navya Arma. Une navette mise au point en un temps record : une petite année de développement.

EZ10 EasyMile

EZ10, véhicule produit par EasyMile (Robosoft - Ligier) Crédits photos : Alain Herzog

Un million de personnes déjà véhiculées sans chauffeur en France !

"Nos histoires sont différentes", précise Jean-Marc Desveaux, directeur marketing de EasyMile (siège à Toulouse, bureau à Singapour), JV créée il y a un an qui réunit Robosoft (siège à Bidart - Pyrénées-Atlantiques) et le constructeur français de véhicules électriques utilitaires légers et de micro car (voitures sans permis) Ligier.

"Nous, EasyMile, sommes issus de deux histoires entrepreneuriales et de deux expertises anciennes. D'un côté Ligier, industriel de la construction de véhicules, et Robosoft, pionnier depuis trente ans de la robotique industrielle et du transport autonome puisque les solutions déjà déployées dans des parcs comme Vulcania par exemple, ont déjà transporté plus de1 million de personnes !", assure Jean-Marc Delvaux.


De fait, le véhicule baptisé EZ10 (prononcez Izitène), mis au point par EasyMile, découle directement de l'expérience du minivan électrique VIPA portée jadis par Ligier, et des plateformes de transport sans chauffeur, de formes basiques, mises au point par Robosoft en Pays basque il y a quelques années.

"L'histoire de notre Navya Arma, véhicule de transport sans chauffeur pour petits groupes de personnes est l'héritage de la société INDUCT et d'un prototype pour salon qu'elle avait présenté, en 2010, lors d'un salon de l'auto. Ce modèle était absolument impossible à industrialiser mais il nous a servi de base de travail pour la mise au point de notre solution, après le rachat des actifs de la société qui était exsangue", explique Christophe Sapet (ancien cofondateur d'Infogrames et d'Infonie).

Une équipe de 30 personnes travaille actuellement sur ce Navya dont la genèse remonte maintenant à 2010. "D'ici la fin de l'année nous recruterons une dizaine de personnes", assure Christophe Sapet de Navya. "En France, il y a une tradition automobile et robotique importante, nous avons tout le savoir-faire qu'il faut dans ce pays pour développer les véhicules autonomes", assure ce dernier.
Jean-Marc Desveaux partage cette analyse.
"Nous sommes, EasyMile, nés d'une agrégation de savoir-faire avec le mix Robosoft-Ligier. Ce sont ces savoir-faire réunis, l'intelligence électronique, la robotique et la production industrielle de véhicules qui nous ont permis de prendre de l'avance sur le reste du monde dans le domaine du transport autonome de personnes."
Une avance qu'EasyMile, dont le site opérationnel qui est depuis deux ans à Toulouse, compte accentuer via son équipe de 30 personnes, qui, elle aussi, pourrait compter 40 ingénieurs et techniciens d'ici à 2016.
"Ces sept derniers mois, dans les villes tests où nous avons déployé EZ10, nous avons transporté 30.000 personnes", poursuit Jean-Marc Desveaux. "Franchement, nous ne passons pas notre temps à nous comparer à la concurrence, notamment celle de Navya. Nous savons que notre marché est à peine naissant. Mais qu'une fois que l'effet "Waouh technologique" sera passé et que nous aurons dépassé le cap des usagers dits pionniers, les futurs clients, villes, entreprises, infrastructures de transport, centres de congrès, campus universitaires...  de nos solutions vont calculer les gains financiers, humains qu'elles sous tendent et il y aura de la place pour les deux acteurs français que nous sommes."
EasyMile se prépare au démarrage "d'ici 2 ou 3 ans" de ce marché potentiellement mondial. Présente en Europe et en Asie, l'entreprise conjointe liant Robosoft à Ligier s'apprête à ouvrir un bureau commercial aux USA.

Les futurs ascenseurs... horizontaux ?

Alors c'est vrai, contrairement aux premières voitures autonomes qui sont elles aussi présentées cette semaine à ITS en conditions réelles, il y a peu de chance pour que Navya et EZ10, contrarement à la voiture AKKA, ou aux voitures développées par les grands constructeurs et équipementiers ; puissent un jour nous doubler sur la rocade ou l'autoroute.
Mais contrairement aux autos, dont les premiers modèles autonomes pourraient être commercialisés en 2020, ces moyens de transport autonomes, qui sont plus dévolus aux parcs fermés, mais peuvent aussi assurer des liaisons dites "du dernier kilomètre" entre des hub de transports public en centre-ville (si les réglementations évoluent d'ici là) sont déjà en activité. Cette semaine, à Bordeaux, lors d'ITS, ce sont des navettes autonomes de Navya qui transportent les visiteurs depuis la station de tramway jusqu'aux portes du Palais des congrès.
Il y a donc fort à parier que de la même façon qu'on monte sans y penser dans un autre mode de transport, vertical celui-là, et qu'on appelle... l'ascenseur, dans quelques années, on montera sans appréhension dans des navettes de transports autonomes pour accomplir les quelques kilomètres qui nous sépareront des transports collectifs de masse à nos destinations finales.

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Commentaires 2
à écrit le 11/02/2016 à 9:32
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je love

à écrit le 06/10/2015 à 10:26
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Bonjour. Juste une précision: ce ne sont pas les navettes EZ10 qui font le parcours tramway-Palais des Congrès, mais les NAVYA. Merci!

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