Pourquoi la logistique du vin est en plein essor malgré la crise viticole

La baisse des ventes de vin pénalise toute la filière... sauf peut-être la logistique. L'entreprise girondine Dartess multiplie les nouveaux sites d'embouteillage et de stockage dans les régions viticoles pour répondre à la demande car, avec la crise, négociants et domaines préfèrent externaliser ces services.
Maxime Giraudeau
Le Girondin Dartess a augmenté d'un tiers ses surfaces de stockage de bouteilles de vins.
Le Girondin Dartess a augmenté d'un tiers ses surfaces de stockage de bouteilles de vins. (Crédits : Dartess)

La surface de l'entrepôt de 18.000 m2 laisse imaginer le volume gigantesque de bouteilles qui pourront y être stockées. À Blanquefort, au nord de Bordeaux, à côté des anciens terrains de Ford Aquitaine Industries, le logisticien des vins et spiritueux Dartess fait construire une vaste plateforme qui doit lui servir à porter une croissance à deux chiffres. L'entreprise, à la tête d'un chiffre d'affaires juste sous les 30 millions d'euros en 2023, vise +50 % de croissance d'ici quatre ans. Dans un monde du vin en proie à la baisse de consommation, voilà carrément une anomalie.

Et pourtant, le logisticien assure répondre à une demande inédite, et ce depuis plusieurs années. « Il y a trois ans, on avait quasiment trop de travail, les entrepôts étaient pleins, ça débordait de partout », rejoue Frédéric Lanteri, le directeur général, qui décide de temporiser sur les nouveaux contrats commerciaux et progressivement d'augmenter les capacités immobilières du groupe. Car, malgré la chute des ventes, les besoins logistiques des domaines et des négociants se font pressants. « Sur les vins et spiritueux, il y a une forte demande sur les besoins de sous-traitance. Quand une filière est en difficulté, on a des opérateurs qui réfléchissent à comment diminuer leurs charges fixes », observe le dirigeant.

entrepôt logisitique vin dartess

L'entrepôt de Dartess à Blanquefort pourra accueillir des rangées de bouteilles sur cinq niveaux. (crédit : MG / La Tribune)

Lire aussiVin : dans la tourmente, le négoce bordelais prêt à discuter de prix fondés sur les coûts de production

Secteur en hypercroissance

Pour la filière, les coûts des structures d'embouteillage et de stockage restent élevés même si l'activité est en baisse, notamment à cause des normes imposées sur les sites avec la présence d'alcool. Alors que les chiffres d'affaires des opérateurs du négoce ou de la filière viticole au mieux se stabilisent, au pire dégringolent, l'heure est au choix. Et beaucoup se tournent vers la sous-traitance. Une aubaine pour les figures majeurs de la logistique vins et spiritueux que sont Gamba et Rota, Dartess et GPC Logistics. La crise profite particulièrement au leader du secteur JF Hillebrand France, filiale française du groupe allemand, qui avec 333 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022, a multiplié son activité par deux en deux ans.

Dartess prétend aussi à l'ivresse de cette croissance effrénée et multiplie les projets immobiliers. Le centre logistique de Blanquefort doit ouvrir au mois de juin et sera suivi en 2025 d'un jumeau de 12.000 m2 dans le libournais. Deux opérations qui font suite au déploiement de plateformes dédiées à l'embouteillage et aux services sur-mesure pour les grands châteaux à côté de Saint-Emilion et à Bruges. Au total, l'entreprise sera passée en quelques années de 100.000 à 130.000 m2 de surfaces logistiques grâce à un plan d'investissement de 20 millions d'euros. Elle a traité 292 millions de bouteilles en 2023, un chiffre multiplié par deux en cinq ans. Au total, l'entreprise emploie 290 personnes autour de ses activités de conditionnement, stockage, transport et conseil sur 17 sites répartis en France. Et envisage de se déployer dans de nouvelles régions françaises, en plus de Bordeaux et la Bourgogne où elle est présente.

« La filière préfère investir dans les produits »

« Le métier de la logistique est un secteur porteur, c'est le premier employeur en France avec 1,8 million d'emplois. Et le besoin de sous-traitance augmente », fait valoir Frédéric Lanteri. Et le directeur commercial, Alvaro Betanzos, d'ajouter : « Investir dans un nouvel entrepôt, qui soit économiquement efficient, c'est compliqué avec le contexte et les taux d'intérêts élevés. Les acteurs de la filière préfèrent investir dans les produits, le marketing, la vente. » A travers ses différents services, Dartess applique généralement une facturation à la bouteille, ce qui permet à ses clients de limiter les surcoûts en cas de baisse de l'activité. Néanmoins, les tarifs ont largement augmenté ces dernières années, en lien avec l'inflation. Le grand gagnant reste donc surtout le logisticien.

Lire aussi« Le vin ne doit se fermer aucune porte pour s'adapter aux nouvelles consommations »

Maxime Giraudeau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.