Baisser en gamme pour rester compétitif, la nouvelle résolution de l'agriculture néo-aquitaine

Les contrariétés s'accumulent pour la profession agricole entre les récents aléas économiques, climatiques et sanitaires très prégnants en Nouvelle-Aquitaine. La Chambre d'agriculture régionale veut réajuster le positionnement des producteurs en délaissant les labels haut-de-gamme.
Maxime Giraudeau
Les producteurs pourraient se détourner des labels pour répondre au budget resserré des consommateurs, comme sur le poulet.
Les producteurs pourraient se détourner des labels pour répondre au budget resserré des consommateurs, comme sur le poulet. (Crédits : Loué)

La qualité n'est plus sacrée. À force de subir les assauts des crises économique avec l'inflation, sanitaire avec la maladie hémorragique épizootique qui touche les cheptels bovins, et climatique, la profession agricole doit faire des choix pour ne pas subir l'asphyxie. Les aléas font augmenter les coûts de production à un moment où le consommateur boude les produits bio et autres labels synonymes de prix plus élevés.

À l'occasion des vœux exprimés devant la presse ce 18 janvier, la Chambre d'agriculture de Nouvelle-Aquitaine a brandit la nécessité de maintenir la compétitivité de son système productif. « On avait centré notre agriculture sur une production de qualité sauf que cela concerne des marchés où la demande est en baisse », pointe Luc Servant, président de la chambre d'agriculture régionale et élu du syndicat FNSEA. Avec l'inflation, les prix des produits fabriqués en France ont augmenté davantage que ceux des produits importés. Pour rester attractifs, les représentants se disent prêts à proposer des denrées « un peu moins haut-de-gamme ».

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Favoriser « des projets viables »

Un rétropédalage sur la transition vers les labels de qualité et les pratiques agro-écologiques. Mais que les représentants assument alors que les producteurs des poulets Label rouge de Loué ont par exemple décidé de fermer 200 poulaillers. « On veut accompagner les jeunes candidats à l'installation sur des projets viables », cadre Luc Servant. Autrement dit, pas la peine pour eux de poursuivre des objectifs de surfaces bio ou de développement de filières vertueuses si le marché n'est pas réceptif. Et ce même si la Région Nouvelle-Aquitaine et l'État ont signé en décembre un pacte bio pour voler au secours des producteurs.

Un repositionnement initié telle une opération séduction autour du consommateur. Comme s'y essaye le vin de Bordeaux qui affiche désormais des nouveaux modes de consommation iconoclastes afin d'élargir son public et de toucher des plus petits budgets. L'agriculture doit réagir vite car les prochains mois s'annoncent périlleux, notamment dans le Sud-Ouest.

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Les bovins frappés par la MHE

La maladie hémorragique épizootique (MHE) apparue en France en septembre touche désormais près de 4.000 bovins dans le Sud-Ouest selon les chiffres officiels. Ce virus non-transmissible aux êtres humains est arrivé de l'Espagne et se transmet par un moucheron qui contamine les cheptels et provoque d'intenses fièvres puis des pertes de poids. « Le printemps peut-être catastrophique sur toute la France avec la hausse des températures », prévient Bernard Layre, président de la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques, département le plus touché au côté des Hautes-Pyrénées, du Gers et des Landes.

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« On n'est pas armé aujourd'hui pour avoir un vaccin. Les coûts de traitement s'envolent à 1.500 euros par animal malade ! », évoque-t-il. Avec un taux de mortalité qui peut avoisiner les 4 % dans certaines exploitations où la maladie touche la moitié des individus. Un nouveau coup dur, dont l'irruption est favorisée par le réchauffement climatique, qui s'abat sur une filière déjà éprouvée par le ralentissement de la consommation et la diminution des cheptels.

Si le Sud-Ouest a été épargné cette année par la grippe aviaire, en partie grâce aux mesures de prévention, les éléments ne se montrent pas toujours aussi cléments. Après de nouveaux épisodes de sécheresse en 2023, les cumuls de pluie de l'automne prouvent encore que les conséquences du dérèglement climatique sont exacerbées en Nouvelle-Aquitaine. Des bouleversements qui ont fait perdre au territoire son statut de première région agricole de France en valeur, alors que la moitié nord du pays est pour l'heure moins soumise aux turbulences.

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Maxime Giraudeau

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Commentaire 1
à écrit le 20/01/2024 à 8:24
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Une énième victoire de l'obscurantisme agro-industriel. Nos dirigeants sont nuls (et corrompus). J'insiste.

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