Pourquoi les viticulteurs attendent mieux du gouvernement

Si les mesures de soutien à la distillation étaient attendues, les professionnels de la viticulture française les jugent encore insuffisantes. Ce que confirme Bernard Farges, président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) mais aussi de la CNAOC (Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin à appellations d'origine contrôlées).
Bernard Farges
Bernard Farges (Crédits : Agence Appa)

En plus de la crise du coronavirus, qui est venue frapper un vignoble bordelais déjà affaibli, la météo en a remis une couche supplémentaire avec les pluies diluviennes et de fortes chutes de grêles début mai dans certains secteurs du vignoble. Si certains domaines ont pu signer quelques contrats de ventes depuis avril, en Chine ou même en Europe, le marché reste massivement au point mort, dans le Bordelais comme en Bourgogne ou dans la Loire, et le déconfinement très partiel de la vie économique n'arrange pas la situation.

"Il faut que les cafés et restaurants ouvrent le plus vite possible car ils représentent un très important canal de distribution pour la commercialisation. Les ventes de vin ont chuté de -40 à -95 % en France en fonction des vignobles et c'est directement lié au circuit de distribution", confirme Bernard Farges, président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) et de la Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin à appellations d'origine contrôlées (CNAOC).

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Dans son intervention du 11 mai Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie et des Finances, n'a pas abordé ce sujet crucial du circuit des cafés-hôtels-restaurants (CHR)  pour le tourisme et le monde du vin. Le ministre a tenu à montrer que le gouvernement n'oubliait pas la filière vin mais sans vraiment convaincre. Bernard Farges souligne ainsi que si les propositions faites par le gouvernement pointent dans la bonne direction, elles sont encore insuffisantes.

Le patron de l'interprofession souligne ainsi que beaucoup d'entreprises viticoles de la filière n'ont pas arrêté de travailler, et que dans ce contexte les exonérations et les mesures de chômage partiel prises pour le confinement ne sont pas adaptées. D'autant que les entreprises viticoles ont du mal à se financer parce que la vente des récoltes précédentes, qui joue un rôle crucial, est paralysée.

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Encore éloignés des 3 millions d'hectolitres à distiller

"L'Union européenne ne répond à aucune des attentes de la filière vin du point de vue financier et ne met rien sur la table. De son côté, le gouvernement n'a toujours pas accepté de créer un fonds de compensation pour les entreprises de la filière, pénalisées par les Etats-Unis dans le cadre du contentieux sur Airbus. Les annonces faites sur la distillation ne sont pas à la hauteur de nos besoins, et nous attendons des exonérations de charges", rappelle Bernard Farges, qui n'est pas convaincu par l'annonce faite dans ce domaine par le ministre, avec l'annonce d'exonérations ciblées sur les TPE et PME les plus en difficulté.

Alors que les professionnels du vin demandaient un programme de distillation de crise portant sur trois millions d'hectolitres de vin, avec un budget de 260 M€ incluant les distillateurs, Bruno Le Maire n'a pas non plus suivi. Puisqu'il a annoncé la distillation de deux millions d'hectolitres moyennant un budget de 140 M€. L'effondrement des ventes provoqué par la crise de Covid-19 se solde dans de nombreux pays viticoles par le recours à la distillation, pour réduire drastiquement le poids des stocks. Ce qui est aussi notamment le cas en Espagne. Le produit de cette distillation doit être transformé en gel hydroalcoolique. Autant dire que ce dossier vin n'a pas fini de faire parler de lui.

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