Quel est le point commun entre Disney, L'Oréal, Adidas, les Vins de Bordeaux, Martell, Bic, Decathlon ou encore Yves Rocher ? Toutes ces marques installées et mondialement reconnues ont eu recours au service de Dynvibe pour collecter et analyser le bruit généré sur internet par les consommateurs et influenceurs de leurs marchés respectifs. Cette PME fondée en Australie en 2009 par Anne-Cécile et Nicolas Guillemot est discrètement installée à Pessac, près de Bordeaux, depuis 2015. Rentable et autofinancée depuis ses débuts, cette société de 45 salariés et 85 analystes partenaires opère sur un marché global, celui de la social media intelligence.
Dix millions d'euros de chiffre d'affaires en 2027
« Il s'agit de collecter et d'analyser les données produites sur internet en hybridant trois sources principales : les réseaux sociaux, les influenceurs et leaders d'opinion, et les recherches effectuées, par exemple, sur Google et Amazon », explique Nicolas Guillemot. Un savoir-faire que Dynvibe a particulièrement aiguisé dans les domaines de la beauté, du cosmétique, du luxe qui pèsent 80 % des quatre millions d'euros de chiffre d'affaires de l'entreprise. Et après avoir signé avec le Sud-coréen Amorepacific fin 2023, Dynvibe veut accélérer à l'international et sur le secteur de la santé pour viser dix millions d'euros de chiffre d'affaires annuel d'ici trois ans. « Après une phase d'évangélisation où on a légitimé et professionnalisé nos outils, on est désormais face à un marché plus mature : les grandes marques et les instituts d'études traditionnels ont compris la pertinence du social media intelligence », avance Anne-Cécile Guillemot.
Et les deux associés de mettre en garde régulièrement leurs clients sur les signaux faibles qui émergent sur internet avant de bousculer les modes et tendances de consommation. Il y a bien sûr l'intelligence artificielle générative qui vient bousculer les interactions des marques avec leurs consommateurs à l'instar du nouveau chatbot déployé par L'Oréal pour échanger avec ses clients.
Mais ChatGPT n'effacera pas le rôle encore prépondérant des influenceurs humains. « On parle des change makers, ces influenceurs experts d'un sujet capables de générer des signaux faibles, de lancer des nouvelles pratiques et de produire des analyses pointues dans leur champ d'expertise. Ils jouent donc un rôle clef pour l'adoption de nouveaux produits auprès de communautés très spécifiques », détaille Anne-Cécile Guillemot, dont les équipes scrutent ces profils très suivis notamment dans le secteur de la cosmétique.
La concurrence des DNVB et des marques chinoises
C'est d'ailleurs sur ce type de relais qu'une nouvelle catégorie d'acteurs s'appuie pour grandir rapidement. Il s'agit des digitally native vertial brands (DNVB), ces marques nées sur internet qui vendent directement à leurs clients des produits spécifiques et performants. « On voit de plus en plus de ces DNVB exploser dans le secteur des soins pour la peau ou les dents, le bien-être, le sport ou encore les produits pour animaux. Certains arrivent à vendre cent fois plus que les grands groupes installés qui ne savent pas comment gérer cette nouvelle concurrence. Nous les analysons notamment pour nourrir les stratégies de rachat de nos clients », raconte Nicolas Guillemot.
Dans la région, l'exemple le plus parlant et emblématique de DNVB est l'entreprise Ultra Premium Direct, qui produit et commercialise en direct de l'alimentation animale avec un succès fulgurant. Mais on peut aussi citer, dans la région, des marques comme Asphalte et Monsieur Tshirt ou, à l'échelle nationale, le désormais célèbre Slip Français.
Enfin, dernière tendance lourde à prendre en compte pour les grandes marques françaises et européennes : la nouvelle vague chinoise qui déferle sur le Vieux continent. À l'instar des réseaux sociaux, des sites e-commerce et des voitures électriques qui inondent déjà le marché européen, la concurrence chinoise devrait être le gros sujet des années à venir.
« On observe une montée en puissance rapide des marques chinoises dans la santé, le bien-être mais aussi les biens de grande consommation avec, c'est ce qui est nouveau, des produits de qualité, compétitifs et déjà bien rodés sur leur énorme marché domestique », prévient Anne-Cécile Guillemot, qui appelle les grandes marques européennes à se réveiller et à revoir leurs certitudes sur le sujet.
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