Nucléaire, renouvelable, sobriété : les gros chantiers d'EDF en Gironde

Grand carénage de la centrale du Blayais, implantation d'un EPR 2, développement des énergies renouvelables, et promotion de la sobriété énergétique. Les équipes d'EDF en Gironde et en Nouvelle-Aquitaine ne manqueront pas de dossiers chauds en 2023 avec, en ligne de mire, l'objectif de neutralité carbone pour 2050. Plusieurs inaugurations sont également prévues dans la métropole bordelaise dont le démonstrateur d'agrivoltaïsme Vitisolar et une centrale solaire.
Le grand carénage de la centrale nucléaire du Blayais poussera la durée de vie des réacteurs jusqu'en 2040. Ensuite se pose la question de l'éventuelle implantation d'un EPR de nouvelle génération.
Le grand carénage de la centrale nucléaire du Blayais poussera la durée de vie des réacteurs jusqu'en 2040. Ensuite se pose la question de l'éventuelle implantation d'un EPR de nouvelle génération. (Crédits : ASN/Appa/G. Arroyo)

Quand on parle production d'électricité en Gironde, il est d'abord question de nucléaire. Avec ses quatre réacteurs, la centrale du Blayais a produit 22 TWh l'an dernier, soit près des deux tiers de la consommation de la Nouvelle-Aquitaine, qui est à 97 % décarbonée. Une centrale qui vient de fêter ses 40 ans de services et qui fait donc l'objet depuis 2020 d'un grand carénage jusqu'en 2029. « C'est un chantier de grande ampleur qui prévoit des rénovations, des modifications et des ajouts de matériels pour rehausser la sécurité du site. L'étanchéité du circuit primaire et de l'enceinte du bâtiment du réacteur est mise à l'épreuve pour permettre à la centrale d'opérer dix ans de plus », détaille Charlotte Maes, la directrice de la centrale qui mobilise 2.000 salariés et prestataires d'EDF.

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Un récupérateur de corium et deux forages allant jusqu'à 200 m de profondeur pour puiser de l'eau sont également en cours de construction au sein de la centrale. « Nous n'utiliserons probablement jamais ces équipements mais ils sont là pour parer à toute éventualité », explique Charlotte Maes qui assure également que la centrale, située sur l'estuaire, n'est pas concernée par la baisse du débit de la Garonne.

« Monter dans le train » des EPR 2

Et pour l'après 2040, la délicate question de l'implantation d'un ou deux EPR de nouvelle génération se pose puisque la centrale du Blayais possède le foncier et les équipements nécessaires. Pour Charlotte Maes, il est d'abord utile de ne pas se fermer de portes :

« Les élus ont pris conscience du poids économique de la centrale et donc des conséquences d'une fermeture après 2040. Les calendriers de la centrale et des futurs nouveaux EPR coïncident plutôt pas mal. À mon sens, il faut monter dans le bon train en 2023 si on veut pouvoir le faire, quitte à y renoncer plus tard si ce n'est pas possible ou souhaitable », juge la directrice.

Alors que la centrale du Blayais est toujours dans la course, l'Etat devrait se prononcer mi-2023 sur les sites retenus. L'idée fait son chemin dans le paysage politique local à l'exception d'EELV et des associations de défense de l'environnement. "Le regard des élus et des Français a changé sur le nucléaire et ses atouts avec la crise énergétique et climatique", avance de son côté Martin Leÿs, le directeur de l'action régionale d'EDF. La sénatrice Monique de Marco (EELV, Gironde) a cependant obtenu, il y a quelques jours, le vote d'un amendement interdisant l'installation de nouvelles centrales sur des zones littorales vulnérables aux inondations et aux submersions marines

Quoi qu'il en soit, dans le cadre de l'objectif de neutralité carbone en 2050, la consommation d'énergie est appelée à diminuer dans les années à venir mais, parallèlement, la part de l'électricité dans le mix énergétique devrait, elle, être amenée à doubler d'ici 2050 pour répondre aux nouveaux besoins, notamment de mobilité électrique.

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 2023, année de l'agrivoltaïsme ?

Mais, malgré le retard de la France sur le solaire et l'éolien, EDF sait aussi produire de l'électricité verte avec sa filiale EDF Renouvelables qui a ouvert une agence commerciale à Bordeaux l'an dernier. Objectif : participer activement à la trajectoire régionale qui vise 45 % d'énergies renouvelables en 2030 alors que la Nouvelle-Aquitaine reste la 1ere région française sur le photovoltaïque installé. La filiale d'EDF dispose de près de 300 MWc installés dans la région dont deux tiers de photovoltaïque et un tiers d'éolien. D'environ 15 % de parts de marché aujourd'hui, la filiale vise 30 % dans les années qui viennent et multiplie donc les ouvertures de parcs solaires ou éoliens dans toute la Nouvelle-Aquitaine avec, au total, 1.300 MWc en projets, dont deux-tiers de solaire. En Gironde, un ancien site industriel qui accueillera une centrale solaire sera dévoilé dans quelques semaines tandis que le démonstrateur Vitisolar, qui expérimente à Villenave-d'Ornon la pose de panneaux solaires sur des vignes en merlot sera inauguré au printemps.

« 2023 sera l'année de l'accélération de l'agrivoltaïsme dans le respect de la production agricole et comme service rendu pour le bien-être animal et la prévention des risques climatiques », promet Thibaut Veyssiere, directeur zone ouest d'EDF Renouvelables, alors qu'un projet de loi sur le sujet est en cours d'examen au Parlement.

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« La sobriété est devenue un sujet prioritaire pour les entreprises »

Mais 2022 c'était aussi et, même surtout, l'année des montagnes russes pour les tarifs de l'électricité malgré le mécanisme relativement protecteur mis en place en France pour les particuliers et la baisse d'environ 10 % de la consommation. Les prix sont passés l'an dernier de 42 €/MWh à 1.100 €/MWh pour atterrir fin 2022 à environ 200 €/MWh. Et 2023 devrait poursuivre dans la même veine puisque le tarif réglementé de vente augmentera de 15 % au 1er février pour les particuliers. Pour les professionnels, c'est encore pire :

« La tension est extrêmement forte pour les entreprises qui arrivent en fin de contrat et qui doivent renégocier aux prix du marché. On les aide à trouver les meilleurs contrats en fonction de leur typologie de consommation », explique Olivier Roland, directeur commerce sud ouest d'EDF. « Et on mène un gros travail d'accompagnement et de conseil sur l'efficacité énergétique. On constate d'ailleurs que la sobriété est devenue un sujet prioritaire pour la quasi-totalité des entreprises. »

EDF propose même des contrats d'effacement à certaines entreprises industrielles, notamment celles disposant de groupes froid. En échange d'une prime, elles acceptent de stopper totalement leur consommation d'électricité pendant quelques heures afin de passer un pic de consommation. Un dispositif qui a convaincu une centaine d'entreprises au niveau national.

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