LGV Bordeaux-Toulouse : partisans et opposants se mobilisent avant l'examen des recours

Un sondage commandé par SNCF Réseau montre un plébiscite citoyen pour les lignes à grande vitesse au sud de Bordeaux vers Toulouse et Dax, tandis que les opposants reconduisent leurs mobilisations. Parallèlement, quatre recours doivent être examinés devant les tribunaux alors que le Conseil national de la protection de la nature vient de rendre un avis défavorable au titre des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux.
Maxime Giraudeau
C'est dans le Lot-et-Garonne que l'opposition au GPSO est la plus vive selon un sondage.
C'est dans le Lot-et-Garonne que l'opposition au GPSO est la plus vive selon un sondage. (Crédits : PC / La Tribune)

Un sondage tombe-t-il toujours à pic ? Pour les promoteurs des nouvelles lignes à grande vitesse, c'est indéniable. Un sondage Odoxa commandé par SNCF Réseau (*) montre que 86 % des habitants des anciennes régions Aquitaine et Midi-Pyrénées se disent plutôt (53 %) ou tout à fait (33 %) favorables au Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest, appellation qui englobe les lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. Un plébiscite à nuancer quand on apprend aussi que 81 % des 2.000 personnes interrogées ne savent pas de quoi il relève précisément.

C'est ainsi que le maître d'ouvrage, épaulé par la société de projet GPSO, relancent la bataille de l'opinion sur ce vaste ouvrage ferroviaire qui, moyennant 15 milliards d'euros, doit mobiliser près de 5.000 hectares de terres dans le Sud-Ouest. « GPSO est plébiscité, c'est un bon projet pour l'environnement, les territoires et leurs habitants », s'est ainsi félicité Jean-Luc Gary, le directeur régional de SNCF Réseau, vendredi dernier. Un optimisme de mise aussi chez Alain Rousset, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine. « Les lignes ferroviaires du réseau ont plus d'un siècle et demi. Nous investissons ici pour que l'infrastructure dure plus d'un siècle. Pour nous la LGV, c'est le train du quotidien entre Bayonne et Poitiers », projette-t-il.

Le sondage en détail

A la question « êtes-vous favorable ou opposé à ce projet ? », les sondés répondent encore plus favorablement en Midi-Pyrénées (91 %) qu'en Nouvelle-Aquitaine (81 %). Le Lot-et-Garonne, avec 28 % d'avis défavorables, est le département le plus opposé. Le sondage indique un taux d'adhésion de 76 % chez les sympathisants de La France Insoumise, 79 % pour Les Écologistes, 86 % pour ceux du PS, 91 % pour les LR et jusqu'à 92 % côté Renaissance. Les gains perçus du projet sont le rapprochement de Bordeaux et Toulouse, les temps gagnés sur les trajets et les meilleurs liens entre les villes et territoires du Sud-Ouest. Côté inconvénients, les sondés citent l'impact sur le paysage et la biodiversité ainsi que le coût trop important de l'infrastructure.

Une adhésion globale qui ne change rien à la polarisation des débats sur le sujet. « Ce sondage ne pose pas la bonne question : sur ces nouvelles LGV, il y a un raccourci fait disant qu'on va construire une ligne Bordeaux-Espagne. Je trouve ça choquant car à ce jour la déclaration d'utilité publique entre Dax et l'Espagne n'est pas validée », rappelle Christine Seguinau conseillère régionale co-présidente du groupe écologiste.

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Avis défavorables

Faire Paris-Toulouse en 3h10 n'est en effet pas encore pour demain. Si les aménagements ont été lancés au nord de Toulouse (AFNT) et sont en phase préparatoire au sud de Bordeaux (AFSB), le projet fait l'objet de procédures qui pourraient freiner son avancée. Après l'autorité environnementale fin avril, le conseil national de protection de la nature a rendu son avis sur les AFSB le 26 avril. Le maître d'ouvrage demande, au motif de l'intérêt public, de pouvoir détruire exceptionnellement les habitats de cinq espèces (grand capricorne, moineau friquet, noctule commune, loutre d'Europe et vison d'Europe) pour créer une nouvelle voie sur 12 kilomètres. Le conseil s'y oppose au vu du dossier examiné.

« Le CNPN, tout en soulignant la qualité du dossier sur un grand nombre de points, émet un avis défavorable à cette demande de dérogation, qui doit être davantage travaillée et précisée, notamment sur les aspects de la compensation et du respect de la trame verte. Devra notamment être fourni un bilan, par espèce, des pertes et des gains attendus des mesures de compensation afin de pouvoir garantir un gain net de biodiversité », est-il écrit dans la conclusion de l'avis. Le conseil juge par ailleurs que la raison impérative d'intérêt public majeure du GPSO et donc des AFSB est fondée au regard des gains de temps permis par les nouvelles voies... mais pas au vu du report modal potentiel de la route vers les rails, comme l'avait déjà relevé l'Autorité environnementale. Des avis qui vont contraindre SNCF Réseau à revoir et enrichir sa copie.

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Recours à suivre

En attendant, les opposants poursuivent leur protestation. Après une mobilisation en Lot-et-Garonne le week-end dernier, les élus locaux et parlementaires de gauche et de droite se réuniront à Saint-Médard d'Eyrans, en Gironde, ce vendredi - comme il y a un an au côté de collectifs. Les élus opposés à l'infrastructure comptent notamment sur les recours juridiques en cours pour stopper le projet. Ils sont au nombre de quatre : deux recours ciblent le plan de financement sur lequel se sont engagées les collectivités et deux autres mettent en cause la prolongation de déclaration d'utilité publique (DUP) sur les AFSB et sur le GPSO.

« Nous avons bon espoir que le tribunal annule la prolongation de DUP. Il y a eu une très forte augmentation du financement public par rapport au projet initial. Il était prévu au moment de l'enquête publique en 2015 qu'il s'élève à 50 % et il va être aujourd'hui de 80 voire 90 % du coût du projet », pointe Denis Teisseire, représentant de l'association Transcub qui porte les recours. Les recours contre le plan de financement, déposés en 2022 par des élus pour l'un et par des associations et usagers pour l'autre, voient leur instruction clôturée ce jeudi 30 mai par le tribunal administratif de Toulouse. La tenue de l'audience est donc suspendue à l'examen du rapporteur public et pourrait intervenir d'ici la fin de l'année.

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(*) Questionnaire en ligne auprès d'un échantillon d'habitants du Sud-Ouest interrogés du 17 au 26 avril 2024. Un échantillon de 1.994 habitants du Sud-Ouest, dont 1.057 habitants de l'ancienne région Aquitaine et 937 habitants de l'ancienne région Midi-Pyrénées selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession et département).

Maxime Giraudeau

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Commentaire 1
à écrit le 30/05/2024 à 15:24
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Hum on commencerait pas à avoir un gros problème autre qu'écologique avec ce chantier ? Quand on voit dans quel état misérable est le train en nouvelle aquitaine...

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