L'opposition aux forages pétroliers en Gironde devient un symbole politique

Forer le sous-sol du Bassin d'Arcachon pour exploiter encore du pétrole. C'est le dessein de la société canadienne Vermilion qui attend la décision des services de l’État. En face, la contestation citoyenne prend corps jusqu'à faire du projet un symbole politique à l'approche des élections européennes. Une manifestation est prévue dimanche 11 février à Bordeaux.
Maxime Giraudeau
Le gisement de Cazaux, au sud du Bassin d'Arcachon, abrite une cinquantaine de puits de pétrole en activité sur 55km2.
Le gisement de Cazaux, au sud du Bassin d'Arcachon, abrite une cinquantaine de puits de pétrole en activité sur 55km2. (Crédits : Stop Pétrole Arcachon)

Continuer à extraire du pétrole malgré le dérèglement climatique toujours plus palpable. Tel est le destin promis par l'exploitant canadien Vermilion au Bassin d'Arcachon. Aux feux de forêt et à l'érosion littorale, les questions de transition énergétique viennent désormais s'ajouter aux enjeux de ce territoire qui n'est décidément pas ménagé. Le producteur d'hydrocarbures veut huit nouveaux forages, sur une ancienne concession d'Esso qu'il exploite déjà, pour continuer à alimenter le marché français. Avec la promesse d'un pétrole « Made in France » distribué en circuit-court.

L'enquête publique qui s'est terminée en novembre a abouti à l'avis favorable de la commissaire enquêtrice. La demande de nouvelles infrastructures sur la commune de La-Teste-de-Buch est en cours d'instruction par la Dreal (Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) qui doit rendre sa décision au printemps.

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Petite production pour grand symbole

En attendant, la fronde écologiste prend de la consistance. Après la mobilisation d'une centaine de personnes devant la sous-préfecture d'Arcachon en décembre, le collectif Stop Pétrole Bassin d'Arcachon manifeste à Bordeaux ce dimanche 11 février. Soutenu par de nombreuses organisations, comme Greenpeace et Extinction Rebellion, les organisateurs espèrent rassembler plusieurs centaines voire quelques milliers de personnes.

Pour les opposants, la poursuite de l'exploitation pétrolière est un non-sens :

« La plupart des défenseurs du projet revendiquent une indépendance énergétique de la France, mais la production de pétrole tricolore ne représente que 1 % de la consommation, note Alexandra, porte-parole du collectif. Le gouvernement veut baisser notre dépendance aux énergies fossiles alors arrêtons les nouveaux forages et investissons dans la transition ! »

Si la production girondine de Vermilion est marginale en volume (1.500 barils par jour), la mise en débat de sa poursuite jusqu'en 2035 voire 2040 devient un totem politique. La tête de liste du mouvement Les Écologistes (ex-EELV) Marie Toussaint sera du cortège dimanche pour exprimer son opposition mais aussi incarner sa campagne.

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« Irresponsabilité » contre « hypocrisie »

En décembre, les élus verts au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine ont échoué à faire adopter une motion contre la poursuite de l'exploitation pétrolière en Gironde. L'un d'eux, Vital Baude, met en cause la responsabilité du gouvernement. « La loi Hulot de 2017 prévoit l'arrêt de la production de pétrole et de gaz en France en 2040. Nous sommes sur un territoire qui a essuyé des incendies géants, des inondations et qui doit faire face au recul du trait de côte. Nous sommes aux avant-postes des effets du changement climatique. Si l'État accorde son feu vert, c'est de l'irresponsabilité ! », martèle-t-il.

Interrogé en décembre, le ministre de la Transition écologique ne semble pas vouloir en faire un cheval de bataille. « J'assume que ça puisse heurter le bon sens et en même temps, tant qu'on a besoin de pétrole, ce n'est pas plus mal qu'il vienne d'ici plutôt que de le faire venir du bout du monde en l'achetant à des dictatures qui utilisent ensuite cet argent parfois pour soutenir des mouvements qui nous combattent », répond Christophe Béchu.

Avec l'approche des élections européennes, qui se tiendront le 9 juin, le gouvernement devra afficher une position tranchée sur le sujet. S'il se cherche un crédit écologiste pour convaincre ses électeurs, le dossier pourrait à son tour lui servir de symbole. Contacté par La Tribune, Vermilion n'a pas souhaité s'exprimer.

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Maxime Giraudeau

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Commentaires 3
à écrit le 10/02/2024 à 16:33
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Agir contre l'offre de pétrole est catastrophiquement contre-productif. Il faut agir sur la demande avec suffisamment d'éloquence pour contrecarrer la baisse de prix qui s'ensuit (si on consomme moins, le prix baisse). Si on limite l'offre, le prix m...

à écrit le 10/02/2024 à 7:16
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Et la nappe phréatique !? L'eau d’Arcachon du robinet est de l'eau de source, elle est excellente, oui il faut être timbré pour relancer des forages pétroliers mais nos dirigeants sont timbrés hélas.

à écrit le 10/02/2024 à 7:06
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Ce n'est pas l'arrêt de la production de 1500 barils par jour de pétrole qui va supprimer les incendies de forêt inondations et recul du trait de côte, sinon cela se saurait 😏 On est ici sur une position écolo dogmatique, quoi qu'on en pense la fin ...

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