Grand port maritime de Bordeaux (GPMB) : le président Jean-Frédéric Laurent optimiste pour 2023

Le port de Bordeaux a enregistré une petite baisse d'activité en 2022 mais devrait récupérer des points de croissance en 2023. De plus en plus engagée dans la transition écologique de ses activités, la plateforme portuaire ne renonce pas pour autant au développement de son activité logistique. A la tête d'un gigantesque domaine qui s'étend sur une centaine de kilomètres, le port est aussi un gestionnaire de zones humides.
Bassens : le plus gros des sept terminaux portuaires du port de Bordeaux.
Bassens : le plus gros des sept terminaux portuaires du port de Bordeaux. (Crédits : Agence Appa)

Malgré une baisse de son trafic global de 2,2 %, à 6,55 millions de tonnes de marchandises en 2022, qui aurait pu se conclure par une hausse si le mois de décembre n'avait pas été défavorable, le Grand port maritime de Bordeaux (GPMB) est bien placé pour réussir une bonne année 2023. C'est le sentiment du patron du port de Bordeaux, Jean-Frédéric Laurent, qui est président du directoire du GPMB.

« Depuis janvier, notre activité repart plutôt bien » confirme le président du GPMB à La Tribune.

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Symbole marquant de ce bon démarrage 2023 : l'escale du 2 au 4 janvier derniers, au terminal portuaire du Verdon, du navire roulier (« car carrier » en anglais pour transporteur de voitures) Neptune Horizon. Un énorme navire de 168 mètres de long qui a déchargé plus de 2.800 automobiles neuves Renault à la pointe du Médoc en provenance de Corée du Sud et du Maroc. La direction du port s'est félicitée de la réussite de cette opération quasiment historique préparée en amont avec l'Union maritime portuaire de Bordeaux (UMPB), qui regroupe les chargeurs du port. La grande zone portuaire du Verdon, encore marquée par l'échec en 2015 de l'ambitieux projet de terminal à conteneurs, n'avait pas traité de marchandise depuis près d'une dizaine d'années, se concentrant sur l'accueil des touristes.

Le débarquement de voitures au Verdon : une réussite prometteuse

Comme a eu l'occasion de le souligner la direction portuaire, le terminal du Verdon permet le chargement et le déchargement de véhicules, mais aussi de colis lourds et de marchandises exceptionnelles ou hors gabarit. Le tout grâce à ses capacités nautiques, à ses vastes espaces disponibles et à sa « situation géographique privilégiée ». Mais au-delà du Verdon, sur les six autres terminaux portuaires, le port de Bordeaux n'a jamais arrêté de traiter des conteneurs : avec plus ou moins de réussite en fonction des années .

« En 2023, nous continuons à travailler au rebond de l'activité conteneurs, qui a stagné en 2022. Nous allons pouvoir capitaliser sur cette expérience réussie de déchargement d'automobiles au Verdon pour en faire d'autres. Même si Le Verdon n'a pas vocation à devenir un gigantesque hub. La transition de nos activités, avec la montée en puissance continue de l'économie circulaire est l'un de nos principaux objectifs » pointe Jean-Frédéric Laurent.

La montée en puissance de l'économie circulaire

Les produits liés à cette activité circulaire sont nombreux : ferraille, déchets de verre pilé, pneus broyés, ciment, etc. Leur montée en puissance va de pair avec celle des biocarburants : deux familles de produits qui représentent désormais plus de 8 % de l'activité globale du port, à 560.000 tonnes. Contre 300.000 tonnes il y a quatre ans... Des familles de produits dont les équipes de la plateforme portuaire bordelaise s'attachent à capter le trafic. Le port de Bordeaux est par ailleurs complètement impliqué dans la transition énergétique avec le lancement de l'initiative Peepos (port à énergie et à économie positives), qui s'inscrit dans une démarche européenne.

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Peepos vise en particulier à assurer le développement de l'hydrogène dans la zone portuaire. Avec une mission d'évaluation menée par les autorités portuaires dans le cadre du projet européen H2Bordeaux, en partenariat notamment avec la société Storengy (filiale d'Engie). L'un des grands projets du port étant d'arriver à mettre au point une unité de production d'ammoniac vert à partir d'hydrogène, afin de décarboner au maximum l'activité portuaire industrielle.

Développement d'une unité de méthanisation

Le GPMB est également associé, toujours dans le cadre de Peepos, au groupe Cap Vert Energie pour développer une unité de méthanisation dans son périmètre. Il s'agit de récupérer de nombreux types de déchets organiques dans les villes d'Ambarès et Bassens, comme ceux des cantines, pour produire du méthane après dégradation

« Le méthane produit sera réinjecté dans le réseau local. Cette production neutre en carbone sera suffisante pour couvrir les besoins d'une ville comme Bassens. Le digestat issu de la dégradation des déchets organiques sera utilisé pour fertiliser les champs » déroule le président du port.

Le domaine du GPMB, qui s'étend depuis Bordeaux jusqu'au Verdon - soit une centaine de kilomètres - sur toute la rive gauche et une bonne partie de la rive droite de l'estuaire de la Gironde couvre un territoire gigantesque qui s'achève en haute mer avec le terminal portuaire du Verdon, à la pointe du Médoc. D'où la sensibilité de plus en plus forte des autorités portuaires aux enjeux environnementaux.

Le port impliqué dans la gestion des zones humides

« La semaine dernière nous avons cosigné, avec le Conservatoire du Littoral, un plan de gestion pour la protection des zones humides en Nord-Médoc. Un plan de gestion concerté qui porte sur 1.000 hectares, dont 60 % sont sous la responsabilité du conservatoire et 40 % du port. Nous travaillions depuis deux ans sur la conclusion de cet accord, qui a exigé le mise en place d'une concertation très fine » rembobine le président.

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Complété par le CPIE Médoc (Centre permanent d'initiative pour l'environnement) cet accord doit permettre d'assurer la pérennité du marais du Conseiller/Mattes de Paladon. Localisé sur la commune du Verdon, c'est l'un des derniers marais maritimes de Gironde. Une mission de préservation des zones humides dans laquelle le GPMB est impliqué depuis 2003 avec l'association Curuma/CPIE Médoc.

« La signature de cet accord, auquel nous avons agrégé le Département, est une avancée majeure. Et nous sommes accompagné par de nombreux partenaires dans ce rapprochement avec le conservatoire, comme l'Agence de l'eau Adour-Garonne ou la Région Nouvelle-Aquitaine » éclaire le président du port.

Une production de 10.000 tonnes de saumon par an

La zone portuaire du Verdon accueille aussi une importante initiative privée, avec la création par la société Pure Salmon de la Ferme Salmon. Un projet d'élevage de saumons qui va s'étendre sur 14 hectares, mobiliser 250 à 275 millions d'euros d'investissement et permettre la création sur place de 250 emplois. Avec une production qui devrait représenter 10.000 tonnes de saumon par an.

« Le projet en est à la phase du permis de construire. Si tout va bien la ferme sera livrée d'ici début 2024 » précise Jean-Frédéric Laurent.

Les projets pour 2023 ne manquent pas et Jean-François Laurent mise sur une année riche en croisières avec 60 escales attendues (contre 43 en 2022), dont 40 à Bordeaux et 20 au Verdon. Enfin la première saison consacrée par le GPMB à l'incubateur de startups mis en place avec Technowest est un succès. Le nombre de jeunes entreprises qualifiées va ainsi passer de quatre en 2022 à huit en 2023.

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Commentaire 1
à écrit le 16/02/2023 à 9:52
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Bosser dans un port c'est quand même classe, le consumérisme nous fait oublier nos véritables motivations, et sans pollution cela parait tellement plus sympa pour ceux qui y bossent déjà. Je note un dynamisme qui s’éveille dans nos ports, j'espère qu...

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