Le Grand port maritime de Bordeaux veut faciliter le retour des paquebots en pariant sur Pauillac

Alors que près de 60 paquebots sont attendus en 2022, le Grand port maritime de Bordeaux (GPMB) va doter Pauillac, ville portuaire de l'estuaire, d'infrastructures d'appontement lui permettant d'accueillir des navires de plus de 300 mètres de long, trop grands pour le port de Bordeaux. C'est ainsi que Pauillac, située en plein vignoble du Médoc, disposera bientôt d'un terminal de croisière.
Le Grand port maritime de Bordeaux entend bien revoir des paquebots à Bordeaux, avant de rajouter une nouvelle escale à Pauillac.
Le Grand port maritime de Bordeaux entend bien revoir des paquebots à Bordeaux, avant de rajouter une nouvelle escale à Pauillac. (Crédits : Grand port maritime de Bordeaux (GPMB))

Lors de leur conférence de presse de rentrée, Philippe Dorthe, président du conseil de surveillance, et Jean-Frédéric Laurent, président du directoire du Grand port maritime de Bordeaux (GPMB) ont abordé la question de l'activité navale aux Bassins à flot et celle du retour des paquebots, à Bordeaux mais aussi et surtout à Pauillac (Médoc). Une ville du cœur du Médoc viticole qui dispose d'un port sur l'estuaire de la Gironde et qui va bénéficier de travaux pour renforcer son infrastructure d'appontement du poste 700.

Lire aussi 8 mnLe port de Bordeaux (GPMB) a réussi à stopper net la chute de son trafic

Ce dernier servait auparavant à charger les pièces de l'A380 sur une barge à destination de Langon (sud Gironde), avant de rejoindre Toulouse via le Gers en semi-remorque de format convoi exceptionnel grâce à l'itinéraire à grand gabarit. Suite à l'annonce en 2019 de l'arrêt prématuré du programme A380 (en 2021), le maire de la ville et la direction du Grand port maritime de Bordeaux ont décidé de donner à Pauillac une deuxième chance avec la restructuration du poste 700.

Un moyen terme naval entre Le Verdon et Bordeaux

"Pauillac c'est loin de Bordeaux mais c'est très proche du vignoble et ce sera différent d'une escale en centre-ville. Il faut que nous puissions y accueillir des navires de 300 mètres. Les travaux programmés vont doter Pauillac d'un véritable terminal de croisière et permettre à la ville d'accueillir ensuite des bateaux encore plus grands. A Bordeaux centre nous pouvons accueillir des paquebots jusqu'à 250 mètres. A Pauillac on pourra accueillir des paquebots jusqu'à 300 mètres et ensuite encore plus grands", a illustré Jean-Frédéric Laurent.

Lire aussi 2 mnVignes : comptez 2 M€ pour 1 hectare en Pauillac

L'objectif est dans un premier temps, d'ici 2024, de le rendre capable d'accueillir des navires de 306 mètres de long. La deuxième partie de la restructuration prévoit que ces aménagements seront compatibles avec la phase finale du projet, soit le branchement à quai et l'accueil de navires jusqu'à 340 mètres. La direction du port de Bordeaux est d'autant plus mobilisée sur ce projet que les compagnies navales ont déjà annoncé que les paquebots de 330 mètres seraient bientôt le cœur de cible de la filière.

Pas de choc de croissance pour les croisières en 2021

Après l'effacement du calendrier 2020 des escales de paquebots de croisières au Verdon (sans limite de taille) et à Bordeaux (pour les moins grands), suite à la pandémie de Covid-19, le super rebond attendu en 2021 de 61 escales de paquebots a fait un flop. L'interdiction prise par décret de toute activité de croisière jusqu'au 30 juin 2021 a étranglé le marché mais permis malgré tout l'accostage de 19 paquebots, dont une quinzaine à Bordeaux, entre la mi-août et la fin octobre, permettant de limiter les dégâts avec 13.890 passagers. Les autorités aussi bien politiques que portuaires de Bordeaux Métropole ont élaboré un plan pour limiter les nuisances engendrées par l'activité touristique nautique, en commençant par les paquebots fluviaux mais sans oublier leur confrères maritimes.

Lire aussi 4 mnBordeaux Métropole charge Enedis d'électrifier ses pontons de croisières fluviales

L'un des objectifs étant de réduire de façon drastique la consommation de fioul lourd, l'un des carburants les plus polluants de la planète. Un sujet très important qui ne risque pas de faire disparaître ce type de tourisme. Sans doute à cause du caractère exceptionnel de la Gironde, un estuaire long de 75 kilomètres à la vertigineuse largeur, qui peut atteindre jusqu'à 13 kilomètres. Sans compter Bordeaux : l'une des rares villes classées au patrimoine de l'Unesco dont les paquebots peuvent atteindre le centre. En 2022 pas moins de 59 escales de paquebots sont attendues en Gironde, dont 40 à Bordeaux et 19 au Verdon.

La capacité de levage du slipway de Bacalan portée à 1.100 tonnes

Mais le port entend également muscler son activité de maintenance nautique. A Bordeaux le quartier des Bassins à flot est devenu l'un des nouveaux cœurs urbains du port de la Lune, qui en a toujours eu plusieurs. Une zone portuaire originaire du XIXe siècle récemment urbanisée, qui porte encore quelques traces de son passé pavé de brume, au faux air de quai londonien estampillé Conan Doyle. Le tout dans un quartier de Bacalan dont la vocation maritime et industrielle a toujours tenu à cœur à Philippe Dorthe, élu historique de ce territoire jadis lourdement portuaire. Il s'est battu avec succès pour préserver la fonctionnalité un temps menacée du pont tournant, qui commande l'entrée et la sortie des deux bassins à flot et donc des deux formes de radoub (cales sèches) qui s'y trouvent. La berge de la Garonne dispose aussi à Bacalan et depuis des lustres d'un slipway. Un plan incliné de halage à sec des navires qui n'a lui non plus rien de folklorique et qui vient de bénéficier d'investissements du port.

"Nous nous devons d'avoir un pôle naval performant. C'est ainsi que le slipway a été remis à niveau, avec une capacité de levage que nous avons porté de 700 tonnes à 1.100 tonnes. Ce qui vient par exemple nous permettre de hisser le ferry Sébastien Vauban, du Département de la Gironde, qui fait un peu moins de 1.000 tonnes, sur le slipway. Avec les Bassins à flot, Bordeaux démontre qu'il est un port de territoire", a décortiqué Philippe Dorthe avec gourmandise.

Le président du conseil de surveillance n'a pas caché qu'il se réjouissait du changement de perspective en cours avec le lancement du plan stratégique sur cinq ans. "Vous voyez que là nous sommes dans le temps long, alors qu'avant nous étions dans le temps court", diagnostique-t-il en souriant.

Lire aussi 3 mnLe port de Bordeaux (GPMB) recherche son second souffle dans l'hydrogène

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 02/02/2022 à 9:54
Signaler
Ah elle est mignonne la belle endormie soit disant aux mains d'écologistes qui sont rien de moins que des putains d'économistes, des hypocrites qui continuent leur petit business mondial quand il faudrait manger local.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.