Bordeaux dévoile (enfin) son dossier de candidature au programme Territoires zéro chômeur

La mairie de Bordeaux vient de déposer son dossier de candidature au dispositif Territoires zéro chômeur de longue durée. Public concerné, emplois adaptés, échéances, nomination d'un directeur : en exclusivité pour La Tribune, Stéphane Pfeiffer, adjoint en charge de l'Emploi et de l'ESS, détaille le contenu du dossier bordelais.
Maxime Giraudeau
La municipalité écologiste veut rejoindre le dispositif pour pallier les difficultés d'accès à l'emploi de certains publics défavorisés.
La municipalité écologiste veut rejoindre le dispositif pour pallier les difficultés d'accès à l'emploi de certains publics défavorisés. (Crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA)

C'était une promesse de campagne du groupe écologiste arrivé à la mairie en 2020. Trois ans après, la majorité municipale annonce avoir déposé, le 31 janvier, son dossier de candidature au dispositif Territoires zéro chômeur de longue durée. Un programme d'insertion sociale par la création d'emplois adaptés aux besoins d'un territoire et déjà déployé dans une cinquantaine d'endroits en France. S'il est principalement implanté dans des zones périurbaines ou rurales, comme à Castillon-la-Bataille, la mairie de Bordeaux veut aussi s'en saisir pour lutter contre la désertion de l'emploi au Grand parc, un quartier au nord du centre-ville.

Lire aussiTerritoires zéro chômeur : trois questions sur l'expérimentation de Castillon-la-Bataille

« Dans ce quartier, on est face à un public précarisé, avec un niveau d'études moins avancé que le reste de la population bordelaise. Derrière, les difficultés sont fortes pour trouver du travail. On a un cumul de difficultés sociales, familiales, financières, de santé et des quartiers qui décrochent de l'emploi » analyse Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire de Bordeaux chargé de l'Emploi et de l'Économie sociale et solidaire.

Retour très progressif vers l'emploi

Mais avant de soumettre sa candidature, la municipalité a choisi de mener une expérimentation pour définir le secteur d'intervention et le public cible. Il en ressort que sur le territoire approché, qui compte 4.300 habitants entre les quartiers du Grand Parc et des Chartrons, un total de 600 personnes pourrait être concerné par l'intégration du dispositif. « Une partie est inscrite à Pôle emploi, une partie n'y est pas inscrite mais bénéficie du Rsa, et puis surtout on a environ un tiers qui ne touche pas le Rsa et n'est pas inscrit à Pôle emploi. Ces gens-là sont notre priorité. L'enjeu est d'arriver à rencontrer ces fameux invisibles » vise l'adjoint. Le quartier du Grand parc connaît un taux de chômage de 22 %, soit trois fois plus que celui de la ville de Bordeaux.

La phase d'expérimentation s'est attachée à mettre en regard les aspirations des personnes éloignées de l'emploi, avec les besoins des habitants et acteurs économiques du quartier. Le programme Territoires zéro chômeur ne cherche pas à placer des personnes inactives sur le marché de l'emploi, mais bien à rééquilibrer l'offre et la demande de travail en créant de nouveaux postes par rapport aux attentes. Au Grand parc, il en ressort quatre type d'emplois qui seront créés pour lancer le programme : une activité de relai des activités culturelles, une conciergerie de quartier, une structure de réparation de vélo ainsi qu'un soutien au développement de l'épicerie solidaire du Grand parc. Les personnes en situation de chômage de longue durée interrogées disent vouloir « un retour qui soit progressif vers l'emploi ». Et ce, pour des raisons d'handicap et faible accès à la mobilité notamment. Ainsi, les nouveaux postes seront proposés en temps partiel. Sur la première année, Stéphane Pfeiffer table sur 15 équivalents temps plein pour un total de 28 emplois.

Lire aussiESS : Aspe et Eureka fusionnent pour développer l'insertion par l'emploi en Gironde

Décision rendue dans trois mois

L'Entreprise à but d'emploi (EBE) chargée de la mobilisation et de l'accompagnement du public cible s'installera au cœur du quartier du Grand parc, où son siège social est actuellement en construction. Elle va également être dotée d'un directeur en la personne de Guillaume Gueguen, auparavant chargé de mission à l'Inae (Insertion par l'activité économique) Nouvelle-Aquitaine. L'EBE servira également à recevoir les subventions de l'État et du département, qui contribuent respectivement à 70 et 30 % au financement des emplois, comme l'instaure la loi. En novembre dernier, le conseil municipal avait voté en faveur d'une subvention de 97.000 euros à l'entreprise à vocation sociale.

La mairie va devoir patienter trois mois avant de savoir si elle peut intégrer le dispositif. Stéphane Pfeiffer a bon espoir d'un retour favorable puisque le programme Territoires zéro chômeur n'est désormais plus limité dans son déploiement. En 2016, la ville de Castillon-la-Bataille avait manqué de peu l'intégration du dispositif qui ne retenait alors que dix territoires, avant de pouvoir finalement l'intégrer en juillet 2022. « Il était difficile de mobiliser des personnes éloignées de l'emploi pendant la période Covid. Et comme la candidature est assez complexe, on a préféré prendre le temps d'avoir un dossier le plus qualitatif possible. A présent, il y a devant nous trois mois d'échanges durant lesquels on a la possibilité de faire évoluer le dossier sur certains points » fait valoir l'adjoint à La Tribune. Après ça, la majorité écologiste espère être prête à effectuer les premiers recrutements pour la rentrée de septembre. En espérant donner une tournure plus concrète à sa politique en matière d'emploi.

Lire aussiQui est Stéphane Pfeiffer, l'adjoint au maire de Bordeaux en charge de l'emploi et de l'ESS ?

Maxime Giraudeau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.