Qui est Stéphane Pfeiffer, l'adjoint au maire de Bordeaux en charge de l'emploi et de l'ESS ?

PORTRAIT. A tout juste 30 ans, Stéphane Pfeiffer est l'un des benjamins du nouveau conseil municipal bordelais désormais dirigé par le maire écologiste Pierre Hurmic. Il occupe le poste clef de 2e adjoint, en charge de l'emploi, de l'économie sociale et solidaire et des formes économiques innovantes. Un sujet qui le passionne depuis ses études universitaires. Jusqu’alors quasi-inconnu du monde politique local, il a désormais l'ambition de développer une économie plus collaborative pour la ville de Bordeaux et la Métropole, où il est également conseiller.
A 30 ans, Stéphane Pfeiffer est en charge de l'emploi, de l'économie sociale et solidaire et des formes économiques innovantes à la mairie de Bordeaux.
A 30 ans, Stéphane Pfeiffer est en charge de l'emploi, de l'économie sociale et solidaire et des formes économiques innovantes à la mairie de Bordeaux. (Crédits : Agence APPA)

Lancé dans les méandres politiques et économiques bordelais en pleine crise sanitaire, le nouvel adjoint à l'économie doit faire face à des défis de taille. Mais sa détermination semble inébranlable, heureux d'avoir de nouveaux challenges à relever au sein d'une municipalité jusque-là dirigée 73 ans par la droite. Initialement, Stéphane Pfeiffer ne devait endosser que le rôle d'adjoint à l'économie. Mais la démission pour raisons personnelles, le 3 juillet dernier, de Benoît Meyer, l'ex-directeur des services de Pôle emploi en Gironde, en a décidé autrement et l'a propulsé en première ligne en reprenant le portefeuille de l'emploi dans une période particulièrement sensible.

S'il débute à Bordeaux son premier mandat d'élu, Stéphane Pfeiffer, qui a fêté ses 30 ans le 21 septembre dernier, est membre du parti Génération·s, fondé par Benoît Hamon (Parti socialiste) depuis 2017. Il a également fait ses armes auprès de Fanélie Carrey-Conte, députée PS de la 15e circonscription de Paris. A Bordeaux, il partage le portefeuille du monde économique bordelais avec un profil plus capé mais issu de la société civile : Nadia Saadi, 59 ans, responsable RSE au CIC Sud Ouest, nommée 13e adjointe en charge de l'accompagnement des mutations économiques.

L'ESS comme fil rouge

Lorsque Stéphane Pfeiffer raconte son parcours et son engagement dans son nouveau bureau du palais Rohan, qui jouxte celui de Nadia Saadi, son discours est déjà rôdé : il connaît son sujet. Inspiré par l'économiste Thomas Piketty, il a grandi dans l'école de Jean Jaurès. Ce passionné des Girondins de Bordeaux - sujet qu'il suit de près aux côtés du maire de Bordeaux et de l'adjoint aux sports - n'en oublie pas son autre appétence, le cyclisme sur route.

Mais outre ses inclinations, Stéphane Pfeiffer a fait de l'économie sociale et solidaire (ESS) son cheval de bataille depuis l'université. Originaire de Bordeaux, il étudie à Sciences Po Toulouse, puis à la faculté Paris X Nanterre, où il obtient un master 2 de sciences politiques, droit public et développement économique Très vite, il s'engage dans des associations étudiantes, comme Solidarité étudiante ou l'union nationale des étudiants de France (Unef). Il crée ensuite avec d'autres étudiants une société coopérative d'intérêt collectif (Scic), dont il prend la vice-présidence. Outre l'engagement militant, s'y adjoint alors la dimension économique. "On faisait des cafétérias sur les campus, des colocations solidaire, la promotion de l'économie sociale auprès des étudiants", se souvient Stéphane Pfeiffer.

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Vient ensuite une année auprès de la députée socialiste Fanélie Carrey-Conte, qui a elle aussi débuté son militantisme dans les syndicats étudiants. "Je trouvais qu'il avait des qualités qui, à mon avis, sont indispensables à tout travail d'élu : c'est quelqu'un qui a des convictions très fortes, il a un vrai intérêt sincère pour les gens. Il est curieux, on avait beaucoup de discussions sur les enjeux politiques, tout ce qui se passait en matière d'innovation sociale, on était très férus tous les deux d'ESS", se remémore Fanélie Carrey-Conte qui décrit une collaboration heureuse. "Stéphane a aussi eu ce double parcours à la fois politique et investi dans le monde économique et dans l'ESS. Il a une connaissance du monde politique et de ses arcanes qui est utile dans la situation qu'il va rencontrer à Bordeaux - qui ne va pas être simple comme on le voit déjà - et en même temps il a travaillé dans l'économie sociale.Cela lui permet d'avoir aussi peut-être plus de recul que des personnes qui ont des parcours uniquement de professionnels de la politique même s'il en faut aussi", ajoute la députée.

Stéphane Pfeiffer Nadia Saadi

Stéphane Pfeiffer et Nadia Saadi, le nouveau binôme en charge de l'économie à la mairie de Bordeaux (crédits : Agence APPA).

Après ce passage au Palais Bourbon, Stéphane Pfeiffer poursuit sa carrière dans l'ESS, au sein de la Confédération générale des Scop (société coopérative et participative) puis il entre à Bordeaux au CRGE (centre de ressources pour les groupements d'employeurs), où il accompagne la création et le développement des mouvements d'employeurs autour des axes des ressources humaines, de l'emploi et de la formation.C'est à l'automne 2019, qu"il rejoint l'équipe de campagne de Pierre Hurmic, qu'il ne connaissait pas personnellement jusque-là.

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Une économie sociale et solidaire pour Bordeaux

Désormais installés dans leurs fauteuils d'adjoints, Stéphane Pfeiffer et Nadia Saadi ont identifié plusieurs chantiers de taille. Le premier, la cellule d'aide au TPE qui apparaît inévitable. "Il y a beaucoup de petites entreprises avec peu ou pas de salariés qui sont en grande difficulté, il faut qu'on arrive à les récupérer avant qu'il ne soit trop tard. Chaque année à Bordeaux, c'est entre 6.000 et 7.000 emplois qui sont supprimés parce qu'il y a des fermetures d'entreprises, souvent des TPE", expliquent les deux élus. Ou encore la candidature de Bordeaux au dispositif "Territoire zéro chômeur de longue durée". Deux premières mesures pour répondre à la crise économique qui secoue le territoire néo-aquitain.

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Deux propositions saluées par Thomas Cazenave (LREM), membre du conseil municipal d'opposition, qui déplore pourtant leur manque d'ambition. "La crise économique est déjà là c'est pour ça qu'il faut aller bien au-delà de ces expérimentations très ponctuelles. Au regard de l'importance de la crise, je pense qu'il faut des réponses plus structurelles qui me semblent relever davantage de notre insertion dans le plan de relance", explique-t-il. Il ajoute, "l'ESS est un secteur très important qui a vocation à se développer. Mais notre action économique à l'échelle du territoire ne peut pas juste se résumer à l'action du secteur de l'ESS." Stéphane Pfeiffer fait partie des nouveaux visages municipaux, comme plusieurs de ses colistiers, désormais mis à l'épreuve par l'opposition. "Je n'ai pas d'avis a priori sur les personnes qui sont en place, c'est à l'épreuve de l'exercice des responsabilités que je me ferai une opinion" développe Thomas Cazenave.

Stéphane Pfeiffer Nadia Saadi

Stéphane Pfeiffer et Nadia Saadi, entourés de Bernard Louis Blanc (adjointe à l'urbanisme) et de Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux (crédits : Agence APPA).

Stéphane Pfeiffer a d'ores et déjà rencontré le président de la Chambre de commerce et d'Industrie Bordeaux Gironde, qui se félicite de cet entretien. "Il est très branché économie sociale et solidaire, mais ça tombe bien car ça fait deux ans que l'on travaille sur l'accompagnement des entreprises qui sont dans cette démarche ! C'est la nouvelle génération mais en même temps il est très connaisseur du monde économique dans son entièreté, et j'ai de bons espoirs qu'on puisse travailler très concrètement sur les sujets et les dossiers", ajoute Patrick Seguin. Il confie recevoir pourtant les "inquiétudes" de certains acteurs économiques du territoire face "à des gens qui n'y connaissent rien". Mais il défend cette "nouvelle génération de fonctionnement des entreprises." Tout en mettant en garde la nouvelle équipe municipale "qui veut tout mettre à plat". "On a pas le temps. Il faut relancer la machine, pour moi c'est essentiel, là dessus je ne lâcherai pas", conclut Patrick Seguin.

Dates :

  • 1990 : il naît le 21 septembre à Bègles
  • 2015 : il obtient son master 2 sciences politiques, droit public et développement économique à l'Université Paris X Nanterre et devient collaborateur de la députée  Fanélie Carrey-Conte jusqu'en 2016
  • 2017 : il adhère au parti Génération·s
  • 2019 : il s'engage auprès de Pierre Hurmic en vue l'élection municipale. Il figure en 17e position sur la liste
  • 2020 : il est élu et nommé 2e adjoint au maire de Bordeaux en charge de l'emploi, de l'ESS et des formes économiques innovantes.

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Commentaires 2
à écrit le 29/09/2020 à 8:53
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Un homme qui semble être honnête et volontaire, courage à lui car les vieux pourris politiciens doivent forcément guetter pour pouvoir revenir au pouvoir et n'y rien faire. Si les politiciens se mettent à agir maintenant, où allons nous !?

le 28/01/2021 à 13:07
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Tout à fait d'accord !!! Bordeaux n'a pas bougé ces 15 - 20 dernières années, le temps du changement est arrivé. D'ailleurs les méchants de droite (sans doute des francsmac et des pourris du complot mondial) qui ont gouverné cette ville avant le gent...

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