Technologies de l'éducation : Poitiers se rêve capitale d'un secteur en difficulté

La révolution numérique traverse aussi les métiers de l'enseignement et Poitiers s'y prépare avec l'ouverture d'un campus dédié pour 2024-2025. Le territoire qui accueille déjà les têtes de réseau de l’Éducation Nationale veut favoriser et rendre accessible l'innovation éducative, dans un domaine où les startups peinent à grossir.
Maxime Giraudeau
La Boule, emblème du Futuroscope, va accueillir un lieu de découverte des nouvelles technologies éducatives.
La "Boule", emblème du Futuroscope, va accueillir un lieu de découverte des nouvelles technologies éducatives. (Crédits : Futuroscope)

Poitiers capitale des nouvelles technologies de l'éducation ? Il faut encore se projeter, mais c'est un peu le rêve poursuivi au nord de la Nouvelle-Aquitaine. Si deux tiers de l'écosystème EdTech français se concentre en région parisienne, le territoire poitevin veut aussi participer à faire briller l'innovation numérique dans l'enseignement.

« Au-delà de Poitiers, c'est même la Nouvelle-Aquitaine avec ses trois académies qui se positionne comme pôle d'excellence sur les environnements immersifs d'apprentissage. Nous explorons principalement les technologies de réalité augmentée et virtuelle, la vidéo 360° ou la simulation numérique », détaille Régis Bichard, directeur opérationnel du campus des métiers et des qualifications (CMQ).

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La rentrée 2024 verra le lancement de cette composante régionale dédiée au numérique pour la formation professionnelle. L'initiative va se décliner en deux grands lieux. Le lycée pilote innovant international de Jaunay-Marigny tout d'abord va proposer des formation du CAP au BTS intégrant des environnements numériques de travail dédiés à quatre filières (maintenance industrielle, pilotage de lignes de production, énergie et bâtiment connecté, autonomie des personnes âgées). Les premiers parcours seront proposés dès septembre.

Ouvrir le marché

Puis, en 2025, le parc du Futuroscope inaugurera sa vitrine du numérique éducatif avec l'ouverture du pavillon I2 School. Situé sous l'iconique boule du parc d'attraction, ce nouveau lieu proposera des outils interactifs sur la citoyenneté, la robotique ou la découverte des métiers. I2 School ambitionne d'accueillir chaque année 2.000 professeurs pour des formations courtes et jusqu'à 150.000 élèves dans le cadre de visites scolaires.

Au total, le CMQ représente un budget de 15 millions d'euros, dont 10 millions d'euros abondés par le plan France 2030. Avec ses nouvelles structures, il vient renforcer une filière éducative déjà bien représentée sur le territoire poitevin, avec les sièges du Cned, du Réseau Canopé et de l'IH2EF (Institut des hautes études de l'éducation et de la formation).

Côté entreprises, l'antenne de la French Tech Poitou-Charentes va quant à elle lancer au printemps une troisième saison d'accompagnement d'une dizaine de startups EdTech. Le but : les aider à la structuration, à la définition du business plan et leur permettre d'expérimenter leurs technologies dans les lieux d'enseignement de la région. Un vrai coup d'accélérateur alors que le marché de l'éducation est très réglementé.

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Les entreprises en restructuration

« Beaucoup de boîtes partent à l'international car elles ont du mal à pénétrer le marché en France », observe Benjamin Gréault, chef de projet EdTech pour la French Tech Poitou-Charentes. Le secteur peine aussi à se développer à cause d'un manque de structuration. « L'écosystème EdTech en France, c'est une forêt de bonzaïs : le marché n'est pas très gros et sa pénétration n'est pas facile. Passer d'un coup à l'échelle pour équiper tous les lycées est compliqué pour des boîtes de cinq personnes. »

Des difficultés qui s'illustrent par la réduction des effectifs menée chez Open Classrooms (formations en ligne) au printemps dernier, la reprise de Marbotic (jouets en bois connectés) ou encore la liquidation en novembre dernier de la société Iteca, qui travaillait sur la modélisation virtuelle des procédés industriels depuis Angoulême. Début février, la liquidation de l'Immersive Learning Lab, laboratoire de l'apprentissage immersif basé à Paris, a également été prononcée. Malgré une conjoncture difficile, le secteur est porté par les fleurons DigiSchool (soutien scolaire en ligne), 360Learning (formation professionnelle) ou Kartable (cours numériques).

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Faire monter l'écosystème régional

« On a souvent des petites startups qui ont du mal et grandir. Quand elles essayent elles prennent des risques financiers très importants, note Régis Bichard. C'est un secteur encore fragile et qui est en train de se réorganiser, je vois qu'un certain nombre d'acteurs disparaissent et d'autres grossissent. »

En Nouvelle-Aquitaine, la French Tech recense 120 entreprises qui gravitent autour de l'EdTech et qu'elle veut aider à monter en puissance. Quand l'association de la filière, EdTech France, ne compte qu'une vingtaine d'adhérents dans la région. Mais grâce à ses futurs lieux et formations innovantes, l'écosystème va disposer de l'environnement physique adéquat pour enfin mieux appréhender le marché.

Maxime Giraudeau

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