
Nom de code : Coder's Delight. La toute première édition de l'événement dédié aux développeurs et développeuses web organisé par le SPN se tiendra ces 17 et 18 novembre à Poitiers. L'occasion pour l'association qui fédère l'écosystème numérique en Poitou-Charentes de mettre en lumière les nombreux enjeux autour de cette profession, la plus recherchée par les entreprises néo-aquitaines dans la catégorie des cadres, mais qui connaît une pénurie de talents. Et surtout, d'alerter sur les besoins d'un territoire qui peine à s'affirmer face aux métropoles.
« Il y a pas mal d'entreprises locales qui ont perdu des développeurs car une boîte aux États-Unis leur proposait de tripler le salaire pour être totalement en télétravail », observe Anne-Céline Henault, directrice de projets du SPN. « On a une problématique d'attractivité du territoire, même si on a des formations intéressantes et des entreprises qui parient sur l'avenir en prenant des apprentis. Mais elles n'arrivent pas à les garder. » Un déficit qui s'observe à l'échelle régionale : selon l'Apec, les développeurs représentent seulement 11 % de l'emploi des cadres en Nouvelle-Aquitaine contre 16 % au national. Les femmes, sous-représentées, ne sont que 30 %.
L'effet de la chute des startups
Il y a trois ans, l'apparition de la crise Covid avait marqué une véritable explosion de la demande dans le domaine du développement web, entraînant une hausse inédite des salaires et de la compétition entre marques pour attirer les meilleures compétences. Dans cette effervescence, les développeurs, notamment tous ceux qui sont devenus freelance, sont devenus les maîtres d'un marché de l'emploi sous haute tension, y dictant leurs propres règles. Royal. Mais à l'image des difficultés de financement et du retour à la réalité vécu par les startups, le temps béni semble maintenant à son crépuscule.
Des stars sur l'événement
D'autant que le salaire ne fait pas tout quand c'est la fidélisation qui prime car les employeurs cherchent pour beaucoup à porter un projet numérique sur le long terme. La flambée des coûts salariaux a également pu créer des tensions face aux écarts de rémunération au sein d'une équipe. « Les cartes étaient dans les mains de tous les développeurs, y compris dans celles des moins bons, mais la situation s'est stabilisée. Les développeurs compétents, qui sont capables d'intégrer une équipe sur le long terme, sont des profils rares car ils sont sollicités en permanence », signale Jacques Froissant, chasseur de tête dans le secteur numérique et dirigeant d'Altaïde.
Une rationalisation émergente sur un marché global encore largement tendu. En Poitou-Charentes, le secteur des assurances et des mutuelles est particulièrement demandeur parmi les entreprises qui utilisent des services numériques.
Recul de l'offre d'emploi En Nouvelle-Aquitaine, on compte plus de 27.000 entreprises du numérique pour environ 50.000 salariés. 10 % se trouvent dans la Vienne alors que la région bordelaise en concentre 55 %. Une recherche sur le site de recrutement Hello Work donne un aperçu grossi de la demande : plusieurs centaines de postes de développeurs sont à pourvoir autour de Poitiers, et même plus de 2.000 autour de Bordeaux. Pourtant, l'offre d'emploi dans le numérique est bien en recul de -36 % dans la région entre le 1er janvier et le 1er septembre 2023 selon la Grande école du numérique. Tel un retour au niveau d'avant Covid, même si la pénurie demeure. Les salaires quant à eux varient de 30.000 pour un jeune diplômé à 50.000 euros annuels en moyenne pour un profil plus expérimenté.
Des acteurs qui pourront échanger avec les développeurs présent en cette fin de semaine au Palais des Ducs d'Aquitaine de Poitiers. Sur la première journée, 16 conférences courtes sont au programme pour aborder notamment les questions de cybersécurité, l'IA ou l'IoT. Avec la présence de stars du domaine comme le CTO d'Open Classroom, Romain Kuzniak, et le fondateur d'Opquast, Elie Sloïm. La moitié des intervenants seront des professionnels locaux. La seconde journée est tournée vers le grand public avec des ateliers, challenges et des initiations au code. Le SPN espère réunir plus de 600 personnes pour ce galop d'essai.
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