CES 2019 : journée d’échauffement pour la délégation de Nouvelle-Aquitaine à Las Vegas

Le CES de Las Vegas 2019 ouvre ses portes ce mardi 8 janvier. Le plus grand salon mondial des nouvelles technologies, réservé aux professionnels, devrait attirer 200.000 visiteurs sur quatre jours. La Région Nouvelle-Aquitaine y conduit une délégation de 28 startups dont plusieurs exposantes. A la veille de l’ouverture officielle du CES, tout fait penser à une veillée d’armes. Reportage entre montage des stands et rodéo pitch sur un taureau mécanique.
Les Consumer electronic show devrait accueillir 200.000 visiteurs, dont 7.000 journalistes, du 8 au 11 janvier 2019.
Les Consumer electronic show devrait accueillir 200.000 visiteurs, dont 7.000 journalistes, du 8 au 11 janvier 2019. (Crédits : Mikaël Lozano / La Tribune)

Dimanche était encore relativement calme, dans la mesure où l'on peut considérer que Las Vegas, reine des casinos, « sin city » (ville du pêché) de son état, puisse être accolée à ce qualificatif. Lundi, tout s'est accéléré. Les différents hôtels - qui sont aussi des centres commerciaux, des casinos... - autour du Strip, le boulevard qui couture la ville, ont commencé à fourmiller. L'heure est au montage des stands pour les startups qui exposent et au calage des rendez-vous pour les autres.

Rassemblées sous la bannière French Tech

La délégation de Nouvelle-Aquitaine n'échappe pas à cette tâche. 28 startups ont été retenues pour cette opération menée par le Conseil régional pour la 3e année consécutive. 14 sont exposantes, les autres étant visiteuses et viennent prendre la température du marché. La collectivité a adopté un positionnement stratégique différent cette année.

« Nous avons écouté les remarques des entreprises des délégations lors des précédentes éditions, explique Bernard Uthurry, vice-président de la Région en charge du Développement économique, notamment le sentiment d'éparpillement et de village gaulois que pouvait donner le fait que chaque Région ait son propre stand réunissant les startups de son territoire. Cette année, la plupart des startups sont regroupées sous la bannière de la Région dans l'espace French Tech porté par Business France à l'Eureka Park. Seules de rares Régions ont fait le choix de faire bande à part. »

C'est probablement le sens de l'histoire : à terme, regrouper les startups par thématiques. « On a bien compris que le jardin des startups, c'est le monde, poursuit Bernard Uthurry. La priorité de la Région n'est donc pas de faire du marketing territorial mais de les aider à émerger, à se rendre plus visibles et performantes à l'international. Les autres Régions sont dans la même dynamique pour la plupart, dans l'échange de bonnes pratiques également. »

Un investissement public de 360.000 €

Ce positionnement se traduit de plusieurs manières. « Notre rôle est de mettre les startups dans les meilleures conditions possibles, poursuit Bernard Uthurry. Pour la Région, le CES représente un investissement de 360.000 €. On ne finance ni le déplacement, ni l'hébergement, on n'est pas là pour ça, mais bien dans leurs stands, dans une meeting room, un espace de rencontres où elles peuvent rencontrer leurs prospects et la presse, et dans la préparation amont du salon. » Chaque startup présente a ainsi bénéficié de séquences collectives sur 3 jours et individuelles, dispensées par le Conseil régional avec l'appui de CCI International. Par ailleurs, un dispositif de communication baptisé #TeamNAqui a été mis en place avec visibilité sur les réseaux sociaux grâce à un community management sur deux fuseaux horaires, site web dédié so-start-up.fr, publication d'articles avant, pendant et après, moyens de production vidéo...

Concernant la délégation elle-même, « les critères ont évolué, reprend Bernard Uthurry. L'innovation, son originalité, le degré de maturité de la startup, la fiabilité de ses ressources humaines et financières, la capacité à se rendre visible à l'international, à pitcher en anglais, à venir à plusieurs, la possibilité d'avoir quelque chose à montrer sur leur stand et déclencher le fameux « effet whaoo » chez les visiteurs, ont été évalués. » Historiquement, le CES est un salon BtoC, d'où son nom de Consumer Electronic Show. Mais progressivement, il s'est ouvert au BtoB ces dernières années : cet aspect n'a donc pas été pris en compte. La France est aujourd'hui la 2e nation étrangère exposante, derrière la Chine. Curiosité, nombre de startups y font des affaires avec... d'autres sociétés françaises. Il y est paradoxalement plus facile d'y rencontrer des interlocuteurs à un niveau de décision que l'on atteint plus difficilement en France.

Pour ce premier jour d'échauffement avant l'ouverture du salon, les startups de Nouvelle-Aquitaine ont donc essentiellement géré les aspects logistiques. « On est allé acheter des meubles chez Ikea et une télévision pour le stand », témoigne Antoine Bezborodko d'Holoforge Interactive, la division dédiée aux applications en réalité augmentée de l'éditeur de jeux vidéo bordelais Asobo Studio. « Le cas d'usage que l'on présentera sur le salon porte sur le montage de meubles. » Grâce au casque de réalité augmentée Hololens de Microsoft, l'utilisateur peut se passer des notices souvent cryptiques car il voit les indications apparaître au fur et à mesure devant ses yeux, un intervenant peut l'aider à distance en cas de difficulté rencontrée en passant par la caméra embarquée dans la lunette...

Pitcher sur un taureau mécanique

Holoforge, mais aussi Facil'Iti, Meshroom VR et Hu&Co, se sont frottées dans l'après-midi à l'exercice du pitch (présentation courte de l'entreprise, de son produit et de sa valeur ajoutée) sur... le taureau mécanique d'un bar typique du Nevada. Plus le temps passait et plus l'exercice se corsait, l'engin prenant de la vigueur...

Patron de Facil'Iti, Frédéric Sudraud s'est aussi prêté à l'exercice du rodéo. Il s'agit pour lui de sa 4e année de présence au CES. Facil'Iti développe une solution qui facilite l'accès aux sites web des personnes en situation de handicap (dyslexie, troubles visuels, difficultés motrices...).

« L'an passé, on a engrangé beaucoup de contacts et signé ensuite pour 900.000 dollars de devis. Mais la réorientation décrétée de l'administration Trump a forcé les deux collectivités avec qui nous avions signé à abandonner. Ce qui nous a poussé à réorienter notre stratégie vers les grosses entreprises privées. Nous venons cette année pour les toucher. »

Lire aussi : Accessibilité numérique : Facil'iti, la startup de Limoges qui séduit les Etats-Unis

La respiration du taureau mécanique, amusante, était bienvenue avant de plonger dans le boucan ambiant de la ville qui ne dort jamais et de son salon géant. Posée au milieu de nulle part, Las Vegas est une ville à part. Hôtels kitchs, reconstitution de la tour Eiffel, spectacles de jets d'eaux, canaux de Venise et gondoles sillonnant une place italienne reconstituée au Venetian Hotel sous une immense voûte en trompe-l'œil, commerçants offensifs, écrans digitaux dans tous les coins... et bien sûr les fameux casinos, partout. A n'importe quelle heure du jour et de la nuit, on y croise des clients de toutes sortes, parfois venus leur chien sous le bras. A 7 heures le matin, certains sont déjà rivés à leur machine à sous, sans que l'on sache bien s'ils y ont passé la nuit ou s'ils viennent arriver... Las Vegas dans toute sa démesure.

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Le CES 2019 en chiffres :

  • 4  jours de salon du 8 au 11 janvier 2019
  • 3.600 entreprises exposantes
  • 200.000 visiteurs dont 7.000 journalistes
  • 20.000 nouveaux produits présentés

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