Télécoms : ce méga-câble transatlantique doit faire de Bordeaux une ville branchée

Arrivé sur le littoral de Gironde en 2021, le câble Amitié est désormais raccordé au datacenter d'Equinix à Bruges près de Bordeaux. Porté par Orange et des géants du numérique, il absorbera la forte croissance des échanges numériques transatlantiques et dynamisera l'attractivité de la région bordelaise où Equinix prévoit déjà un deuxième centre de données.
Le datacenter BX1 d'Equinix, situé à Bruges, près de Bordeaux, est le point d'arrivée du câble transatlantique Amitié.
Le datacenter BX1 d'Equinix, situé à Bruges, près de Bordeaux, est le point d'arrivée du câble transatlantique Amitié. (Crédits : Equinix)

C'est un véritable géant des mers qui vient de s'arrimer pour de bon à Bruges, au nord de Bordeaux. Il ne s'agit pas d'un navire marchand mais d'un câble transatlantique sous-marin convoyant nos indispensables données numériques. Ou plutôt d'un méga-câble au regard de ses mensurations : 6.800 kilomètres de long entre Boston et Bordeaux, 16 paires de fibre optique et une capacité maximale de 400 térabits par seconde ! À l'issue de cinq ans de chantier et après avoir atteint les plages girondines en 2021, le raccordement a eu lieu en octobre dernier dans le data center d'Equinix, à Bruges, point d'arrivée final sur le continent européen. La société américaine est un poids lourd mondial avec 250 centres de données aux quatre coins du globe et 7,3 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2022 (+9,5 % sur un an).

Amitié

Le câble Amitié assure une connexion entre Lynn (non loin de Boston), aux États-Unis, et Bruges, via Le Porge, près de Bordeaux, en France, et Bude, au Royaume-Uni.

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Une infrastructure clé

Baptisé Amitié et déployé par Alcatel submarine networks (ASN), ce câble transatlantique est le fruit d'un consortium constitué de Meta, Microsoft, Google, Orange et Vodafone et est déployé en parallèle de Dunant, une autre autoroute sous-marine de fibre optique entre les États-Unis et la Vendée.

« 99 % de nos données numériques passent par ce type d'infrastructures et la liaison transatlantique est de loin la plus fréquentée avec des besoins multipliés par 100 en vingt ans. Amitié, qui est le câble le plus puissant jamais construit, nous met à niveau pour les dix ans qui viennent », pose Aurélien Vigano, le directeur des infrastructures internationales chez Orange.

La capacité de ce câble de dernière génération positionne donc Bordeaux sur la carte mondiale des échanges numériques, au même titre que Marseille qui, avec seize câbles raccordés, est la 7e ville mondiale sur le plan du trafic internet. Désormais un échange de données entre Bordeaux et Boston prendra moins de 30 millisecondes tandis qu'entre les data centers d'Equinix à Bordeaux et en région parisienne, il faut compter à peine dix millisecondes.

« Un cercle vertueux pour l'écosystème »

De quoi fluidifier et fiabiliser les échanges transatlantiques mais aussi booster l'écosystème numérique bordelais même s'il ne s'agit pas tant, dans l'immédiat, de connexion plus rapide ou de nouveaux usages que d'attirer des acteurs du numérique à Bordeaux.

« Mis en service en 2021, les trois modules de 500 KW du centre de données BX1 affichent complet depuis un an », assure Régis Castagné, le directeur général d'Equinix en France : « En plus d'Orange et des membres du consortium, une douzaine d'opérateurs télécoms qui n'étaient pas présents en Nouvelle-Aquitaine sont venus s'y installer ce qui a attiré des entreprises, petites et grandes, qui utilisent leurs solutions cloud. Et la présence de ces clients attire en retour d'autres opérateurs du numérique, c'est un cercle vertueux pour l'écosystème ! »

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« C'est une infrastructure enthousiasmante pour l'économie bordelaise alors que beaucoup d'entreprises cherchent à consommer des produits et services locaux pour des questions de souveraineté et de responsabilité environnementale », salue Xavier Datin, PDG de la société d'imagerie d'i2S et représentant du Medef.

Un deuxième centre plus grand dans les tuyaux

Cinq nouveaux modules de 500 KW doivent être mis en service d'ici septembre 2023 pour une capacité total de 4 MW. Soit un investissement de 50 millions d'euros, douze emplois directs et une quarantaine d'indirects. Mais Equinix n'entend pas s'arrêter là puisqu'un deuxième data center de plus grande envergure, baptisé BX2, devrait voir le jour à Bruges dans les prochaines années entre le camping international et le parc des expositions. « Nous avons convenu de réutiliser la chaleur fatale de BX2 pour chauffer le futur centre aqua-ludique qui sera construit juste à côté », fait valoir Brigitte Terraza, la maire de Bruges, qui se félicite de voir « Bordeaux devenir une porte d'entrée de la connectivité numérique mondiale ». Le permis de construire devrait être signé dans les prochains jours.

Pour le centre de données BX1, cette réutilisation de la chaleur fatale n'a pas été mise en place compte tenu de son implantation au milieu d'une zone logistique. « Mais le data center est alimenté par de l'électricité certifiée d'origine renouvelable et fait preuve d'une très bonne capacité énergétique (1) », soutient Régis Castagné.

(1) Equinix indique que BX1 affiche un PUE (power usage effectiveness, indice d'efficacité énergétique) de 1,2 contre 1,5 à 1,7 en moyenne aujourd'hui et autour de 2,5 il y a dix ans.

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